1
s jésuites (9 février 1924)a M. de Montherlant
est
considéré par plusieurs comme l’un des héritiers de Barrès. Le rappro
2
me l’un des héritiers de Barrès. Le rapprochement
est
peut-être prématuré, tout au plus peut-on dire qu’à l’heure présente
3
cherche de la vérité. Dès son premier livre, il s’
est
montré tout entier, il a bravement affirmé son unité. Car le temps n’
4
il a bravement affirmé son unité. Car le temps n’
est
plus, où les jeunes gens se faisaient, avec sérieux, des âmes excepti
5
ssance à la doctrine de M. de Montherlant, qui en
est
sortie toute formée et casquée pour la lutte de l’après-guerre. ⁂ Deu
6
umanitarisme, le bolchévisme. L’autre philosophie
est
celle de l’antique Rome, qui a inspiré le catholicisme, la Renaissanc
7
ordre, pour M. de Montherlant comme pour Maurras,
est
ce qu’il importe de sauvegarder, avant tout autre principe. Jusqu’ici
8
l dans cette conception simpliste du monde, qui n’
est
en rien différente de celle de l’Action française ; remarquons toutef
9
atholicisme et du christianisme, le christianisme
étant
dans le même camp que la Réforme. M. de Montherlant n’est décidément
10
le même camp que la Réforme. M. de Montherlant n’
est
décidément pas philosophe. Peut-être ne lui a-t-il manqué pour le dev
11
. Dans sa hâte salvatrice, M. de Montherlant ne s’
est
même pas demandé si ces deux contrepoisons pouvaient être administrés
12
e pas demandé si ces deux contrepoisons pouvaient
être
administrés ensemble. L’opération faite, il a pourtant fallu la justi
13
il a pourtant fallu la justifier, ce qui n’a pas
été
sans quelques tours de passe-passe de logique, admirablement masqués
14
Paradis à l’ombre des épées 1, son dernier livre,
est
consacrée à « fondre dans une unité supérieure » l’antinomie de l’esp
15
ble d’autant plus paradoxal que M. de Montherlant
est
justement un des premiers Français qui ait compris que le but du spor
16
rs Français qui ait compris que le but du sport n’
est
pas la performance, mais le style et la méthode, c’est-à-dire la form
17
la partie doctrinaire de cette œuvre, elle ne lui
est
pas indispensable : « Ces simplifications valent ce que valent toutes
18
ées générales, et j’avoue bien volontiers qu’il n’
est
pas une opinion sur le monde à laquelle je ne préfère le monde ». Je
19
ces corps de l’entre-deux-guerres, … cinq sur dix
sont
désignés… ». Voici passer un coureur : « À peine a-t-il touché la pis
20
re et ciel. Mais sa foulée, bondissante et posée,
est
pleine du désir de l’air. Danse-t-il sur une musique que je n’entends
21
c’est la domination de la raison sur ce corps qui
est
exaltante, et c’est cette domination qui est le but véritable du spor
22
qui est exaltante, et c’est cette domination qui
est
le but véritable du sport. On accepte une règle ; on l’assimile, à te
23
une règle ; on l’assimile, à tel point qu’elle n’
est
plus une entrave à la violence animale déchaînée dans le corps du jou
24
siode et qui gouverna le monde ancien : La moitié
est
plus grande que le tout ». Le sport comme un apprentissage de la vie
25
ique tressé dans vos couronnes de laurier. Vous n’
êtes
pas couronnés d’olivier. La main connaît la main dans la prise du tém
26
pas en vain. Le chef se dresse entre les dix qui
sont
à lui. Il dit : « Je ne demande pas qu’on m’aime. Je demande qu’on me
27
ne demande pas qu’on m’aime. Je demande qu’on me
soit
dévoué. » Ils disent : « Tu es notre capitaine. » Ces choses ne sont
28
demande qu’on me soit dévoué. » Ils disent : « Tu
es
notre capitaine. » Ces choses ne sont pas dites en vain. Stades que p
29
disent : « Tu es notre capitaine. » Ces choses ne
sont
pas dites en vain. Stades que parcourent de jeunes et purs courages,
30
insi compris, plus que l’apprentissage de la vie,
est
l’apprentissage de la guerre, dira-t-on. M. de Montherlant répondra :
31
. de Montherlant répondra : non, car la faiblesse
est
le péché capital pour le sportif. Or c’est la faiblesse « qui fait le
32
lesse « qui fait lever la haine ». « La faiblesse
est
mère du combat. » C’est donc à un lacédémonisme renouvelé que nous co
33
constructive » : porter l’effort sur ce qui doit
être
, et ce qui ne doit pas être tombera de soi-même. Ainsi l’athlète à l’
34
ffort sur ce qui doit être, et ce qui ne doit pas
être
tombera de soi-même. Ainsi l’athlète à l’entraînement ne s’épuise-t-i
35
ompte à distance de la contradiction sur laquelle
est
bâtie son œuvre. L’intéressant sera de voir ce qu’il sacrifiera, de l
36
n sur laquelle est bâtie son œuvre. L’intéressant
sera
de voir ce qu’il sacrifiera, de la morale sportive ou de la morale jé
37
rales » ne vaillent rien2 ; sa morale virile nous
est
néanmoins plus proche que la sensualité vaguement chrétienne de tel a
38
point de départ. Mais leurs recherches n’ont pas
été
vaines. Ils en reviennent chargés de chefs-d’œuvre, et plus conscient
39
u peintre. Souhaitons d’entendre encore M. Meili.
Est
-il besoin de souligner l’importance de telles prises de contact entre
40
blement lucide, ce regard en arrière. Montherlant
est
dur pour ses erreurs plus encore que pour celles de l’adversaire, ce
41
us encore que pour celles de l’adversaire, ce qui
est
beaucoup dire. Il y avait dans le Paradis je ne sais quel relent de b
42
barie, un assez malsain goût du sang. Tout cela s’
est
purifié dans le Chant funèbre. Et une phrase telle que « … Nous somme
43
e Chant funèbre. Et une phrase telle que « … Nous
sommes
sûrs de ne pas nous tromper en nous inquiétant de faire, à notre plac
44
nt de faire, à notre place modeste, si peu que ce
soit
pour la paix », c’est une affirmation qui d’un coup condamne beaucoup
45
résignent, puis tablent sur eux, et d’autres qui
tiennent
qu’une telle attitude est responsable de ces carnages ». Naguère il é
46
x, et d’autres qui tiennent qu’une telle attitude
est
responsable de ces carnages ». Naguère il était des premiers ; il s’a
47
ude est responsable de ces carnages ». Naguère il
était
des premiers ; il s’affirme aujourd’hui des seconds. C’est pour avoir
48
t ces grandeurs pour n’en pas trop descendre ». N’
est
-ce pas une éclatante mise au point ? Et venant de l’auteur du Songe,
49
ore transparaît un doute, parfois : « On craint d’
être
injuste en décidant si… cette absence de haine ; cette épouvante, dev
50
des vertus guerrières. « Il faut que la paix, ce
soit
vivre. » Par tout un livre libéré de souvenirs héroïques, peut-être t
51
le souvenir de l’aventure antique, et dans ce qui
fut
Rome ou la Grèce, revivre sa tradition. Toute son œuvre pourrait se d
52
Périlleuse carrière de la grandeur où Montherlant
est
entré de plain-pied, en même temps que dans la guerre. Que de sacrifi
53
» à la Chateaubriand, voire à la Barrès, dont il
est
capable et qu’il lui faudra livrer au « feu de vérité » qui brûle dan
54
sychique pur par lequel on se propose d’exprimer,
soit
verbalement, soit par écrit, soit de toute autre manière, le fonction
55
equel on se propose d’exprimer, soit verbalement,
soit
par écrit, soit de toute autre manière, le fonctionnement réel de la
56
ose d’exprimer, soit verbalement, soit par écrit,
soit
de toute autre manière, le fonctionnement réel de la pensée. Dictée d
57
sthétique ou morale. » (p. 42). Le surréalisme ne
serait
-il donc qu’une sorte de méthode des textes généralisée ? Point du tou
58
tes généralisée ? Point du tout ! Il paraît qu’il
est
la seule attitude littéraire aujourd’hui concevable. Mais par quelles
59
ittérature fondée sur de tels principes ? Le Rêve
est
la seule matière poétique. Dans le monde du Rêve autant de cellules i
60
de cellules isolées que de rêveurs. Toute poésie
est
incommunicable, le poète étant un simple sténographe de ses rêves. So
61
êveurs. Toute poésie est incommunicable, le poète
étant
un simple sténographe de ses rêves. Soit. De ces faits, je tire cette
62
e poète étant un simple sténographe de ses rêves.
Soit
. De ces faits, je tire cette conclusion pratique : inutile de publier
63
ecettes pour faire un poème » cette mystification
est
dans la logique de ses principes, mais je lui conteste le droit de fa
64
de la poésie pure. Les beautés que j’y vois ne me
seraient
-elles perceptibles que par le fait d’une fortuite coïncidence entre l
65
ds trop de choses dans ces poèmes qui devraient m’
être
parfaitement impénétrables. Je crois même voir que M. Breton serait u
66
t impénétrables. Je crois même voir que M. Breton
serait
un très curieux poète s’il ne s’efforçait de donner raison aux 75 pag
67
s où il voulut nous persuader que tout poème doit
être
une dictée non corrigée du Rêve. Je reconnais à chaque ligne de Poiss
68
sonnements. Plaisante ironie, si cette attitude n’
était
qu’une protestation contre nos poncifs intellectuels. Mais elle risqu
69
riaux de démolition abandonnés par Dada S.A. Ce n’
est
pas ainsi que nous sortirons d’une anarchie dont les causes semblent
70
de la collection des « Maîtres de l’art moderne »
est
au moins le cinquième ouvrage publié en France sur Van Gogh, depuis 1
71
ntient pourtant des vues assez neuves. M. Colin s’
est
contenté de narrer les faits de la vie de Vincent, mais d’une telle m
72
s critiques s’en dégagent avec évidence. Van Gogh
fut
une proie du génie. L’homme tel que nous le peint Paul Colin, est peu
73
génie. L’homme tel que nous le peint Paul Colin,
est
peu intéressant. On en a connu bien d’autres de ces jeunes gens préte
74
le, c’est que le plus sauvage génie ait choisi un
être
de cette espèce pour le tourmenter et le transfigurer. Vincent s’en e
75
ême : « Il y a quelque chose au-dedans de moi. Qu’
est
-ce que c’est donc ? » Ses premiers dessins sont de gauches copies de
76
Qu’est-ce que c’est donc ? » Ses premiers dessins
sont
de gauches copies de Millet. Mais son manque de talent ne le rebute p
77
vel. Car si la liquidation des questions traitées
est
rapide, elle est complète aussi. On s’étonne de ce que Fabre, discipl
78
quidation des questions traitées est rapide, elle
est
complète aussi. On s’étonne de ce que Fabre, disciple de Valéry, puis
79
s si bouillonnants, si mal équarris. Certes, ce n’
est
pas lui qui se refuserait à écrire — comme le fait son maître : « La
80
quise sortit à cinq heures ». Une telle platitude
est
presque indispensable, mais il s’en permet d’autres qui le sont moins
81
ndispensable, mais il s’en permet d’autres qui le
sont
moins. On n’écrit pas un roman en trois volumes sans y laisser des ma
82
nde pas non plus au puissant boxeur sur le ring d’
être
bien peigné. Rabevel, c’était un portrait balzacien du brasseur d’af
83
e rustique de France ». En effet — le phénomène n’
est
pas particulier à la France — les paysans sont en train de redevenir
84
e n’est pas particulier à la France — les paysans
sont
en train de redevenir serfs, serfs des syndicats et des capitalistes
85
’y manque-t-il ? Un style ? L’absence de style, n’
est
-ce pas le meilleur style pour un romancier ? C’est plutôt, je crois,
86
t et le ton, surtout dans la première partie, qui
est
confuse. Non pas que le roman soit mal construit, au contraire. Mais
87
ère partie, qui est confuse. Non pas que le roman
soit
mal construit, au contraire. Mais le tissu des faits se relâche parfo
88
f-d’œuvre d’ailleurs, il reste que le Tarramagnou
est
un livre émouvant, d’une saine puissance. Il reste que Lucien Fabre a
89
cuments. La littérature de ces dernières années n’
est
qu’une forme de reportage international. L’Europe menant cette immens
90
t qu’on en parle, la vraie « question asiatique »
étant
une question politique. On peut prévoir que si le bouddhisme jouit un
91
es pour s’y retremper. Les appels de l’Orient, ce
sont
les Keyserling, les Guénon, qui les font entendre, autant et plus que
92
Schlumberger le définit encore : « … tout ce qui
est
opposé à l’esprit occidental, tout ce qui peut servir d’antidote à sa
93
on qui n’a de sens que par rapport à l’Europe. Il
serait
vain de tenter un classement parmi les réponses d’une extraordinaire
94
— qui composent ce gros volume. Les points de vue
sont
si différents, si différentes même les conclusions tirées de points d
95
ment que la question ne se pose pas, puisque nous
sommes
chrétiens. (Mais le christianisme, religion missionnaire, ne peut nou
96
conclusions ou interrogations, ont le défaut de n’
être
pas suffisamment motivées par des faits et des documents. Pour beauco
97
faits et des documents. Pour beaucoup, l’Orient n’
est
qu’un prétexte à variations sur le thème favori. M. Massis, par exemp
98
es autres entendent vaguement par Orient : l’Asie
est
le subconscient du monde, formule qui, je pense, réunira tous les suf
99
e de solitude (septembre 1925)f « Dès que nous
sommes
seuls, nous sommes des fous. Oui, le contrôle de nous-mêmes ne joue q
100
embre 1925)f « Dès que nous sommes seuls, nous
sommes
des fous. Oui, le contrôle de nous-mêmes ne joue que soutenu par le c
101
sant raccourci psychologique. « Tout homme normal
est
fait de plusieurs fous qui s’annulent », écrit-il. Ce fou qui veut êt
102
fous qui s’annulent », écrit-il. Ce fou qui veut
être
soi purement, qui veut éliminer de soi tout ce qui est déterminé par
103
oi purement, qui veut éliminer de soi tout ce qui
est
déterminé par l’extérieur, — ce fou que nous portons tous en nous, —
104
ement dans sa recherche d’un absolu qui se trouve
être
le néant. Pour finir il « l’écrabouille ». L’expérience est terminée.
105
nt. Pour finir il « l’écrabouille ». L’expérience
est
terminée. Artificielle comme toute expérience, elle n’en est pas moin
106
e. Artificielle comme toute expérience, elle n’en
est
pas moins probante. Une œuvre d’art que ce petit livre ? C’est avant
107
Almanach Fischer donnent une juste idée de ce que
fut
la littérature d’avant-garde entre 1900 et 1910. Depuis, la maison pa
108
de entre 1900 et 1910. Depuis, la maison paraît s’
être
un peu embourgeoisée… Disons plutôt que voici venu le temps de la moi
109
personnages discutent certes, mais leurs actions
sont
les meilleurs arguments. Et peu à peu surgissent d’une accumulation d
110
n prologue (septembre 1925)j M. Valéry Larbaud
est
vraiment un étonnant esprit. Pour présenter au public français cette
111
gement, humour léger, notation suggestive, telles
sont
les vertus de sa critique. Ce n’est que dans sa discrétion à louer un
112
tive, telles sont les vertus de sa critique. Ce n’
est
que dans sa discrétion à louer une grande œuvre qu’on trouvera la mes
113
nalité. Leur Prologue pourrait presque aussi bien
être
celui d’une pièce de Pirandello. N’annonce-t-il pas que les personnag
114
-il pas que les personnages des trois nouvelles «
sont
réels, très réels, de la réalité la plus intime, de celle qu’ils se d
115
ils se donnent eux-mêmes dans leur pure volonté d’
être
ou de ne pas être… ». Mais les héros de Pirandello, s’ils veulent êtr
116
-mêmes dans leur pure volonté d’être ou de ne pas
être
… ». Mais les héros de Pirandello, s’ils veulent être, subissent, une
117
e… ». Mais les héros de Pirandello, s’ils veulent
être
, subissent, une fois qu’ils sont, le grand malentendu de la personnal
118
o, s’ils veulent être, subissent, une fois qu’ils
sont
, le grand malentendu de la personnalité. Tandis que chez Unamuno une
119
es affole. Les plus beaux types créés par Unamuno
sont
ces femmes dures et passionnées, Raquel et Catherine, ou cet Alexandr
120
a pensée française (octobre 1925)k Peut-être n’
est
-il pas trop tard pour parler du Vinet de M. Seillière, de ce nouveau
121
originale de la plupart des idées dont lui-même s’
est
fait le moderne champion. Pour ce qui concerne le Vinet juge des roma
122
ques. Dirai-je pourtant que je crains qu’il n’ait
été
incité parfois, et presque inconsciemment, à gauchir légèrement la pe
123
me » de tout son mysticisme protestant. Et cela n’
est
pas sans gêner M. Seillière. C’est peut-être pourquoi il insiste sur
124
otestantisme de Vinet ? Ne voit-il pas que rien n’
est
plus protestant qu’une telle attitude ? Mais ces réserves sont de peu
125
testant qu’une telle attitude ? Mais ces réserves
sont
de peu d’importance si l’on songe au service que M. Seillière nous re
126
’un Maurras ou que celle d’un Maritain. Son unité
est
plus réellement profonde, son point d’appui plus central. Pour notre
127
exaspérés, pour notre nouveau mal du siècle, il n’
est
peut-être pas de pensée plus vivante, ni de plus tonique que celle de
128
ervielle, Gravitations (décembre 1925)l « Quel
est
celui-là qui s’avance » avec ce visage d’entre la vie et la mort « où
129
passage incessant d’oiseaux de la mer ? » « Quel
est
cet homme dont l’âme fait des signes solennels ? » Une voix lente aux
130
lente aux méandres songeurs, une simplicité qui n’
est
pas familière. C’est bien la poésie d’une époque tourmentée dans sa p
131
anecdote purement poétique dans un monde qu’il s’
est
créé. Jamais banal, il est parfois facile : la description du monde q
132
dans un monde qu’il s’est créé. Jamais banal, il
est
parfois facile : la description du monde qu’il invente nous lasse qua
133
ter me trouble mieux que son lyrisme cosmique. On
est
plus près de l’infini au fond de soi qu’au fond du ciel. l. « Jules
134
de forme et traditionaliste d’inspiration, comme
fut
celle des Yeats, Synge, Joyce même… Trois noms qui permettent, je cro
135
éclate le sinistre, et s’arrête au moment où l’on
est
sûr que ça brûle bien. Quel sujet plus riche pouvait-on rêver pour un
136
la vie d’une ville. Il sait qu’un grand mouvement
est
la résultante de millions de petits. Voici naître la révolution dans
137
it pas autrement que les individus. L’auteur, qui
est
l’un de ces Anglais, tombe malade avec à-propos et perd connaissance
138
és, à chaque instant, d’explosion. Le géant russe
est
un enfant : va-t-il rire, va-t-il pleurer ? m’embrasser ou me tuer ?
139
’empire. Il le renverse, pour voir. Pendant qu’il
est
encore ébahi du fracas, le juif survient avec une méthode simplifiée
140
ion au cours des siècles. Primitivement, le Saint
est
un homme que Dieu a mis à part par grâce pour qu’il serve. Mais très
141
élévation morale ou leurs souffrances semblent s’
être
le plus rapprochés du Christ ; et dans l’Église persécutée, le martyr
142
s saints pour l’exemple de leur vie : mais Christ
est
le seul médiateur à qui doit s’adresser le culte, en son cœur, du cro
143
cœur, du croyant. Le centre de gravité religieux
est
replacé en Christ. — Comment l’Église catholique réagit-elle ? En cod
144
’a plus qu’un sens relatif pour nous protestants.
Est
-ce là nous juger ? Les catholiques nous reprochent d’avoir méconnu l’
145
ste divers ordres de sainteté ». Cette mère qui s’
est
sacrifiée aux siens, n’était-ce pas une sainte, comme ce missionnaire
146
té ». Cette mère qui s’est sacrifiée aux siens, n’
était
-ce pas une sainte, comme ce missionnaire et cette diaconesse ? S’il n
147
iste des saints dans le protestantisme. Mais il n’
est
pas de fin aux œuvres de Dieu. La sainteté parfaite ne commence qu’au
148
t véritable. Il n’y a pas de saints, mais il faut
être
parfait. Tel est l’enseignement de Jésus, telle est la pensée qu’a vo
149
y a pas de saints, mais il faut être parfait. Tel
est
l’enseignement de Jésus, telle est la pensée qu’a voulu restaurer le
150
e parfait. Tel est l’enseignement de Jésus, telle
est
la pensée qu’a voulu restaurer le protestantisme. La place nous manqu
151
vanche du fameux scrupule protestant, qui ne peut
être
un danger lorsqu’il n’est, comme ici, que la loyauté d’un esprit anim
152
rotestant, qui ne peut être un danger lorsqu’il n’
est
, comme ici, que la loyauté d’un esprit animé par une foi agissante.
153
saisissement profond et la ruine. Mais certes, il
est
temps qu’une lueur de conscience inquiète quelques chefs, montre à qu
154
mal. Quant aux meneurs de l’opinion publique, il
est
trop tard pour les éduquer, il faudrait balayer. Je parle en général,
155
bien qu’un Romier, un Bainville, quelques autres,
sont
parmi les plus conscients de ce temps ; mais si l’on songe aux batail
156
rtance à leurs tentatives morales, si singulières
soient
-elles — dont le grand public reste le témoin souvent sceptique ou rai
157
vées par une même tempête. L’unité de notre temps
est
en profondeur : c’est une unité d’inquiétude. Barrès et Gide : ils on
158
nouvelles générations de héros de roman, lesquels
sont
tous éperdument égoïstes. Égoïstes avec une profonde conviction ; par
159
; par vertu. Ce qui n’a rien d’étonnant : ils ne
sont
que les projections du moi de leurs auteurs. Or l’égoïsme est vertu c
160
projections du moi de leurs auteurs. Or l’égoïsme
est
vertu cardinale pour le créateur. Mais quel est ce besoin si général
161
e est vertu cardinale pour le créateur. Mais quel
est
ce besoin si général de s’incarner, dans le héros de son roman, de se
162
our s’amuser : ni pour amuser un public. Un livre
est
une action, une expérience. Et, le plus souvent, sur soi-même. On écr
163
des possibilités neuves, — pour le libérer. Il n’
est
pas question de rechercher ici les origines historiques d’une concept
164
mner, et nous ne pouvons le suivre jusque-là : il
est
vain de dire qu’une époque s’est trompée, puisqu’elle seule permet la
165
e jusque-là : il est vain de dire qu’une époque s’
est
trompée, puisqu’elle seule permet la suivante qui peut-être retrouver
166
naissance intégrale et culture de soi, telle peut
être
l’épigraphe de toute la littérature moderne. Il n’a pas fallu longtem
167
n et les sens, entre le moi et le monde : l’ennui
est
venu avant l’épuisement des combinaisons possibles. Exaltation méthod
168
hodique de nos facultés de plaisir : déjà nous en
sommes
à cultiver certaines douleurs, plaisirs rares ; et les dissonances le
169
sensibilités surmenées. Dégoût, parce que tout a
été
essayé. Dégoût, parce qu’on se connaît trop, et que plus rien ne reti
170
et forcené gaspillage : la guerre. Certains s’en
tiennent
à leur dégoût et l’exploitent. Ainsi se légitime le surréalisme, qui
171
d. Révolution toujours ». « Pour nous, le salut n’
est
nulle part… » « Je comprends la révolte des autres et quelles prières
172
sans la brusquerie de ses aînés. Encore un qui s’
est
complu dans son dégoût ; mais jusqu’au point d’y percevoir comme un a
173
en vain sa Révélation : « C’est peut-être que je
suis
médiocre entre les hommes ». C’est plutôt qu’il est trop attaché enco
174
s médiocre entre les hommes ». C’est plutôt qu’il
est
trop attaché encore à se regarder chercher, absorbant son attention d
175
is à l’encontre de son dessein. ⁂ Décidément nous
sommes
malades dans les profondeurs. Et le mal est si cruellement isolé, com
176
us sommes malades dans les profondeurs. Et le mal
est
si cruellement isolé, commenté par ceux qui le portent en eux qu’il e
177
en finissent pas de peindre leur déséquilibre. Il
serait
temps de faire la critique des méthodes et des façons de vivre autant
178
adoxes, le chaos, etc. — Certes, aucune époque ne
fut
à la fois plus morale et plus immorale, parce qu’aucune ne s’est auta
179
lus morale et plus immorale, parce qu’aucune ne s’
est
autant attachée à chercher dans le seul moi les fondements d’une éthi
180
ul moi les fondements d’une éthique. Presque tous
sont
hantés par la peur d’une morale qui « déforme », qui mutile une tenda
181
onnalité. Toute tendance qu’ils découvrent en eux
est
non seulement légitime à leurs yeux, mais « tabou » ; et c’est vertu
182
et folie, etc. Si je les cultive simultanément il
est
clair que les tendances négatives l’emportent, il est plus facile et
183
clair que les tendances négatives l’emportent, il
est
plus facile et plus enivrant de se laisser glisser que de construire.
184
ilité, et bien que nous niions toute vérité, nous
étions
dominés par le sens d’une réalité morale absolue que certains d’entre
185
rtyre… Cette lassitude facile à juger du dehors n’
était
pas ce qu’il y a vingt ans on nommait blasé. Rien n’était émoussé en
186
s ce qu’il y a vingt ans on nommait blasé. Rien n’
était
émoussé en nous, mais pouvions-nous faire abstraction du plan intelle
187
e et Aragon nous montrent le même personnage : un
être
sans foi, à qui une sorte de « sincérité » interdit de commettre aucu
188
re aucun acte volontaire et raisonné parce que ce
serait
fausser quelque chose ; à la merci des circonstances extérieures qu’i
189
stera caractéristique de notre époque. Mais Gide
est
responsable d’une autre méthode de culture de soi, « d’intensificatio
190
déjà une singulière préfiguration : Certes ce ne
seront
ni les lois importunes des hommes, ni les craintes, ni la pudeur, ni
191
incre. — Mais la joie d’une si haute victoire — n’
est
pas si douce encore, n’est pas si bonne que de céder à vous, désirs,
192
si haute victoire — n’est pas si douce encore, n’
est
pas si bonne que de céder à vous, désirs, et d’être vaincu sans batai
193
st pas si bonne que de céder à vous, désirs, et d’
être
vaincu sans bataille. On voit assez à quel genre de sophismes conduit
194
par sincérité qu’on mentira, puisque parfois nous
sommes
spontanément portés à mentir. On en vient naturellement à considérer
195
lisme comme la seule vertu digne d’une élite. Tel
est
l’état d’esprit de la plupart de nos jeunes moralistes. Le mot de par
196
part de nos jeunes moralistes. Le mot de paradoxe
serait
bien pauvre pour expliquer ce besoin de porter à son excès toute chos
197
lique de la pensée : la littérature d’avant-garde
est
fille de la fatigue. La Muse a trop veillé. L’amour moderne, nerveux,
198
nerveux, saugrenu jusqu’au sadisme, trop lucide,
est
un amour de fatigués (Les Nuits, l’Europe galante, de Morand). La luc
199
de Morand). La lucidité aiguë de nos psychologues
est
cet état presque inhumain de celui qui n’a pas dormi et qui « assiste
200
ensations, à ses automatismes. En art, la fatigue
est
un des états les plus riches de visions nouvelles, et qui résiste le
201
t de l’âme ; vouloir une foi… La morale de demain
sera
en réaction complète contre celle d’aujourd’hui, parce que nous somme
202
mplète contre celle d’aujourd’hui, parce que nous
sommes
à bout. Il ne s’agit pas, encore une fois, de renier l’immense effort
203
quoi beaucoup sacrifièrent leur jeunesse. (« Nous
sommes
une génération de cobayes » remarque Paul Morand.) Il faut agir, ou b
204
es » remarque Paul Morand.) Il faut agir, ou bien
être
agi. Donner une conscience à l’époque, ou se défaire avec elle et dér
205
s 9 !) Quelques jeunes hommes l’ont compris. Ils
sont
modestes — ne s’isolant pas de la Société ; ils savent que pour lutte
206
a soumission aux lois naturelles ; et leur effort
est
de retrouver ces lois ; ils ne craignent pas de choisir parmi leurs i
207
eurs instincts, ni de les améliorer 10. Tout ceci
est
assez nouveau. (Après tant de cocktails, quelle saveur a l’eau claire
208
uviennent de penser en fonction du temps présent,
soit
qu’ils veuillent en améliorer les conditions, ou les transformer tota
209
u concept de littérature », NRF, 1923. 3. « Il s’
était
développé en nous un goût furieux de l’expérience humaine. » (Aragon)
210
expérience humaine. » (Aragon) 4. « Lorsque tout
est
fini » dans Libertinage. (NRF) 5. Détours de René Crevel ; les roma
211
ragon, loc. cit. 7. Le « goût du désastre » qui
est
au fond du romantisme moderne nous empêche secrètement de construire
212
construire et de nous construire. Jamais l’on ne
fut
plus loin de l’idéal goethéen : au lieu de tout composer en soi, on v
213
quiétude. 8. « Certaines expériences littéraires
sont
plus dangereuses que des expériences réelles » (Marcel Arland). 9. C
214
des expériences réelles » (Marcel Arland). 9. Ce
serait
au moins la liberté ! crieront les surréalistes. Voire. On est moins
215
la liberté ! crieront les surréalistes. Voire. On
est
moins libre à Moscou qu’à Montparnasse. D’ailleurs leurs théories nou
216
es Objections des intellectuels au Dieu chrétien,
fut
introduit par M. Raymond de Saussure, psychanalyste distingué, qui se
217
es de l’Évangile en face de la pensée moderne, et
fut
impressionnant de vigueur dialectique et de largeur d’idées. Une soir
218
ces faites pendant le réveil de la Drôme, dont il
est
l’un des artisans les plus actifs. Pour remplacer un travail promis p
219
e. Chacun dit ce qu’il pense sans se préoccuper d’
être
bien pensant et les Romands recouvrent l’usage de la parole, puis on
220
prière. On sort lentement d’une chambre bleue qui
est
le mystère même, pour suivre la naissance et l’embrasement de la pass
221
us les actes une signification plus profonde. (Il
serait
aisé de montrer quel parti Jouve a su tirer des complexes de famille
222
d’analyses de démences mystiques ; mais tout cela
est
sublimé dans un monde poétique où il paraît inconvenant d’introduire
223
lleurs poèmes de l’auteur de Tragiques et de Vous
êtes
des hommes. p. « Pierre Jean Jouve : Paulina 1880 (NRF, Paris) », B
224
iques et les vieilles dames à principes. Voilà, n’
est
-ce pas, un amusant sujet de conte moral, avec ses personnages un peu
225
vent plus généreuse que neuve, et qui eût gagné à
être
mise en action plutôt qu’en commentaires. Le talent de Mme de Wattevi
226
e, parce qu’il pleut et qu’on s’ennuie. Si la vie
est
bête à pleurer, sourire est moins fatigant. « Le paon dédaigne encor
227
n s’ennuie. Si la vie est bête à pleurer, sourire
est
moins fatigant. « Le paon dédaigne encor mais ne fait plus sa roue. »
228
encor mais ne fait plus sa roue. » Ce poète — qui
fut
aussi le prosateur charmant du Pédagogue et l’Amour — sourit avec une
229
eu le sens divin de la destinée. Ce livre à thèse
est
plutôt une argumentation à coups d’exemples vivants qu’un véritable r
230
iaux qu’on en peut tirer. L[e] malheur de Cocteau
est
qu’il se veuille poète. Il ne l’est jamais moins qu’en vers. Sa plus
231
ur de Cocteau est qu’il se veuille poète. Il ne l’
est
jamais moins qu’en vers. Sa plus incontestable réussite à ce jour est
232
en vers. Sa plus incontestable réussite à ce jour
est
le Secret professionnel, petit catéchisme cubiste qui dépasse de beau
233
iques. Mais quelle intelligence, et dont l’audace
est
de se vouloir plus juste que bizarre. Il sait bien d’ailleurs que les
234
en d’ailleurs que les miracles les plus étonnants
sont
ceux de la lumière. « Le mystère se passe en plein jour et à toute vi
235
e passe en plein jour et à toute vitesse. » Telle
est
bien la nouveauté de son théâtre et de l’art qu’il défend en peinture
236
achine luisante et tournante. L’esprit de Cocteau
est
une arme admirable de précision, d’élégance mécanique et de rapidité.
237
e vaporeuse. Mais ses fleurs de cristal, si elles
sont
sans parfum, ne se faneront pas. t. « Jean Cocteau : Rappel à l’ord
238
ration surréaliste. Mais tandis que la plupart en
sont
encore à des symboles équivoques et, quoi qu’ils en disent, « artisti
239
— avec une intelligence dont la triste profession
est
de détruire le désir qu’elle excite par curiosité passagère, il monol
240
monologue. « Oui, je le redirai, tous mes essais
furent
prétextes à me dissoudre, à me perdre. » Vouloir la vérité pure sur s
241
e « élan mortel ». Cette inversion de tout ce qui
est
constructif et créateur, voilà je pense le véritable désordre. Une in
242
e procès », une intelligence qui se dégoûte, tel
est
le spectacle que nous dévoile cyniquement René Crevel. Il en est peu
243
e que nous dévoile cyniquement René Crevel. Il en
est
peu de plus effrayants. Ah ! Seigneur, donnez-nous la force et le co
244
t prêt à tout lâcher pour une vérité nouvelle, on
tient
moins à convaincre qu’à se convaincre. Après les exposés de Janson, d
245
mal de préjugés en matières sociales. Mais ce qui
est
peut-être plus important, on eut l’impression, durant les discussions
246
honore la liberté d’un culte moins platonique : n’
est
-ce pas Léo qui prétendit qu’on ne peut juger les Associations qu’à le
247
rdot, entrant par la fenêtre, vint annoncer qu’on
était
libre — comme si on l’avait attendu pour le manifester ! — et qu’il s
248
la grande ville, phénomène de force en mouvement,
est
aujourd’hui une catastrophe menaçante pour n’avoir pas été animée de
249
rd’hui une catastrophe menaçante pour n’avoir pas
été
animée de l’esprit de géométrie… Elle use et conduit lentement l’usur
250
e use et conduit lentement l’usure des milliers d’
êtres
humains ». Elle n’est plus adaptée aux conditions nouvelles de travai
251
nt l’usure des milliers d’êtres humains ». Elle n’
est
plus adaptée aux conditions nouvelles de travail ou de repos, ni dans
252
te 1000 chevaux-vapeurs ». Et pourtant « la ville
est
une image puissante qui actionne notre esprit » après avoir été créée
253
puissante qui actionne notre esprit » après avoir
été
créée par lui, — comme la poésie. C’est ainsi que le problème de l’Ur
254
la matière. Si Le Corbusier réalise son plan, ce
sera
plus fort que Mussolini (lequel s’est d’ailleurs inspiré de lui dans
255
n plan, ce sera plus fort que Mussolini (lequel s’
est
d’ailleurs inspiré de lui dans son fameux discours aux édiles de Rome
256
n fameux discours aux édiles de Rome). Urbanisme
est
une étude technique et un pamphlet dont l’argumentation serrée éclate
257
, du ciment armé. « Notre monde comme un ossuaire
est
couvert des détritus d’époques mortes. Une tâche nous incombe, constr
258
100 à l’heure des autos. Les maisons habitées ne
sont
plus que des enceintes transparentes, et minces en regard de leur hau
259
hitecture avec les ressources de la plastique qui
est
le jeu de formes sous la lumière ». Cristallisation d’un rêve de joie
260
pportunisme anarchique. Tirer des lignes droites,
est
le propre de l’homme. Toutes les civilisations fortes l’ont osé. Crée
261
mineux à la place de nos cités congestionnées, ce
serait
peut-être tuer au soleil des germes de révolution. Déjà des ingénieur
262
des germes de révolution. Déjà des ingénieurs se
sont
mis à calculer la réalisation de ce phénomène de haute poésie — la «
263
homme sur la Nature. Architecture : « tout ce qui
est
au-delà du calcul… Ce sera la passion du siècle ». v. « Le Corbusie
264
tecture : « tout ce qui est au-delà du calcul… Ce
sera
la passion du siècle ». v. « Le Corbusier : Urbanisme (G. Crès, Par
265
euse (mai 1926)f Écrire, pas plus que vivre, n’
est
de nos jours un art d’agrément. Nous sommes devenus si savants sur no
266
vivre, n’est de nos jours un art d’agrément. Nous
sommes
devenus si savants sur nous-mêmes, et si craintifs en même temps, si
267
lement : nous comprenons que nos œuvres, si elles
furent
faites à l’image de notre esprit, le lui rendent bien dans la suite ;
268
t d’écrire, aux forces les plus secrètes de notre
être
comme aux calculs les plus rusés. Nous choisissons les idées comme on
269
ssons les idées comme on choisit un amour dont on
est
anxieux de prévoir l’influence, avant de s’y jeter, et dont on craint
270
mots commence le drame de toute vie. Ha ! Qui je
suis
? Mais je le sens très bien ! je sens très bien cette force — ici, je
271
étranges viennent m’habiter ; je ne sais plus… Je
suis
beaucoup de personnages, faudrait choisir. Vous me direz qui je suis,
272
rsonnages, faudrait choisir. Vous me direz qui je
suis
, mes amis ; quel est le vrai ? — Ils me proposent vingt visages que j
273
oisir. Vous me direz qui je suis, mes amis ; quel
est
le vrai ? — Ils me proposent vingt visages que je puis à peine reconn
274
hoses, les faits, la vie, comme ils disent. Je me
suis
abandonné au jeu du hasard, jusqu’au jour où l’on me fit comprendre q
275
, jusqu’au jour où l’on me fit comprendre qu’il n’
est
que le jeu de sauter follement d’une habitude dans une autre. Il ne m
276
, tout le monde devait voir en moi une tare que j’
étais
seul à ignorer, était-ce ma fatigue seulement qui me rendait toutes c
277
voir en moi une tare que j’étais seul à ignorer,
était
-ce ma fatigue seulement qui me rendait toutes choses si méticuleuseme
278
en même temps que je le découvrais, dans tout mon
être
une force aveugle de violence s’était levée. Ce fut elle qui m’entraî
279
ans tout mon être une force aveugle de violence s’
était
levée. Ce fut elle qui m’entraîna sur les stades où je connus quelle
280
e une force aveugle de violence s’était levée. Ce
fut
elle qui m’entraîna sur les stades où je connus quelle confiance sour
281
ait un des premiers jours du printemps —, l’heure
est
venue de la violence. Jeunes tempêtes, lavez, bousculez ! La parole e
282
ce. Jeunes tempêtes, lavez, bousculez ! La parole
est
aux instincts combatifs et dominateurs par quoi l’homme ne se disting
283
i l’homme ne se distingue plus de l’animal. Louée
soit
ma force et tout ce qui l’exalte, et tout ce qui la dompte, tout ce q
284
trop grand pour ma vie — toute ma joie ! » Ce n’
était
plus une douleur rare que j’aimais dans ces brutalités, c’était ma li
285
tombe : agir ? dans quel sens ? Provisoirement j’
étais
sauvé d’un désordre où l’on glisse vers la mort. L’important, c’est d
286
mportant, c’est de ne pas se défaire. Mais rien n’
était
résolu. Me voici devant quelques problèmes dont je sais qu’il est abs
287
oici devant quelques problèmes dont je sais qu’il
est
absolument vain de prétendre les résoudre, mais que je dois feindre d
288
arriverai-je à la vouloir, et c’est le tout. S’il
est
une révélation, c’est en me rendant plus parfait que je lui préparera
289
l ne faut plus que je respecte tout en moi. Je ne
suis
digne que par ce que je puis devenir. Se perfectionner : cela consist
290
tends pas tous les cultiver pour cela seul qu’ils
sont
naturels : la nature est un champ de luttes, de tendances vers la des
291
r pour cela seul qu’ils sont naturels : la nature
est
un champ de luttes, de tendances vers la destruction et vers la const
292
l’intelligence de faire primer la vie, puisque n’
est
pas encore parfait cet instinct qui est la Vertu. Ma vertu est de che
293
puisque n’est pas encore parfait cet instinct qui
est
la Vertu. Ma vertu est de chercher cette Vertu ; de me replacer dans
294
e parfait cet instinct qui est la Vertu. Ma vertu
est
de chercher cette Vertu ; de me replacer dans le sens de ma vie ; de
295
m’emprisonnerai pas dans ces limites. Ma liberté
est
de les porter plus loin sans cesse, de battre mes propres records. De
296
s ma vie, une vue stupide sur mon état qui peut m’
être
dangereuse. (On donne corps à une faiblesse en la nommant ; or je ne
297
demain peut-être, agir dans le monde, si je m’en
suis
d’abord rendu digne. L’époque nous veut, comme elle veut une conscien
298
etites certitudes5, j’éprouve vite le sentiment d’
être
dans un débat étranger à ce véritable débat de ma vie : comment surmo
299
urire — en songeant à ces raisonnements que je me
tiens
— plisser un peu mes lèvres, et s’affirmer à mesure que je le décris.
300
nt d’un flot fou ! Revenez, mes joies du large !…
Tiens
, j’écoute le vent ; je pense au monde. Chant des horizons, images qui
301
hrases qu’il ne faut pas encore comprendre — tout
est
si fragile —, mais je sais quelle légèreté puissante, quelle confianc
302
rps et cet esprit… Créer, ou glisser au plaisir ?
Êtes
-vous belle, mon amie, — et vous, ma vie ? Certes, mais je vous aime m
303
son objet vivant. Pour moi, la sincérité ne peut
être
que spontanée. Et spontanément je suis porté à écrire des idées qui m
304
té ne peut être que spontanée. Et spontanément je
suis
porté à écrire des idées qui m’aideront. Une fois écrites elles prenn
305
ent pas encore en moi. C’est en quoi ma sincérité
est
tendancieuse. 5. Quant à adhérer à une doctrine toute faite, ce me s
306
rité d’un système, hors la religion. Un système n’
est
pas vrai, il est utile. C’est pourquoi je ne puis comprendre les exco
307
, hors la religion. Un système n’est pas vrai, il
est
utile. C’est pourquoi je ne puis comprendre les excommunications et l
308
étouffées par des forces qui se lèvent. Car telle
est
la vertu de ce livre, qu’on l’éprouve d’abord trop vivement pour le j
309
premiers combats de taureaux du jeune Montherlant
est
en réalité un nouveau tome de ses mémoires lyriques. Une œuvre d’une
310
plus ferme, d’une unité plus pure aussi. Le sujet
était
périlleux : si particulier, il prêtait à des abus de pittoresque, de
311
cription la plus réaliste de la vie animale. Et n’
est
-ce pas justement parce qu’il est poète qu’il peut atteindre à pareill
312
ie animale. Et n’est-ce pas justement parce qu’il
est
poète qu’il peut atteindre à pareille intensité de réalisme. Une perp
313
inc vraiment que ce qu’on aime, et les victorieux
sont
d’immenses amants »6. Mais envers les taureaux cet amour tourne en ad
314
un peu pauvre pour fonder une religion. Mais ce n’
est
peut-être qu’un rêve de poète. Il y a un autre Montherlant, plutôt st
315
n autre amour que celui que nous donnons ? » ⁂ Il
est
impossible de ne voir dans les Bestiaires qu’une évocation de l’Espag
316
nt d’autres qui s’analysent sans fin, avant que d’
être
, Montherlant impose un tempérament lyrique d’une puissance contagieus
317
s de l’heure. La violence même qui sourd dans son
être
intime l’en empêche, le préserve des états d’incertitude douloureux,
318
— (de lui-même) — il n’« accroche » pas à ce qui
est
triste ou ennuyeux, que ce soit l’idée de la mort ou les soucis polit
319
che » pas à ce qui est triste ou ennuyeux, que ce
soit
l’idée de la mort ou les soucis politiques, sociaux, etc., et il ne m
320
le chante avec pathétique. Mais c’est parce qu’il
est
poète : le chant fini, il n’y pense plus. On comprend qu’une telle at
321
ondes de leurs âmes séparées de Dieu. Montherlant
est
aux antipodes de ceux-là « qui cherchent en gémissant ». Mais cette p
322
solence les forces créatrices, ne vaut-elle pas d’
être
élevée en témoignage pour notre exaltation ? Comme la vue des athlète
323
peut entraîner l’âme dans un élan de grandeur. N’
est
-ce point une solution aussi ? Plutôt que d’oublier de vivre à force d
324
ractée, par la grâce de l’éternel Désir ? 6. Il
est
curieux de noter que de tels passages viennent à l’appui de la théori
325
vec une sorte d’acharnement, comme seul il sait l’
être
aujourd’hui sans que cela nuise en rien à un don de sympathie qui est
326
que cela nuise en rien à un don de sympathie qui
est
parfois la plus subtile de ses ruses de psychologue. C’est parce que
327
etits chapitres à la fois si concis et achevés, n’
est
ni un album de vues pittoresques, ni le journal plus ou moins lyrique
328
une sensibilité protestante — si passionné. Nul n’
est
moins oriental que de Traz, et c’est ce qui donne à ses notations tou
329
s’entendre : les meilleurs documents sur l’Orient
sont
les œuvres des Orientaux. L’intérêt d’un livre comme celui-ci est plu
330
es Orientaux. L’intérêt d’un livre comme celui-ci
est
plus dans l’opposition des deux mondes que dans la peinture elle-même
331
sure, — et aussi la figure de l’auteur : car il n’
est
guère de comparaison valable qu’entre individus, et comme type d’indi
332
éfiant », tandis que « l’attrait du christianisme
est
dans l’inquiétude qu’il nous inflige ». « Ils mettent leur âme en vei
333
Ses remarques sur la psychologie de l’Égyptien ne
sont
pas moins subtiles et le mènent à cette constatation fondamentale que
334
ue « notre intelligence et celle de l’Oriental ne
sont
pas superposables ». Dès lors, comment collaborer, comment se compren
335
Oriental, les conclusions de M. de Traz — si tant
est
qu’on peut conclure en une matière si complexe — sont plutôt optimist
336
qu’on peut conclure en une matière si complexe —
sont
plutôt optimistes. Il ne paraît pas croire à un péril oriental très p
337
èses hardies — de la hardiesse de ce bon sens qui
est
le plus éloigné du sens commun — mais qui reste trop méfiant de tout
338
ne par un voyage à Jérusalem : le christianisme n’
est
-il pas le plus beau don de l’Orient à l’Europe ? Il y a là des pages
339
le type du voyageur intelligent, qui n’accepte d’
être
séduit que pour « mieux comprendre », assez « fidèle » à ses origines
340
ar les générations précédentes. Parce qu’elles se
sont
souvent enlisées dans leurs recherches, il ne les condamne pas d’un «
341
gatives. La critique de ces expériences négatives
est
contenue surtout dans ses essais sur Proust, Pater et Stendhal. Certe
342
essais sur Proust, Pater et Stendhal. Certes, il
était
temps que l’on dénonce la confusion romantique de l’art avec la vie,
343
autre me paraît liée à cette confusion. Mais s’il
est
bien établi que les lois de la vie sont essentiellement différentes d
344
Mais s’il est bien établi que les lois de la vie
sont
essentiellement différentes des lois de l’œuvre d’art, il ne s’en sui
345
Autobiographie et le Roman, dont pour ma part je
suis
loin d’admettre plusieurs thèses beaucoup trop absolues. M. Fernandez
346
de prouver par exemple que l’œuvre d’art ne peut
être
un moyen de connaissance personnelle. Après quoi il écrit : « II y a,
347
ncevoir et s’essayer. » Fort bien, mais l’œuvre n’
est
-elle pas une façon particulière de s’essayer ? Je ne puis amorcer ici
348
ions qu’il y décèle. Le meilleur morceau du livre
est
l’essai sur Proust et sa théorie des « intermittences du cœur » dont
349
héorie de la « garantie des sentiments », où l’on
est
en droit de voir le germe d’un moralisme nouveau qui se fonderait sol
350
orie assez proche du cubisme littéraire, et qu’il
serait
bien utile d’adopter, si l’on veut éviter les confusions qui sont en
351
d’adopter, si l’on veut éviter les confusions qui
sont
en train d’ôter sa valeur littéraire au genre le plus encombré et le
352
re au genre le plus encombré et le plus impur qui
soit
. On n’a pas ménagé les critiques à cette œuvre. Cela tient surtout à
353
n’a pas ménagé les critiques à cette œuvre. Cela
tient
surtout à sa forme : il est parfois agaçant de pressentir sous l’expr
354
à cette œuvre. Cela tient surtout à sa forme : il
est
parfois agaçant de pressentir sous l’expression trop technique ou obs
355
, mais péniblement comprimées. Ce défaut de forme
est
peut-être inhérent, dans une certaine mesure, au genre de critique pr
356
s de Drieu la Rochelle, les Messages de Fernandez
sont
les premières contributions à l’établissement d’une éthique adaptée a
357
lesquels, pour communier, il faudrait sans doute
être
né sous le signe du Taureau. Mais il sera pardonné à Montherlant beau
358
s doute être né sous le signe du Taureau. Mais il
sera
pardonné à Montherlant beaucoup de défauts bien agaçants pour sa souv
359
en agaçants pour sa souveraine désinvolture. Elle
est
tonique comme le spectacle des athlètes. Et c’est elle avant tout que
360
— et derrière, elle devient plus secrète. Vers l’
est
, des collines fluides et roses. De l’autre côté, c’est le vide, où s’
361
ers sept heures, il n’y en eut presque plus. Nous
étions
seuls sur le pavé qui exhalait sa chaleur, au long des quais sans ban
362
utumance au monde de sensations inconnues où nous
étions
baignés nous promettait pourtant une connaissance plus intime de cert
363
e de certaine tristesse. Seule une maison blanche
est
arrêtée tout près de l’eau. Mais ce n’est pas d’elle que vient cette
364
blanche est arrêtée tout près de l’eau. Mais ce n’
est
pas d’elle que vient cette chanson jamais entendue qui nous accompagn
365
emplit notre monde à ce chant. L’odeur du fleuve
est
son parfum, le soleil rouge sa douleur. Les bœufs blancs, les roues p
366
l désir en nous de comprendre ce lamento. Le ciel
est
un silence qui s’impose à nos pensées. Ici la vie n’a presque plus de
367
n’a presque plus de sens, comme le fleuve. Elle n’
est
qu’odeurs, formes mouvantes, remous dans l’air et musiques sourdes. P
368
es, remous dans l’air et musiques sourdes. Penser
serait
sacrilège, comme une barre droite au travers d’un tableau. Nos yeux o
369
ue des roseaux aux feuilles sèches… Puis la brume
est
venue comme une envie de sommeil. Une lampe dans la maison blanche no
370
n blanche nous a révélé proche la nuit. Nous nous
sommes
retournés vers la ville. Fleurs de lumières sur les champs sombres d
371
s de lumières sur les champs sombres du ciel de l’
est
, et une façade parfaite répond encore au couchant. San Miniato sur sa
372
me cette brume, une vie étrangère, une paix qui n’
est
pas humaine, et qui nous laisse gourds et faibles, caressant en nous
373
fleuve, un sommeil de plante vaguement heureuse d’
être
pliée au vent qui ne parle jamais. Nous fûmes si près de choir dans t
374
se d’être pliée au vent qui ne parle jamais. Nous
fûmes
si près de choir dans ton silence. Nature ! qui nous enivrait, promet
375
nité de cette façade élevée lumineuse sur le ciel
fut
le signe d’un équilibre retrouvé. Un grand pont de fer, près de nous,
376
. Il y avait la vie des hommes pour demain, et il
était
beau d’y songer un peu avant de nous abandonner à l’oubli luxueux des
377
luxueux des rues. Le long de l’Arno, les façades
sont
jaunes et roses près de l’eau, puis perdent dans la nuit leurs lignes
378
ds, musiques — cette vie rapide dans un décor qui
est
le rêve éternisé des plus voluptueuses intelligences — tous les table
379
si tu veux soudain le son grave de l’infini, pour
être
seul parmi la foule, lève les yeux, au plus beau ciel du monde. h.
380
us les allégories. L’étonnant, c’est que le livre
soit
réellement amusant, et qu’il trouve une sorte d’unité vivante dans le
381
oètes, dissertent sur leurs fantaisies ? Ç’aurait
été
si délicieusement invraisemblable… Mais ce cœur fatigué se reprend à
382
parfois et nous fait regretter que l’auteur ne se
soit
pas mieux abandonné à son sujet, d’un pathétique assez neuf. z. « A
383
urope à un Français qui lui répond de Chine. Nous
sommes
loin du ton des Lettres persanes : le Chinois s’étonne non sans quelq
384
où l’idée de la civilisation et celle de l’ordre
sont
chaque jour confondues ». Nous cherchons à conquérir non le monde, ma
385
social « comme une adroite fêlure ». Notre morale
est
entièrement subordonnée à l’action ; notre individualisme en naît log
386
al de l’Occident.) Et notre vertu suprême, aussi,
est
douloureuse : le sacrifice. Sans doute, cette « absurdité essentielle
387
ui tord aujourd’hui notre race… ». Et peut-être n’
est
-il pas de position plus périlleuse, puisqu’elle risque de ne laisser
388
d’une anarchie dont on ne veut pas avouer qu’elle
est
plus nécessaire — provisoirement — que satisfaisante pour l’esprit. C
389
lle définitions tendancieuses et contradictoires.
Êtes
-vous sincères en actes ou en pensées ; envers vous-mêmes ou quelque d
390
s les fluctuations de votre moi ? Votre sincérité
est
-elle consentement immédiat à toute impulsion spontanée (Gide), ou « p
391
perpétuel effort pour créer son âme telle qu’elle
est
» (Rivière), ou encore refus de choisir, volonté de tout conserver en
392
liste de l’âme ? Heureusement que M. Brémond ne s’
est
pas encore mêlé de l’affaire. Au reste, on n’a pas attendu les éclair
393
é et spontanéité « Nos actes les plus sincères
sont
aussi les moins calculés », écrit Gide. D’où l’on peut tirer par une
394
tifient : sincérité = spontanéité. Mais la morale
est
ce qui s’oppose en premier lieu à la spontanéité. C’est pourquoi Gide
395
C’est pourquoi Gide écrit ailleurs : « En chaque
être
, le pire instinct me paraissait le plus sincère. » La sincérité spont
396
ne songeait pas qu’il allait faire école. Le fait
est
que ce geste symbolique a déclenché tout un mouvement littéraire, cel
397
aguère au surréalisme. Tous les héros de roman se
sont
mis à gesticuler « gratuitement ». Et les critiques d’abord de s’indi
398
de gratuité. Le geste le plus incongru du héros n’
est
jamais que le résultat d’un mécanisme inconscient, aussi révélateur d
399
nage que ses actions les mieux concertées. Rien n’
est
gratuit que relativement à un système restreint de références. Il ré
400
qu’il y a de plus secret dans la personnalité. Ce
serait
un moyen de connaissance plus intégrale de soi. Mais pour être moins
401
de connaissance plus intégrale de soi. Mais pour
être
moins pittoresque et plus « entachée d’utilitarisme », la décision ré
402
ssi peu gratuite que possible, d’un Julien Sorel,
est
-elle moins révélatrice du fond de l’âme humaine ? Que si l’on s’étonn
403
vrer en gestes, en conséquences matérielles. Ce n’
est
plus l’élan pur que je décris : c’est un élan freiné dans mon esprit,
404
J’éprouve le besoin de faire le point : à quoi en
suis
-je, qui suis-je ? Je revois des actes accomplis, je revis plus ou moi
405
besoin de faire le point : à quoi en suis-je, qui
suis
-je ? Je revois des actes accomplis, je revis plus ou moins fortement
406
s, dans un ancien carnet de notes, je retrouve un
être
si différent. Les gestes et les sentiments qui se proposaient à mon s
407
sentiments qui se proposaient à mon souvenir ont
été
passés au crible de la minute où je me penchais sur mon passé. Ou, po
408
pour user d’une image plus précise, cette minute
est
baignée d’une lueur de tristesse ou de sérénité qui métamorphose le p
409
sur mon passé, mais sur le moment que je vis1. Il
est
bien clair qu’on ne saurait atteindre « la vérité sur soi » en se ser
410
. C’est un cas-limite, j’en conviens. Pourtant, n’
est
-ce pas le schéma de tout un genre littéraire moderne, cette espèce de
411
assez précisément la forme d’un entonnoir. La vie
serait
le liquide tourbillonnant à l’intérieur. Un arrêt (l’auteur se met à
412
’ai revu à l’envers le film de mon passé : ce qui
était
élan devient recul, et l’évocation de mes désirs anciens ne me restit
413
orps et moi, le livre si poignant de René Crevel,
est
la démonstration la plus cynique que je connaisse de ces ravages du s
414
ns la solitude qu’il s’acharne à approfondir — il
était
venu y chercher quelque raison de vivre, il voulait se voir le plus p
415
ue a perdu pour moi tout intérêt du jour où je me
suis
avisé que l’homme éprouve ce qu’il imagine d’éprouver. » Non. Car à s
416
vidualité. Elle nous crée tels que nous tendons à
être
(plutôt inférieurs, en vertu des remarques précédentes). Rivière défi
417
perpétuel effort pour créer son âme telle qu’elle
est
». Il voyait dans cet effort sur soi le gage d’un enrichissement, d’u
418
avant tout un moyen de se connaître. Cependant, n’
est
-ce pas lui-même qui ajoutait que l’homme sincère « en vient à ne plus
419
ère « en vient à ne plus pouvoir même souhaiter d’
être
différent », ce qui est la négation de tout progrès moral. De la sinc
420
pouvoir même souhaiter d’être différent », ce qui
est
la négation de tout progrès moral. De la sincérité envisagée comme mo
421
parfois de contrôle efficace. Mais les bénéfices
sont
maigres en regard des dangers que la sincérité du noli me tangere fai
422
olontaire par lequel un Balzac les fait vivre. Ce
serait
fausser quelque chose à leurs yeux. Le cas des Faux-Monnayeurs le mon
423
s sophismes libérateurs La fonction de l’homme
est
aussi bien de croire que de constater. F. Raub. La sincérité obsti
424
e d’un Rivière n’a plus rien de spontané. En quoi
est
-ce encore de la sincérité ? Trop sincère, pas sincère. Ou bien si l’o
425
sincère. Ou bien si l’on prétend que la sincérité
est
la recherche, puis l’acceptation de toute tendance du moi, je réponds
426
toute tendance du moi, je réponds que le mensonge
est
sincère aussi, qui révèle mon besoin de mentir. Il devient dès lors i
427
devient dès lors impossible de faire rien qui ne
soit
sincère. Peut-on véritablement se mentir à soi-même, et surtout se pr
428
n désirait qu’ils cachent pour un moment. « L’art
est
un mensonge, mais un bon artiste n’est pas menteur », dit Max Jacob.
429
t. « L’art est un mensonge, mais un bon artiste n’
est
pas menteur », dit Max Jacob. « Être sincère, c’est avoir toutes les
430
bon artiste n’est pas menteur », dit Max Jacob. «
Être
sincère, c’est avoir toutes les pensées » (Rivière). Mais on ne peut
431
», ce choix faux mais bon, nécessaire à la vie, n’
est
-ce pas être sincère aussi que de s’y prêter ? Or, il vous tire aussit
432
faux mais bon, nécessaire à la vie, n’est-ce pas
être
sincère aussi que de s’y prêter ? Or, il vous tire aussitôt de l’indé
433
us tire aussitôt de l’indétermination violente qu’
est
la sincérité selon Rivière. La sincérité véritable vous pousse à fair
434
l’oser. Petite anthologie ou que le « style »
est
de l’homme même J’en étais à peu près à ce point de mes notes — à
435
e ou que le « style » est de l’homme même J’en
étais
à peu près à ce point de mes notes — à ce point de mon dégoût pour ce
436
pris note des passages suivants (les paraphraser
serait
d’une ingratitude insigne — ils marquent au reste fort bien les jalon
437
ntrer plus de style. (Georges Duhamel.) … Nous ne
sommes
pas, nous nous créons. Certains se refusent à toute intervention qui
438
qui altérerait leur moi ; ils ne souhaitent que d’
être
leur propre témoin, intelligent mais immobile : ce sont les mêmes qui
439
eur propre témoin, intelligent mais immobile : ce
sont
les mêmes qui s’ignorent en tant que personnes. Comment se trouveraie
440
(François Mauriac.) La valeur morale de M. Godeau
serait
définie par l’aspect seul qu’il souffrirait de garder lui-même à son
441
ale d’un homme équivalait-elle à l’illusion qu’il
était
capable d’entretenir sur lui-même. (Marcel Jouhandeau.) Ce qu’on appe
442
l Jouhandeau.) Ce qu’on appelle une œuvre sincère
est
celle qui est douée d’assez de force pour donner de la réalité à l’il
443
Ce qu’on appelle une œuvre sincère est celle qui
est
douée d’assez de force pour donner de la réalité à l’illusion. (Max J
444
(Max Jacob.) Un rôle ? Oui. Mais si le personnage
est
maintenu jusqu’à la mort, il se confond avec l’homme même. (André Mau
445
i idéal que j’appelle en chaque minute de ma joie
est
plus réel que celui qu’une analyse désolée s’imaginait retenir. Dès l
446
alyse désolée s’imaginait retenir. Dès lors, ce n’
est
pas lâcher la proie pour l’ombre que de tendre vers ce modèle. Dirais
447
efficaces ? Mais on nommera cela de l’hypocrisie.
Soit
, j’accepte. Et aussitôt j’annonce : Éloge de l’hypocrisie Non,
448
e chose proposait une ferveur nouvelle, et chaque
être
un plus prenant sourire. Cependant que ma joie — un état de grâce, un
449
re, ne pouvait non plus s’imaginer qu’elle en pût
être
privée. Alors, acquiesçant vivement à l’invite que je soupçonnais la
450
ser — et des baisers à tous les vents — qu’il eût
été
loisible d’attribuer comme objet à ma jubilation, non pas ce but peut
451
ainsi que fidèle à soi-même au plus profond de l’
être
, on entretient comme une arrière-pensée sagace et obstinée l’assuranc
452
elle de l’individu — en dehors du corps. Et ce ne
sont
point là jeux d’idées et jongleries verbales. Regards au-dessus de l’
453
fonde qu’elle n’a pas besoin de s’expliciter pour
être
efficace — qui m’interdit de nommer ce dont je ne veux plus souffrir.
454
ommer ce dont je ne veux plus souffrir. (Car il n’
est
peut-être qu’une espèce de souffrance véritablement insupportable, c’
455
certitude… Ô vérité, ma vérité, non pas ce que je
suis
, mais ce que de toute mon âme je veux être !… 1. La véritable desc
456
que je suis, mais ce que de toute mon âme je veux
être
!… 1. La véritable description de l’élan supposé dans le premier e
457
ion de l’élan supposé dans le premier exemple, ce
serait
le récit des gestes qu’il m’aurait fait commettre. Manifester est plu
458
gestes qu’il m’aurait fait commettre. Manifester
est
plus sincère qu’analyser. 2. D’ailleurs toute la psychologie moderne
459
vue. Mais nous savons, tout comme M. Coué, que ce
serait
de mauvaise méthode. Et, comme M. Coué, nous nous persuadons que tout
460
mais, nous semble-t-il, notre revue a sa raison d’
être
. La vie d’aujourd’hui, on le sait, nous oblige à nous affirmer ou à r
461
araître parfois quelque peu impertinente. Le fait
est
que nous éprouvons irrésistiblement l’obligation d’être nous-mêmes. E
462
ue nous éprouvons irrésistiblement l’obligation d’
être
nous-mêmes. Et, disons-le tout de suite, c’est en cela uniquement — ê
463
sons-le tout de suite, c’est en cela uniquement —
être
nous-mêmes — que consistera notre programme. Sans doute, les différen
464
. Sans doute, les différences s’accusent : mais n’
est
-ce pas la meilleure raison pour nos aînés de chercher plus patiemment
465
aurions aller, et qui, nous voulons l’espérer, ne
sera
pas sans leur donner quelque bénéfice en retour. Certes, nous ne dema
466
ès tant d’autres, avant tant d’autres. « Amis, ce
sont
les jeunes qui passent… » Pas question de les saluer ni d’emboîter le
467
s offrent et de les considérer avec sympathie. Il
est
bien facile de s’écrier : « Après moi, le déluge ! », et de se détour
468
n a coutume d’appeler notre « désordre ». Mais on
est
toujours le fils de quelqu’un… Et, peut-être, la considération du « d
469
juger si nous avons de quoi faire les modestes…
Être
nous-mêmes, avons-nous dit, c’est à la fois notre but et notre excuse
470
et notre excuse en publiant cette revue. Nous ne
sommes
pas « une revue littéraire de plus » ; nous ne voulons pas être « l’e
471
revue littéraire de plus » ; nous ne voulons pas
être
« l’expression de la jeunesse romande ». Nous sommes autre chose. (Be
472
tre « l’expression de la jeunesse romande ». Nous
sommes
autre chose. (Belles-Lettres est toujours « autre chose ».) Nous ne p
473
mande ». Nous sommes autre chose. (Belles-Lettres
est
toujours « autre chose ».) Nous ne prétendons pas plus être « bien be
474
urs « autre chose ».) Nous ne prétendons pas plus
être
« bien bellettriens » — prétention éminemment peu bellettrienne. Que
475
» — prétention éminemment peu bellettrienne. Que
sommes
-nous donc ? Le plus qu’on puisse dire, c’est que vous le saurez un pe
476
reprenne mes paroles, qu’on me les oppose. Ce ne
sont
pas les termes d’un traité de paix. Entre moi et vous, c’est la guerr
477
grande race des torrents ». Génie inégal s’il en
fut
, voici parmi trop de talents intéressants, un écrivain qui s’impose a
478
n lyrisme inouï. Que Louis Aragon ne se croie pas
tenu
de justifier ses visions par le moyen d’une métaphysique aussi préten
479
itable « mythologie moderne ». Le Paysan de Paris
est
une suite de promenades dont la composition n’est pas sans rappeler c
480
est une suite de promenades dont la composition n’
est
pas sans rappeler celle des Nuits d’octobre de Nerval ; forme qui per
481
de nuit, d’une devanture, d’un parc public. Ce n’
est
pas le meilleur livre de l’auteur d’Anicet. C’est pourtant un des plu
482
col roide, En souffrance mes baisers. L’amour
est
un alibi Nos lèvres sitôt que jointes, Ô dernier mensonge tu, Je
483
on d’une race entre toutes bénie — par qui ? elle
était
anticléricale, on ne saurait le taire, — Urbain dormait. L’étoile, je
484
eux et ne vit rien. On rappelle que les étoiles s’
étaient
décrochées de leur poste dans l’éternité. « Éternité désaffectée, c’e
485
er 1927, l’information suivante : Mardi dernier a
été
célébré en l’église grecque de la rue Georges Bizet le mariage de M.
486
d avec la princesse Hélène-C. Soutzo. Les témoins
étaient
pour le marié : M. Philippe Berthelot, secrétaire général du ministre
487
le des Conférences, devant un très bel auditoire,
est
un des plus passionnants et des plus controversés de l’histoire. L’un
488
oversés de l’histoire. L’un de ceux, aussi, où il
est
le plus difficile de rester impartial. M. Lombard, recteur de l’Unive
489
non d’après un système préconçu. (Cette attitude
est
plus rare qu’on ne le croit, de nos jours.) M. Esmonin montra avec be
490
loux de ses droits considérables encore ; puis ce
sont
les conseillers intimes du roi, un jésuite, le père Lachaise, un arch
491
r le ciel, persuadent Louis XIV que la révocation
serait
une œuvre digne du Roi-Soleil et capable de lui faire pardonner les e
492
ou de force tous ceux qui resteront « Les enfants
seront
du moins catholiques, si les pères sont hypocrites », écrit Madame de
493
enfants seront du moins catholiques, si les pères
sont
hypocrites », écrit Madame de Maintenon. Mais bientôt l’on voit la Fr
494
l’on voit la France se dépeupler ; des industries
sont
presque anéanties ; les conséquences funestes de l’acte de révocation
495
arrachées par Louis XIV au pape, les catholiques
sont
loin d’être unanimes à louer la révocation. L’un d’eux s’indigne, dan
496
ar Louis XIV au pape, les catholiques sont loin d’
être
unanimes à louer la révocation. L’un d’eux s’indigne, dans une lettre
497
une lettre à Louvois, de ce que « les dragons ont
été
les meilleurs prédicateurs de notre Évangile ». Et les persécutions c
498
les tourmente. Mais il faudrait d’abord qu’ils se
soient
délivrés d’eux-mêmes pour que ce mot, ce geste, soient possibles. C’e
499
t délivrés d’eux-mêmes pour que ce mot, ce geste,
soient
possibles. C’est d’Armande surtout qu’on les attendrait, plus franche
500
ais combien cette analyse trahit Barbey : son art
est
justement de voiler les intentions du récit et de les exprimer seulem
501
ne image qu’on garde comme un pressentiment. Ce n’
est
qu’à force de discrétion dans les moyens qu’il parvient à une certain
502
Paysages tristes et sans violence, autour de ces
êtres
dont la détresse est d’autant plus cruelle qu’elle est contenue sous
503
ns violence, autour de ces êtres dont la détresse
est
d’autant plus cruelle qu’elle est contenue sous des dehors trop polis
504
ont la détresse est d’autant plus cruelle qu’elle
est
contenue sous des dehors trop polis. Une fois fermé le livre de Barbe
505
cendie, deux visages tordus de passion. Cette fin
est
admirable, dont la brutalité si longtemps désirée délivre Jacques d’u
506
L’on aime que, pour certains hommes, écrire ne
soit
que le recensement passionné de leur vie, ou l’aveu déguisé d’une ins
507
’une insatisfaction qu’elle leur laisse. Montclar
est
l’auteur de vers de jeunesse auxquels il ne tient guère, et l’on comp
508
r est l’auteur de vers de jeunesse auxquels il ne
tient
guère, et l’on comprend que ce journal bientôt les rejoindra dans l’a
509
l’armoire aux souvenirs. Cette façon de ne pas y
tenir
, qu’il manifeste en toute occasion de sa vie est peut-être ce qui nou
510
enir, qu’il manifeste en toute occasion de sa vie
est
peut-être ce qui nous le rend le plus sympathique. « Officiellement c
511
ait dans Proust, si les passions qu’il nous peint
sont
ici tant soit peu russes, et là, gidiennes. Il se connaît assez pour
512
t, si les passions qu’il nous peint sont ici tant
soit
peu russes, et là, gidiennes. Il se connaît assez pour savoir ce qui
513
gidiennes. Il se connaît assez pour savoir ce qui
est
en lui de l’homme même, ou de l’amateur distingué, — et ne peut pas n
514
ratages » naît le perpétuel besoin d’évasion qui
est
la condition de son progrès moral. C’est ainsi qu’il consent, non san
515
nce où souvent l’on finit. Et peut-être l’amour n’
est
-il possible qu’entre deux cœurs que l’épreuve du plaisir n’a pas exté
516
à se faire souffrir rejette l’un vers l’autre ces
êtres
égoïstes, et fonde lentement leur amour, à force de petites blessures
517
nt leur amour, à force de petites blessures. Ce n’
est
pas le moins troublant d’une telle vie, cette sagesse un peu sombre q
518
morts du plaisir », car elle sait « qu’entre les
êtres
, le bonheur est un lien sans durée. Seules la souffrance ou de secrèt
519
», car elle sait « qu’entre les êtres, le bonheur
est
un lien sans durée. Seules la souffrance ou de secrètes anomalies ont
520
ecrètes anomalies ont un pouvoir d’éternité. » Il
est
juste, ce me semble, d’insister sur ce qui forme dans le récit de cet
521
autaine. Que la composition de cette réminiscence
soit
assez facile et « artiste » on hésite à en faire reproche à l’auteur.
522
à l’auteur. Cette espèce de modestie de l’allure
est
rare autant que sympathique, dans le temps que sévit l’inflation litt
523
oublier que ce livre d’une résonance si humaine,
est
mieux que charmant, — douloureux et désinvolte, glacé, passionné. a
524
i le drame sur vos traits seulement ; l’écho n’en
fut
que plus douloureux dans mon cœur. Puis je vous ai oubliée. Puis je v
525
tirante ; et je pensais que la force de mon désir
était
telle que vous en éprouviez vaguement la menace. Je dis menace, parce
526
ssis à l’écart. On me demandait, en passant, si j’
étais
malade. Je désignais d’un geste incertain quelques bouteilles de cham
527
l’ivresse, mais non certaines douleurs. Même, je
fus
obligé de confier à un ami que j’en avais repris … Les archets jouaie
528
gentillesse d’une autre femme dont le seul défaut
fut
de m’aimer… (Froid aux genoux, odeur de vieille fumée, et ce refus au
529
s d’oriflammes sur l’orchestre pensif. Ton regard
est
plus grand que le chant des violons. Aube dure ! En ma tête rôde ton
530
, tout enfiévré par la crainte du réveil. Puis je
suis
revenu dans ces rues où je vous rencontrais parfois, du temps que j’i
531
aqué, souriante… Enfin, un peu après 6 heures, je
suis
sorti. Il y avait beaucoup de monde dans les rues, sous la pluie. Les
532
maladroits, contradictoires… Un autobus de luxe s’
était
arrêté tout près de moi. Je vis un visage à l’intérieur se pencher ve
533
dames. Personne ne parlait. La jeune femme qui s’
était
penchée vous ressemblait tant. Mais je n’osais presque pas la regarde
534
edonnait tout son empire à ma timidité. Peut-être
était
-ce vous. Je ne saurai jamais. À l’arrêt de la Place Saint-Michel, ell
535
usieurs heures avant de retrouver ma rue. Il doit
être
maintenant 5 heures du matin. Premiers appels d’autos dans la ville,
536
aube incolore. Il y a vingt-quatre heures donc, j’
étais
encore au bal. Cette constatation machinale ne correspond à rien dans
537
che de tout ce qui me navre au plus intime de mon
être
… Le revolver est chargé, sur cette table. (Je le caresse, entre deux
538
me navre au plus intime de mon être… Le revolver
est
chargé, sur cette table. (Je le caresse, entre deux phrases.) Mais vo
539
Orphée sans charme (février 1927)g « Cet âge
est
sans pitié. » « Le véritable symbole n’est jamais prévu par l’auteur
540
t âge est sans pitié. » « Le véritable symbole n’
est
jamais prévu par l’auteur », écrivait Cocteau dans la préface des Mar
541
ent concerté la possibilité. Orphée, par exemple,
serait
un poète surréaliste. « Il faut jeter une bombe, dit-il, il faut obte
542
Madame Eurydice Reviendra Des Enfers. » — « Ce n’
est
pas une phrase, s’écrie-t-il, c’est un poème, un poème du rêve, une f
543
Art chrétien, a-t-on dit5. Certes, cette pièce n’
est
pas dépourvue de certaines des qualités qui, selon Max Jacob, permett
544
Les anges véritables qui connaissent les signes
Sont
moins bons acrobates… (etc.)… Cocteau s’est trop exercé avant de se
545
nes Sont moins bons acrobates… (etc.)… Cocteau s’
est
trop exercé avant de se lancer sur la corde raide. Je suis sûr qu’il
546
exercé avant de se lancer sur la corde raide. Je
suis
sûr qu’il ne tombera pas. J’admire sans émoi. ⁂ Certes, les qualités
547
. ⁂ Certes, les qualités scéniques de cette pièce
sont
grandes. Je ne saurais même indiquer aucun endroit par où elle pèche
548
ai style de théâtre, d’une netteté qui pourtant n’
est
pas maigre, d’une familiarité dramatique qui cerne le mystère d’un tr
549
Puisque ces mystères me dépassent, feignons d’en
être
l’organisateur », disait le photographe des Mariés. Dans Orphée, le m
550
fois de plus que l’atmosphère de l’« art pur » n’
est
pas respirable. Il ne manque rien à Orphée, sinon peut-être cette ind
551
spensable « part de Dieu » — comme dit Gide — qui
serait
aussi la part de l’humain, l’imperfection secrète qui fait naître l’a
552
te qui fait naître l’amour. Parce que la création
est
venue après la théorie. Parce qu’une fois de plus, Cocteau a comprimé
553
les de l’art, mais que l’essence obtenue, si elle
est
de rose, est sans parfum. (Tout de même, Cocteau est un poète : j’e
554
mais que l’essence obtenue, si elle est de rose,
est
sans parfum. (Tout de même, Cocteau est un poète : j’en verrais une
555
e rose, est sans parfum. (Tout de même, Cocteau
est
un poète : j’en verrais une preuve, pour mon compte, dans le fait que
556
pouvons faire quelque chose. Que diable ! nous ne
sommes
pas des imbéciles, nous ne sommes pas de ces gens qui croient que 2 e
557
iable ! nous ne sommes pas des imbéciles, nous ne
sommes
pas de ces gens qui croient que 2 et 2 font 22, et qui confondent Jér
558
vaient en hurlant : « Bas-toi là, bas-toi là ! »…
Est
-il plus atroce spectacle que celui d’une maîtresse jadis belle et dis
559
. Naissance de Cinématoma Cinq bellettriens
furent
commis au soin d’engendrer cet adorable monstre. Ils se réunissent pa
560
tre deux cafés-nature, et presque sans qu’il s’en
soit
rendu compte. Clerc entrevoit un projet à deux faces. Lugin, qui est
561
lerc entrevoit un projet à deux faces. Lugin, qui
est
théologien, et de la Tchaux, n’a pas la foi. Topin, Mahomet désabusé,
562
teur de Gogol à l’époque où le Cuirassé Potemkine
était
interdit à l’écran. Pitoëff avait prêté un accent, Mme d’Assilva deux
563
boutit coïncide avec un mouvement dont lui-même s’
est
plu à relever les indices chez ses jeunes contemporains, et qu’il vie
564
d’un homme qui en sait long… Et, certes, il faut
être
un peu mage pour porter tant de richesses avec cette mélancolique grâ
565
mélancolique grâce. Si quelques-uns de ses bijoux
sont
taillés comme ceux de Giraudoux, j’y vois un signe charmant d’amitié
566
ais elle a dû le trouver un peu froid, n’aura pas
été
tentée de lui faire ces confidences qu’elle livre si facilement au hé
567
rgueilleuse raison à nous tromper sur tout ce qui
est
profond en nous, et elle ne manque guère à ce devoir sacré ». M. Jalo
568
tient entre ces deux inconscients : l’époque et l’
être
secret du héros. Il sait mieux que quiconque aujourd’hui faire éclate
569
nne ne peut juger du drame qui se joue entre deux
êtres
, personne, pas même eux ». Dans ce roman, comme dans l’Âge d’or, un d
570
dans l’une des dernières phrases de Sylvie : « Là
était
le bonheur, peut-être… »). Mais le ton reste si léger, spirituel, fan
571
ou L’éloge du Miracle (mars 1927)i Surprendre
est
peu de chose, il faut transplanter. Max Jacob. Ce soir-là, le progra
572
décor très pauvre, légèrement coloré. Le principe
est
simple : « Je vous aime » se traduit par trois ou quatre claques sur
573
Aussi : « Elle mourut. » On voit que cette bande
est
antérieure à l’époque du long baiser de conclusion. Le film japonais
574
e, vue par-dessous. Quelques miracles qui suivent
sont
embrumés dans mon souvenir par le rayonnement de la robe, fleur qui s
575
clé… Un enterrement bourgeois, mais le corbillard
est
traîné par un dromadaire, d’ailleurs dételé. Les amis affligés mangen
576
s demandions grâce de trop de plaisir. Mais je ne
suis
pas sûr que le plaisir du public fût de même essence que le nôtre. Le
577
Mais je ne suis pas sûr que le plaisir du public
fût
de même essence que le nôtre. Les gens rient à l’enterrement au ralen
578
ement des têtes de poupées, à la conclusion. Ce n’
est
pas le bon rire de cinéma. Quand la danseuse paraît, ils n’attendent
579
c’est cochon ! » Mais le moment ne vient pas, ils
sont
déçus. Enfin, mon voisin, un agent, murmure : « On va tous devenir fo
580
ma doit nous « transplanter », un certain naturel
est
de rigueur ; toute bizarrerie détourne du véritable miracle auquel no
581
le auquel nous assistons. Mais de pareils défauts
sont
presque inévitables dans une production de début, et Entr’acte mérite
582
ns une production de début, et Entr’acte mérite d’
être
ainsi qualifié : c’est peut-être le premier film où l’on a fait du ci
583
ns, c’est le fait d’un art à sa maturité. Mais ce
sont
là critiques de style. D’ores et déjà, il faut admirer dans les films
584
cinéma. C’est la photographie d’une chose qui ne
serait
étonnante que dans le réel ; ce n’est pas encore un miracle de ciné.
585
e qui ne serait étonnante que dans le réel ; ce n’
est
pas encore un miracle de ciné. Et les fées paraissent vieux jeu avec
586
de découvrir la richesse immédiate. Surréel qui n’
est
pas synonyme d’incompréhensible, non Madame, car alors quoi de plus s
587
s quoi de plus surréaliste que le film 1905. Ce n’
est
peut-être qu’une question d’imagination ; il reste qu’un film comme E
588
imagination ; il reste qu’un film comme Entr’acte
est
une aide puissante. Nous faisons nos premiers pas, étourdis, dans un
589
un pays d’illuminations vertigineuses, et nous en
sommes
encore à nous frotter les yeux… Peut-être, quand nos regards plus ass
590
ge sur les générations nouvelles et leurs maîtres
soit
lu par tous ceux qui cherchent à s’orienter dans la crise moderne. M.
591
de l’absolu à la fois mystique et anarchique : ce
sont
bien les grands traits de notre inquiétude. (Mais peut-être M. Rops a
592
ésumer en deux mots : inquiétude ou foi. Dès lors
sont
-elles vraiment les deux termes d’un dilemme, l’une n’étant que le che
593
es vraiment les deux termes d’un dilemme, l’une n’
étant
que le chemin qui mène à l’autre ? Car la foi naît de l’inquiétude au
594
l’inquiétude autant que la sérénité… Au reste, n’
est
-elle pas de M. Rops lui-même, cette phrase qui formule admirablement
595
7)j Ah ! je sens qu’une puissance étrangère s’
est
emparée de mon être et a saisi les cordes les plus secrètes de mon âm
596
s qu’une puissance étrangère s’est emparée de mon
être
et a saisi les cordes les plus secrètes de mon âme, qu’elle peut fair
597
ier l’ennui de ma révolte ? Aragon sarcastique se
tient
là-bas dans un rayon échappé des Enfers — auxquels je crois encore, e
598
. On dit : « C’est incompréhensible ! » — et l’on
est
enfin rassuré. C’est incompréhensible !, trois mots dont l’un savant
599
malaise, et vous rallumez votre cigare. Vous vous
êtes
assuré que la porte ferme bien sur l’infini. Rien à craindre de ce cô
600
rire d’Aragon, c’est l’éclat de sa joie brusque d’
être
seul sur un faux sommet vers quoi des faibles s’efforcent — mais déjà
601
7. » Il s’agit bien de critique littéraire ! Nous
sommes
ici en présence d’une des tentatives de libération les plus violentes
602
elques portes de sortie » ou compromis : « Nous
étions
dominés par le sens d’une réalité morale absolue que certains d’entre
603
Vautel, le matérialisme le plus pauvre auquel se
soit
jamais abaissée une civilisation. Mais nous sommes encore quelques-un
604
soit jamais abaissée une civilisation. Mais nous
sommes
encore quelques-uns à jouer nos derniers atouts sur notre salut. Nous
605
courons enfin l’Aventure. « Le salut pour nous n’
est
nulle part9 ». Ultime affirmation d’une foi que plus rien ne peut dup
606
vous aurez beau rire, pharisiens, et dire qu’elle
est
née dans un café de Paris. « Je n’attends rien du monde, je n’attends
607
oublier certaines morales d’extrême moyenne d’où
sont
exclues toutes grandeurs au profit de fuites lâches qu’on veut nommer
608
rophète qui rapprenne comment aimer un Dieu. Ce n’
est
pas à genoux qu’on attendra : pour que cela eût un sens, il faudrait
609
attendra : pour que cela eût un sens, il faudrait
être
sûr de n’avoir pas la tête en bas par rapport au soleil. Quelques ges
610
les messages égarés de l’infini… Un tel homme, —
est
-ce encore Aragon, sinon qui ? — sa grandeur, c’est qu’il lui faut att
611
du scandale pour le scandale qui a le mérite de n’
être
pas qu’un jeu littéraire. Mais enfin, c’est encore un Musset, seuleme
612
ment transposé dans notre siècle et chez qui tout
est
devenu de quelques degrés plus violent, plus acerbe, plus profond. En
613
a grande race des torrents. » Une belle phrase, n’
est
-ce pas ? Je ne sais qu’un Montherlant qui pourrait l’oser dire comme
614
Et ce que je prenais pour le ton prophétique, ne
serait
-ce pas plutôt une sorte de donquichottisme assez fréquent dans les ca
615
ez fréquent dans les cafés littéraires et dont il
serait
le premier à s’amuser ? Février 1927. Relu Une vague de rêves et la
616
e littérature — : « Un mysticisme creux et affamé
est
le contrecoup du christianisme dans les âmes profondes ou délicates q
617
nisme dans les âmes profondes ou délicates qui ne
sont
pas devenues chrétiennes. » « Le salut pour nous n’est nulle part. »
618
as devenues chrétiennes. » « Le salut pour nous n’
est
nulle part. » Nulle part, pensais-je : le salut n’est pas là, ou là,
619
nulle part. » Nulle part, pensais-je : le salut n’
est
pas là, ou là, à Rome, à Athènes, à Moscou, dans cette doctrine, dans
620
ez basses, nous le savons… Mais pour Aragon, ce n’
est
point façon de parler. Son « nulle part » est sans dérobade possible
621
e n’est point façon de parler. Son « nulle part »
est
sans dérobade possible par sous-entendu. Pas plus « ailleurs » que su
622
Crevel. Pourtant, le plus irrévocable désespoir n’
est
encore qu’un appel à la foi la plus haute. 1er mai 1927. Mieux vau
623
iasme trompe moins que le bon sens. Don Quichotte
est
tout de même moins misérable que Clément Vautel — et si ce nom revien
624
ules le droit à parler des choses de la foi comme
étant
d’un ordre qui leur échappe ; de même je récuse ici certain sens crit
625
se ici certain sens critique dont on voudrait que
soient
justiciables les œuvres d’un écrivain, les démarches de sa pensée, se
626
re armé de l’appareil à frigorifier de sa raison,
est
destiné à dire des bêtises. Cf. certaines remarques — pas toutes — de
627
. — Il y a un certain temps déjà que nous ne nous
sommes
revus. Mais je suis vos travaux avec intérêt, et il m’a paru que depu
628
temps déjà que nous ne nous sommes revus. Mais je
suis
vos travaux avec intérêt, et il m’a paru que depuis quelque temps… en
629
is quelque temps… enfin, comment dirais-je… je me
suis
dit que je pourrais, en quelque sorte, vous être de quelque utilité…
630
suis dit que je pourrais, en quelque sorte, vous
être
de quelque utilité… Moi. — Ah ! oui, oui… c’est cela, utilité,… en e
631
jours-ci, beaucoup trop à faire, beaucoup trop d’
êtres
et de choses à aimer, et vous savez ce que cela suppose. Comprenez-mo
632
, à mon estime la plus vive. Mais décidément nous
sommes
débordés, voyez vous-même, pas moyen de causer aujourd’hui… Quoi ?… B
633
ire sans vous. Mais n’oubliez pas que « l’artiste
serait
peu de chose s’il ne spéculait sur l’incertain », c’est un académicie
634
dessus pour la Revue ? Mais plus tard, plus tard.
Tenez
, voici un traité de métaphysique, vous lirez ça en attendant. Très bi
635
la ne condamne pas et la santé et la raison. Il s’
est
trouvé des Maurras et autres « héritiers de la grande tradition gréco
636
er. Voilà bien leur désinvolture, car enfin, elle
est
déesse. Mais entre leurs mains qu’est-elle devenue ? C’est bien leur
637
enfin, elle est déesse. Mais entre leurs mains qu’
est
-elle devenue ? C’est bien leur faute si elle nous apparaît aujourd’hu
638
c’est vous qui l’aurez voulu, mais tant pis, nous
serons
du Nord. Nous serons romantiques. Nous serons barbares, désordonnés,
639
z voulu, mais tant pis, nous serons du Nord. Nous
serons
romantiques. Nous serons barbares, désordonnés, brumeux, absurdes, vi
640
ous serons du Nord. Nous serons romantiques. Nous
serons
barbares, désordonnés, brumeux, absurdes, vivants, libres. Avec la po
641
Les œuvres les plus significatives de ce siècle
sont
écrites en haine de l’époque12. Le reproche d’obscurité que l’on fait
642
bscurité que l’on fait à la littérature moderne n’
est
qu’une manifestation de ce divorce radical entre l’époque et les quel
643
lques centaines (?) d’individus pour qui l’esprit
est
la seule réalité. C’est pourquoi nous ne pourrons plus séparer du con
644
0 ans, une révolution en fonction du capitalisme.
Est
-ce que vraiment vous ne pouvez vous libérer de cette manie française,
645
ce qu’il inspire ? Alors que cette réaction même
est
ce qu’il y a de plus français ; que c’est elle qui donne au surréalis
646
t, si déplorablement français. Et puisque nous en
sommes
au surréalisme, ce produit parisien qui, comme tout ce qui est parisi
647
lisme, ce produit parisien qui, comme tout ce qui
est
parisien, hait Paris mais ne saurait vivre ailleurs… Mais non, il y a
648
trop à dire, et puis l’on croirait encore que je
suis
avec ceux qui traitent Aragon, Breton et leurs amis alternativement d
649
de chacals, de déments. Et puis surtout, l’heure
est
venue de clore des discussions énervantes où s’épuise vainement une d
650
ce que ces « maudits » ont la grâce, parce qu’ils
sont
la vie, même quand ils appellent la mort, parce qu’ils ont la passion
651
à la limite de nos forces, notre joie parmi vous
fut
une très grande joie. Saint-John Perse. Nous appelions une Révolutio
652
gloire et la sénilité, etc., etc. Et certes ce n’
étaient
pas des êtres, mais leurs abstractions que nous haïssions. Notre hain
653
nilité, etc., etc. Et certes ce n’étaient pas des
êtres
, mais leurs abstractions que nous haïssions. Notre haine de certaine
654
de révolution pour vivre, pour nous perdre. Vivre
était
devenu synonyme de magnifique perdition dans des choses plus grandes
655
volution — la russe, par exemple — parce que ce n’
est
pas encore assez révolution ; parce que cette révolution ne demandait
656
tion ne demandait qu’à s’asseoir et que son siège
était
fait. Nous aimions la Révolution qui nous perdrait corps et biens dan
657
sille : Nous avons tous fait ça Plus ou moins, n’
est
-ce pas ? Et puis l’aiguille divague vers des souvenirs, quand nous a
658
mais voyons des affaires plus sérieuses. Et tout
est
dit. Ah ! c’est vrai, il allait oublier, il y a encore cette histoire
659
ncore des gens pour qui les limites de l’anarchie
sont
: chanter l’Internationale dans les rues, faire la noce, écrire un li
660
ce définitive de notre absurdité. Car l’homme « s’
est
fait une vérité changeante et toujours évidente, de laquelle il se de
661
hoix : inconscience de ruminants ou neurasthénie,
est
-ce que vraiment vous vous êtes tellement amusés avec vos chers princi
662
ts ou neurasthénie, est-ce que vraiment vous vous
êtes
tellement amusés avec vos chers principes. Révolution, ce n’est plus
663
musés avec vos chers principes. Révolution, ce n’
est
plus détruire, ce n’est plus combattre, c’est l’épanouissement violen
664
ncipes. Révolution, ce n’est plus détruire, ce n’
est
plus combattre, c’est l’épanouissement violent d’une immense fleur pa
665
lies et de joies ; n’allez pas nous toucher, nous
sommes
dangereux. Un orage de tendresse va crever sur le monde. Aigles d’amo
666
prodiges à cette invite la plus persuasive : nous
sommes
prêts à les accueillir. 7. Une vague de rêves (dans Commerce). 8.
667
e rêve, c’est la tyrannie des souvenirs ; et ce n’
est
pas se libérer que de brasser ces chaînes sonores. 9. Lettre à Paul
668
doxal. 11. Les livres les plus répandus à Genève
sont
Ma vie et mon œuvre de Ford et Mon curé chez les riches. Très loin de
669
rrait, École suivait une femme dans les rues tant
soit
peu métaphysiques d’une capitale de mes songes. On exigeait d’une sai
670
’ailleurs invraisemblables, qu’à leurs reflets se
fussent
évanouis des arcs-en-ciel de névroses dans tous les poèmes où détress
671
u’on ne manque pas le train bleu d’un désir. Elle
était
donc venue. Il la suivait entre les devantures qui se passaient de l’
672
mitié mortel de tout ce qui n’arrive jamais. Il s’
est
trompé, ce n’est pas elle. Il pensa que c’était un ange, de ceux qui
673
out ce qui n’arrive jamais. Il s’est trompé, ce n’
est
pas elle. Il pensa que c’était un ange, de ceux qui vont à la recherc
674
ain et l’abattit d’un coup de revolver. Puis s’en
fut
avec un tact exquis, qui fut très remarqué. Le duc riait sous une tab
675
revolver. Puis s’en fut avec un tact exquis, qui
fut
très remarqué. Le duc riait sous une table, complètement ivre, et Bet
676
le : « Mon chéri, si j’aime la comtesse ? Mais tu
es
si laid que cela me donne encore plus de plaisir. » Le duc paya et s’
677
sir. » Le duc paya et s’enfuit en disant que ce n’
était
pas lui. L’enterrement aura lieu sans suite. Suicide du Marquis
678
dans l’amitié pensive des jardins. Une fenêtre s’
était
ouverte et des accords échappés tombaient, les ailes coupées. Puis le
679
ade en bateau À Grego More. Il disait : « Je
suis
né pour la mort. » Il fait assez beau pour que s’ouvre ce cœur de l’a
680
spire déjà l’odeur merveilleuse des objets et des
êtres
véritables. Un bateau ne glisse pas plus doucement vers le soleil du
681
tement, voici que tout va s’ouvrir, qu’un monde s’
est
ouvert devant lui. Et l’eau n’est pas moins somptueuse. Et bien sûr,
682
, qu’un monde s’est ouvert devant lui. Et l’eau n’
est
pas moins somptueuse. Et bien sûr, je n’ai pas bougé. C’est une quest
683
s bougé. C’est une question d’amitié. Pourtant je
suis
seul dès cette heure, et mes amis fuiront un lâche. Parce que je revi
684
qui regarde comme de l’autre bord, je songe qu’il
est
des visites à de certaines grandes dames où je préférais — et lui aus
685
va-t-elle redevenir le centre artistique qu’elle
fut
au siècle passé ? Allons-nous assister à un regroupement de ses force
686
groupement de ses forces créatrices ? La question
est
peut-être prématurée. Mais le seul fait qu’elle se pose me paraît ind
687
jeunes peintres neuchâtelois. Quant à savoir s’il
est
possible déjà de discerner parmi eux certaines tendances générales, n
688
’ignorent rien des courants les plus modernes, et
sont
bien situés pour n’en prendre que le meilleur ; mais l’émulation, l’a
689
s d’avant-garde, ce monde où tous les extrémismes
sont
prônés comme vertus cardinales, et qui forme ailleurs le premier publ
690
face de ce qu’on nomme le gros public. L’épreuve
est
pénible, énervante, souvent fatale aux novateurs. Alors ils s’en vont
691
ur en effet l’on apprend que tel tableau de jeune
est
« coté » chez un gros marchand. Aussitôt, les feuilles locales retent
692
as qu’il en faille gémir. Une certaine résistance
est
nécessaire pour que la force se développe. N’était certain petit plai
693
est nécessaire pour que la force se développe. N’
était
certain petit plaisir d’impertinence, je me fusse dispensé de redire
694
était certain petit plaisir d’impertinence, je me
fusse
dispensé de redire ces lieux communs, auxquels pourtant nos circonsta
695
i les peintres dont nous allons parler méritent d’
être
appelés jeunes, c’est par leurs œuvres avant tout. D’autre part je pr
696
me la peinture à la photographie. Une œuvre d’art
est
un merveilleux foyer de contagion contre lequel je ne saurais me prém
697
encore du flou, des courbes complaisantes. Meili
est
devenu plus net, plus cruel aussi. À Marin, près Neuchâtel, dans cett
698
en bleu vif et ornée de surprenants batiks, il s’
est
livré pendant quelques années à des recherches un peu théoriques et a
699
t personnages semblent d’une matière idéale. Tout
est
lisse et parfait. Trop parfait seulement. Il manque à ces recompositi
700
gravures sur bois colorées qu’il intitule la cité
est
un petit chef-d’œuvre de réalisme stylisé. C’est d’un art très volont
701
vent au Neuchâtelois. S’il casse des vitres, ce n’
est
pas seulement pour le plaisir, mais plutôt par amour du courant d’air
702
érange toujours quelques frileux, mais les autres
sont
soulagés. Et ne fût-ce qu’en prenant une initiative comme celle de Ne
703
ues frileux, mais les autres sont soulagés. Et ne
fût
-ce qu’en prenant une initiative comme celle de Neuchâtel 1927 7 il au
704
d’autres rapprochements moins paradoxaux. Donzé n’
est
pas de ceux pour qui la peinture consiste à habiller une idée. Voyez
705
r à la Hollande, sa seconde patrie si la peinture
est
sa première et Neuchâtel la troisième… Il y a par Eugène Bouvier quel
706
satisfaisant. Ce lyrique, ce mystique exige pour
être
compris une complicité de sentiments ou d’état d’âme. Je ne verrais g
707
aînés, dont on le puisse rapprocher, parce qu’il
est
un des rares peintres de ce pays pour qui la couleur existe avant tou
708
me, légères précipitations » annonce le bulletin.
Tiens
, me dis-je, Bouvier va peindre. Comme peintre religieux, il se cherch
709
une plus grande certitude intérieure. Les visages
sont
plus calmes, les couleurs s’avivent, le soleil est sur le point de re
710
nt plus calmes, les couleurs s’avivent, le soleil
est
sur le point de reparaître… Charles Humbert ou comment on passe en c
711
t on passe en cinq ans de Baudelaire à Rubens. Il
fut
un temps où l’on put craindre que Charles Humbert ne devînt le chef d
712
. Il peignait des natures mortes qui décidément l’
étaient
, à faire froid dans le dos ; ou bien des scènes d’une bizarre fantais
713
sait trop lâche. Mais aujourd’hui la mue semble s’
être
opérée. Humbert est rendu à lui-même. Il atteint son équilibre et sa
714
aujourd’hui la mue semble s’être opérée. Humbert
est
rendu à lui-même. Il atteint son équilibre et sa maîtrise avec une to
715
e avec une toile comme le Potier. Si la couleur n’
est
pas encore aussi plantureuse que les formes, il y a une belle richess
716
qui fait encore plus « Renaissance » : le costume
est
drapé avec un soin minutieux, mais une grande mèche insolente retombe
717
mèche insolente retombe devant le visage. Aurèle
tient
un livre ouvert, et ce n’est pas je pense qu’il le lise, mais il aime
718
le visage. Aurèle tient un livre ouvert, et ce n’
est
pas je pense qu’il le lise, mais il aime caresser la reliure qu’il do
719
a reliure qu’il doit avoir faite lui-même. Car il
est
artisan, dans le beau sens ancien du terme, tout comme son frère Char
720
ise aux dieux que les visages qui s’y reflèteront
soient
aussi beaux que ceux qu’il peint ou modèle, le soir, à la lampe, en c
721
enforce l’expression. Décidément ces trois frères
sont
une école. Délaissant un moment ce trésor du meilleur réalisme, que n
722
urions trouver guide plus pittoresque. Celui-ci s’
était
égaré en avant, très en avant, sans s’en apercevoir, peut-être. Il su
723
c’est un Renoir… Retournez-en une autre, ce doit
être
un dessin d’horlogerie, ou quelque plan d’une machine à mouvement per
724
e. Que va-t-il se passer là-dedans ? Et ces roses
sont
le signe de quel occulte prodige ? Intrigué, vous reprenez ce que vou
725
e ? Intrigué, vous reprenez ce que vous pensiez n’
être
qu’une épure : c’est intitulé « nature morte ». Pourquoi pas naissanc
726
nouvelles songeries ! Ces horlogeries impossibles
sont
des pièges à chimères. C’est ainsi qu’on fait une découverte. Attenti
727
machines à explorer l’au-delà. En vérité il faut
être
sorcier ou artiste pour changer en instruments métaphysiques ces bonn
728
res, rappelons le souvenir de Charles Harder, qui
est
mort jeune, sans avoir pu donner toute sa mesure. Il a laissé surtout
729
rincipes cubistes dans un art dont la genèse même
est
cubiste en quelque sorte, supposant une décomposition primitive en pl
730
ement féminine, une élégance aiguë. Notre revue n’
est
certes pas complète. Mais elle a du moins l’avantage de grouper des a
731
r un mouvement actif déjà, et dont Neuchâtel 1927
sera
la première manifestation collective. Est-il possible, au sein de ce
732
1927 sera la première manifestation collective.
Est
-il possible, au sein de ce mouvement, d’en distinguer d’autres plus o
733
t-être à la formation d’un groupe dont l’activité
serait
féconde en ce pays. D’autre part, des œuvres aussi différentes par le
734
tier, un goût pour la construction rigoureuse qui
sont
des éléments peut-être insuffisants pour caractériser une école, mais
735
de classicisme moderne dont les frères Barraud ne
seraient
pas très éloignés par d’autres côtés. Un avenir peut-être proche dira
736
e réalité artistique. Pour aujourd’hui, notre but
serait
suffisamment atteint si nous n’avions fait qu’affirmer l’existence et
737
une jeune peinture originale dans un pays qu’on s’
est
trop souvent plu à dire si âpre, prosaïque et d’une maigre végétation
738
rofond. Une famille juive dans le Marais. Le père
est
un tailleur, biblique, austère et probe, qui n’a d’ambition que pour
739
montant son dégoût, le père ajoute : « Notre sang
sera
vainqueur… Qu’ils m’oublient, qu’ils me méprisent ! Je les vois régne
740
ourne, méprisant : « Mais oui, je ne nie rien, je
suis
sans scrupules, on connaît mon orgueil : osez donc me condamner d’êtr
741
on connaît mon orgueil : osez donc me condamner d’
être
plus fort que cette bourgeoisie fatiguée, et de suivre le destin que
742
ort difficile (mai 1927)ai Le jeu de tout dire
est
une des plus tragiques inventions de l’inquiétude actuelle. Sous coul
743
pour s’en délivrer peut-être. Cette sincérité ne
serait
-elle à son tour que le masque d’un goût du malheur ? Le sujet profond
744
ilieu bourgeois, et l’on voit bien que l’auteur n’
est
pas encore détaché de la matière pour en tirer une œuvre d’art. La si
745
me certaines herbes. Capitale de la douleurak, ce
sont
de belles syllabes sereines, et dans cette ville, Éluard est le plus
746
es syllabes sereines, et dans cette ville, Éluard
est
le plus séduisant, le plus dangereusement gracieux des noctambules. R
747
il voudrait bien nous faire croire que le diable
est
l’auteur. Beaucoup d’oiseaux volètent, se balancent au bord des verre
748
ne femme qui va les étrangler doucement. Ces vers
sont
de jolies flèches empoisonnées. Quelque chose, tout de même, de laqué
749
pensée d’apologie, ou même simplement un besoin d’
être
aimés qui faussaient leurs voix pour les rendre plus touchantes. Celu
750
t infect et adonné à mal » (Calvin). Le tableau n’
est
pas beau, mais on y sent une « patte » qui révèle encore dans le fond
751
s des morceaux très divers qui composent ce livre
sont
bien mauvais, à côté d’autres magnifiquement jetés. Mais cette imperf
752
ui la rend sympathique. Et puis, tout de même, on
est
bien heureux de rencontrer chez les jeunes écrivains français un homm
753
s maîtres comme Keyserling, Ferrero, commencent à
être
prises au sérieux en France par quelques jeunes gens. Il faut louer D
754
eu d’avoir échappé au surréalisme en tant qu’il n’
est
que le triomphe de la littérature sur la vie, mais d’avoir su en gard
755
cérémonie : « La jeunesse, Monsieur…, la jeunesse
est
l’âge où l’on atteint la vie. On s’y maintient cinq ans, dix ans au p
756
logé, nourri, blanchi, mais non point diverti. J’
étais
bon, Monsieur, normalement bon. L’idée, par exemple, d’étrangler un c
757
isir me répugnait. Je détestais de peiner quelque
être
, même ennemi, — car celui-là je le méprisais trop sincèrement. » Vers
758
aïque à la fois et bêtement heureux. Le lendemain
était
le premier jour du printemps. Les rues riaient. Le ciel descendait da
759
Je sortis avec cette femme, qui m’aimait, et nous
étions
très jolis de bonheur et d’insouciance dans le bonheur de la saison.
760
lle déchirante nostalgie. Pour lui, sans doute, j’
étais
perdu. Mais il souffrait d’autre chose encore : il se savait vieux, m
761
urus dans ma chambre. Une demi-heure plus tard, j’
étais
à la gare, j’écrivais un mot d’adieu à ma maîtresse d’une nuit et je
762
s dans une direction quelconque. Il advint que ce
fut
celle de l’Italie. La lumière, mon pays natal ! — Je vécus d’articles
763
res : c’était l’annonce du décès de mon père. » J’
étais
assis à la terrasse ensoleillée d’un café ; une brise passa, et une f
764
t pour augmenter ma volupté. Bientôt je ne pus me
tenir
de chantonner. J’entrai dans un établissement luxueux d’où sortaient
765
elui justement que j’entrevoyais. » Quand elle se
fut
endormie, je me rhabillai. Je ne trouvai que 100 francs dans son sac
766
quel rapide de l’Europe centrale — région où l’on
est
forcé de prendre conscience de soi-même — je découvris une nuit, au m
767
au moment de m’endormir, que ma passion du vol n’
était
qu’une longue vengeance. Ne m’avait-on pas dérobé des années de joie
768
penseront jamais cette escroquerie morale dont je
fus
la victime, ce vol de quelques joies parfaites de ma jeunesse… Mais i
769
quelques joies parfaites de ma jeunesse… Mais il
est
trop tard, Monsieur, pour critiquer les modalités de ma vengeance. Ve
770
. Veuillez ne voir dans la confusion où je parais
être
engagé, du plan moral avec l’économique, qu’une expression nouvelle,
771
avorable, croyez-le bien… Le goût de la propriété
étant
à mon sens l’un des plus vulgaires et des plus généralement répandus,
772
rai, cher Monsieur, que l’analyse psychologique n’
est
pas mon fort. Je me contente de quelques observations théoriques que
773
ntente de quelques observations théoriques que je
tiens
pour vraies, et j’en vérifie les manifestations vivantes avec une pro
774
il, lâchant tout de suite ses compliments, ce qui
est
de mauvaise politique, — c’est l’extraordinaire netteté de votre vie.
775
c’est l’extraordinaire netteté de votre vie. Elle
est
sans bavures, sans réticences ; elle m’apparaît comme un divertisseme
776
sement perpétuel et dénué d’inquiétude. Et cela n’
est
pas sans me charmer, croyez-moi. Car, enfin, si je suis ici à vous éc
777
as sans me charmer, croyez-moi. Car, enfin, si je
suis
ici à vous écouter, c’est que je cherche ce qu’on est convenu d’appel
778
ici à vous écouter, c’est que je cherche ce qu’on
est
convenu d’appeler — pardonnez la lourdeur de l’expression — une règle
779
it de quelqu’une de ces farces d’étudiants qui ne
sont
que la traduction en actes de jeux de mots plus ou moins cruels… » —
780
mots, vous ne me trouvez pas sérieux. Le reproche
est
grave. Je ne saurais y répondre. Je pourrais vous dire que si vous me
781
dire que si vous me trouvez un peu potache, il n’
est
pas prouvé par là que le potache n’ait point raison. Mais justement j
782
agréablement paradoxal. Seulement, pour quiconque
est
aussi profondément persuadé que moi de l’absurdité radicale de notre
783
les idées émises dans la Revue de Belles-Lettres
sont
propres à leur auteur et qu’elles n’engagent pas sa responsabilité. (
784
atique, le mépris enfin de tous les principes qui
sont
à la base de la société même. » Ceci est tiré d’un livre récent sur
785
s qui sont à la base de la société même. » Ceci
est
tiré d’un livre récent sur Aloysius Bertrand. Est-ce vraiment aux rom
786
est tiré d’un livre récent sur Aloysius Bertrand.
Est
-ce vraiment aux romantiques de 1830 que ces reproches s’adressent, ou
787
lante des pommes de terre, jeune homme ! Quand tu
seras
au bout de la 20e ligne de 200 mètres, ce qui représente quatre kilom
788
nte quatre kilomètres de plantation, le siècle ne
sera
plus malade, les temps seront guéris de leur crise, les valeurs auron
789
ntation, le siècle ne sera plus malade, les temps
seront
guéris de leur crise, les valeurs auront retrouvé leur stabilité, et
790
tion russe… cet autre fait de la guerre… et puis,
tenez
! ce fait surtout de la sacro-sainte Raison utilitaire au service des
791
ste à nos yeux sacro-sainte : la liberté. Alors n’
est
-ce pas, merci du conseil, Monsieur Y. Z., de ce conseil que vous avou
792
. Z., de ce conseil que vous avouez modestement n’
être
pas inédit. Mais point n’est besoin de rappeler Candide : nous penson
793
vouez modestement n’être pas inédit. Mais point n’
est
besoin de rappeler Candide : nous pensons que bien avant Voltaire il
794
er cette méthode à leurs petits. Le « satisfait »
est
un être inadmissible aujourd’hui. À plus forte raison, le satisfait a
795
e méthode à leurs petits. Le « satisfait » est un
être
inadmissible aujourd’hui. À plus forte raison, le satisfait artificie
796
ger, vous lui dites que, « d’abord », son livre n’
est
pas sérieux. Il sourit. Vous ajoutez que le lyrisme des noms géograph
797
semble aujourd’hui que ce globe dans son voyage «
est
arrivé à un endroit de l’éther où il y a du bonheur ». Vous reconnais
798
du bonheur ». Vous reconnaissez que Pierre Girard
est
un peu responsable de cette douceur de vivre. Déjà vous ne niez plus
799
visage s’assombrit un peu. « Tous nos ennuis nous
seraient
épargnés si nous ne regardions que les jambes des femmes », dit-il, p
800
oir de ce plaisir. Un devoir !… Car hélas, l’on n’
est
pas impunément concitoyen de cet oncle Abraham qui interdit à Paterne
801
es cafés. Et puis, c’est égal, ce soir, tout cela
est
sans importance, car voici « l’heure des petits arbres pourpres, l’he
802
uelque part. Voyez ma franchise. Un peu grosse, n’
est
-ce pas ? D’autres prennent soin que leurs sincérités gardent au moins
803
omptent scandaleuse. Mais voici un bar où je vous
suis
. Vous y entrez plein de mépris pour Paul Morand par qui découvrîtes l
804
de Cambronne : hommage à Louis Aragon. Ce cristal
est
une citation de Valéry, cette œillade se souvient d’un vers d’Éluard1
805
, plumes dans le vent, poète au bar, le paradis n’
est
pas si cher. Il y en a aussi qui posent pour le diable et ne se baign
806
p qu’ils trouvent ça pittoresque. Et le plaisir d’
être
nu devant un public supposé dévot, et qui n’ose en croire sa pudeur,
807
tre indignation, quand il m’échappe une citation.
Seraient
-ce les guillemets qui vous choquent ? La vie ! — proclamiez-vous… S
808
qui vous choquent ? La vie ! — proclamiez-vous…
Soit
. Mais maintenant je vais me fâcher chaque fois que vous direz : « ext
809
qui ne pouvez pas même admettre que la simplicité
est
simple simplement. La bouche brûlée d’alcools, vous découvrez à l’eau
810
ls, vous découvrez à l’eau un goût étrange. L’eau
est
incolore, inodore et sans saveur. Mais fraîche. Ainsi, jusque dans vo
811
compter avec cette réalité de la littérature qui
est
en nous (dangereuse tant que vous voudrez). Mais ce refus n’est pas s
812
angereuse tant que vous voudrez). Mais ce refus n’
est
pas seulement comme vous pensez, d’une ingratitude salutaire, c’est r
813
sse, que j’éprouve la fermeté de ma main. Je vous
tiens
. Je sais où vous êtes. Vous n’allez pas me surprendre par-derrière. U
814
ermeté de ma main. Je vous tiens. Je sais où vous
êtes
. Vous n’allez pas me surprendre par-derrière. Une fois — et ce n’est
815
as me surprendre par-derrière. Une fois — et ce n’
est
pas que je m’en vante, — j’ai tué un amour naissant, à force de le cr
816
illit, s’entrechoque, s’annule. Poussière. Ma vie
est
ailleurs. L’addition, s’il vous plaît. Il est temps de sortir de ce c
817
vie est ailleurs. L’addition, s’il vous plaît. Il
est
temps de sortir de ce café et de ces jeux, simulacres de vie, qui son
818
de ce café et de ces jeux, simulacres de vie, qui
sont
à la vraie vie ce que le flirt est à l’amour. II Sur l’insuffisanc
819
s de vie, qui sont à la vraie vie ce que le flirt
est
à l’amour. II Sur l’insuffisance de la littérature On reconnaît
820
lui parle littérature. Mais il y a des mépris qui
sont
de sournoises déclarations d’amour. Tel qui raille l’Église et les cu
821
chose que la littérature. Que la littérature nous
est
un moyen seulement d’atteindre et de préparer d’autres choses, d’autr
822
es, d’autres actions, ou des états intérieurs qui
sont
parfois des actions en puissance15. Il faudrait des choses plus lourd
823
e que rien de ce qui nous importe véritablement n’
est
dicible. (Depuis le temps qu’on sait que la lettre tue ce qu’elle pré
824
e.) Vous me direz que la poésie, l’état poétique,
est
notre seul moyen de connaissance concrète du monde. Mais c’est à cond
825
écrive pas, même en pensée. La poésie pure écrite
est
inconcevable : cela consisterait dans l’expression directe de la réal
826
pression directe de la réalité individuelle. Elle
serait
tellement incommunicable qu’il deviendrait inutile de la publier. Et
827
passant à la limite, on peut imaginer que si elle
était
réalisée, on ne s’en apercevrait pas. Je pressens encore dans vos poè
828
dent même la problématique utilité de liaison qui
était
leur excuse dernière. Avouons-le : rien de ce qu’on peut exprimer n’a
829
du point de vue de la psychologie de l’écrivain,
est
un besoin organique, un peu anormal, que l’on satisfait dans certains
830
conscience tue la connaissance. (« Connaissance »
étant
pris avec son sens le plus profond, qui est proche du sens biblique.
831
e » étant pris avec son sens le plus profond, qui
est
proche du sens biblique. Il ne s’agit pas de la connaissance abstrait
832
ture : un vice ? Peut-être. Ou une maladie ? Ce n’
est
pas en l’ignorant par attitude que vous la guérirez. Au contraire, il
833
ontre, c’est d’un ridicule écrasant : mais rien n’
est
plus facile que d’y échapper. III Sur l’utilité de la littérature
834
tilité de la littérature Montherlant me paraît
être
le moins « littératuré » des écrivains d’aujourd’hui. Quand il parle
835
s. » Chercher des hommes ! Ah ! cher ami, nous ne
sommes
pas tant, n’est-ce pas, à poursuivre une quête de l’esprit. Et vous s
836
ommes ! Ah ! cher ami, nous ne sommes pas tant, n’
est
-ce pas, à poursuivre une quête de l’esprit. Et vous savez ce qu’elle
837
là, la littérature mériterait d’exister : qu’elle
soit
le langage chiffré de notre inquiétude et de nos naissantes certitude
838
-même ; que la mienne m’aide à découvrir quelques
êtres
par le monde… Il ne s’agit plus de mépris ni d’adoration. J’ai défini
839
us grands que les bienfaits que j’en escompte, il
sera
temps de songer sérieusement à m’en guérir. Vous me demanderez « alor
840
manderez « alors » ce que j’attends de ma vie. Je
serais
tenté de vous répondre, comme ce sympathique Philippe Soupault, que «
841
angent leur vie de telle sorte que leurs mémoires
seront
des romans « bien modernes ». Leurs amours sont des pastiches de Mora
842
seront des romans « bien modernes ». Leurs amours
sont
des pastiches de Morand, et ils en sont tout fiers : « Il n’y a plus
843
rs amours sont des pastiches de Morand, et ils en
sont
tout fiers : « Il n’y a plus qu’à les écrire ». o. « La part du feu.
844
, rédigés par Drieu la Rochelle et Emmanuel Berl,
sont
— avec la Revue de Belles-Lettres — la seule revue de langue frança
845
émocratisme et les athées du Capitalisme quand il
est
conscient de soi-même, et les athées du Socialisme et du Communisme.
846
— en ceci au moins. Nous nous retirons : et ce n’
est
pas que nous ayons brûlé toutes nos cartouches. Ni que l’indignation
847
ns de nos articles nous épouvante. Notre retraite
est
toute « statutaire » — si l’on ose dire. Elle nous permet donc de con
848
fois traités de fous (avec ou sans sourire). Nous
sommes
à l’âge de nous en réjouir. On s’est beaucoup étonné de nous voir « s
849
re). Nous sommes à l’âge de nous en réjouir. On s’
est
beaucoup étonné de nous voir « si différents » de nos aînés. Nous avo
850
homme qui recherche activement la Sagesse (« Ça n’
est
pas de votre âge ! ») ; de l’autre, on se scandalise des « énormités
851
cuper de prévoir les conséquences, puisqu’il n’en
est
aucune qui ne soit connue d’avance et stérilisée par la loi, les mœur
852
es conséquences, puisqu’il n’en est aucune qui ne
soit
connue d’avance et stérilisée par la loi, les mœurs et l’habitude. No
853
olution Tous les malentendus viennent de là. Nous
sommes
assez sages et assez fous pour ne pas en gémir et pour en accepter le
854
mitié qui ne trompe pas. Deux ou trois mots, on s’
est
compris. Que pouvions-nous espérer d’autre ? Il y eut quelques découv
855
e. Que nous apportera le Central de Genève ? Tout
est
possible : la guerre et la paix, la tradition, l’anarchie, l’ironie,
856
à cette lourde charge le poids de nos péchés. Ils
sont
bien nôtres. Et nous y tenons, ah ! comme nous y tenons ! q. « Adie
857
ds de nos péchés. Ils sont bien nôtres. Et nous y
tenons
, ah ! comme nous y tenons ! q. « Adieu au lecteur », Revue de Belle
858
bien nôtres. Et nous y tenons, ah ! comme nous y
tenons
! q. « Adieu au lecteur », Revue de Belles-Lettres, Lausanne-Neuchâ
859
ont guère de commun entre elles que la forme : ce
sont
de lentes réminiscences, des évocations intérieures, — et dans l’aban
860
nseur de ses 20 ans, d’une aventure qui aurait pu
être
… Un homme médite à côté du corps de son ami suicidé pour une femme qu
861
eux (L’Amie du Mort.) Ou bien c’est le récit d’un
été
de vacances, quand les premières inquiétudes du désir viennent troubl
862
vissantes amours d’adolescents. Et c’est Un vieil
été
. Cette nouvelle, très supérieure aux deux autres, est une réussite ra
863
Cette nouvelle, très supérieure aux deux autres,
est
une réussite rare par la justesse de l’observation autant que par la
864
avi de tant d’adresse sous un air de facilité qui
serait
presque de la nonchalance. M. Vaudoyer ressuscite ces adolescences av
865
et essais, dont certains — le Message de Rilke —
sont
du meilleur Jaloux, de ce Jaloux qui sait parler mieux que personne d
866
hèse de l’homme et de l’homme dans son œuvre, qui
est
peut-être plus vraie que le vrai, je veux dire, plus rilkienne que ne
867
que le vrai, je veux dire, plus rilkienne que ne
fut
Rilke. Rilke y apparaît comme une de ces âmes mystiques et raffinées
868
ilke, je compris que cet univers dont je rêvais n’
était
pas un objet de songe mais d’expérience ». Mais une telle « expérienc
869
Mais une telle « expérience », je crois, ne peut
être
sensible qu’à des êtres pour qui elle est en somme inutile : parce qu
870
ience », je crois, ne peut être sensible qu’à des
êtres
pour qui elle est en somme inutile : parce qu’ils possèdent déjà, au
871
e peut être sensible qu’à des êtres pour qui elle
est
en somme inutile : parce qu’ils possèdent déjà, au moins obscurément,
872
zetiers ; au cœur de ces sujets qui paraît-il, ne
sont
pas d’actualité : la solitude, la maladie, la peur. ao. « Edmond Ja
873
. Bien sûr, c’est cela, le malaise d’écrire. Bopp
est
très intelligent. Et plein de verve, et pas embarrassé du tout pour v
874
et si facultative », je me dis qu’il n’en saurait
être
autrement tant qu’on se tient à cette attitude scientifique, vis-à-vi
875
s qu’il n’en saurait être autrement tant qu’on se
tient
à cette attitude scientifique, vis-à-vis du phénomène littéraire. La
876
ène littéraire. La « Promenade » du héros de Bopp
est
une sorte de pensum. Cela rend peut-être moins convaincantes certaine
877
nspiration. D’autre part la simplicité de l’objet
était
nécessaire à la sécurité de cette sorte d’analyse, — encore que Bopp
878
— encore que Bopp ait prouvé dans son Amiel qu’il
était
de taille à affronter d’autres dédales ! Mais il a su mettre plus de
879
il n’y paraît d’abord dans ces 50 pages. Beaucoup
sont
excellentes et leur facilité même est une réussite. Léon Bopp, c’est
880
. Beaucoup sont excellentes et leur facilité même
est
une réussite. Léon Bopp, c’est le combat d’un tempérament avec l’espr
881
une secrète complaisance à se regarder vivre qui
est
bien d’aujourd’hui — entre autres. ap. « Léon Bopp : Interférences
882
ion. Comme d’habitude, un peu après six heures. J’
étais
seul. Le café est un lieu anonyme bien plus propice au rêve que ma ch
883
e, un peu après six heures. J’étais seul. Le café
est
un lieu anonyme bien plus propice au rêve que ma chambre où m’attende
884
: les faits-divers, rien de moins divers. Mais je
suis
pris dans l’absurde réseau des lignes, et cette mécanique me restitue
885
ambour livra un homme élégant et tragique, qui se
tint
un moment immobile, cherchant une table, puis s’avança lentement vers
886
rer comme une sorte de « personnage aux dés ». Ce
furent
d’abord des images décousues de sa vie, brillantes ou misérables, pas
887
que tu n’as pas beaucoup d’imagination, et que tu
es
un pauvre vaudevilliste qui use à tort et à travers de situations com
888
nt gagner à mes dépens, témoin ce brave homme qui
est
en train de me soutirer les quelque billets de mille dont je venais d
889
a musique noyait mes pensées. Je vis qu’une femme
était
assise à notre table, en robe rouge, et très fardée. Elle jouait avec
890
anger aussi se mit à me regarder bizarrement et j’
étais
possédé de joies et de peurs. Il fallut se lever, traverser le café d
891
elquefois je songe à ses paroles — ou peut-être n’
étaient
-ce que celles de mes folies ? Je me répète : paradoxes, mais cela ne
892
it plus à m’en délivrer. Ma vie m’a repris, je ne
suis
pas heureux. Je sais très bien que je devrais tenter quelque chose. J
893
très bien que je devrais tenter quelque chose. Je
suis
plein de rêves, certains soirs. Il faut pourtant rentrer chez moi, et
894
se et me regarde avec inquiétude, parce que je ne
suis
plus tout à fait le même. Puis elle me laisse, parce que le lait va m
895
e ; et il vaut la peine de le dire car la chose n’
est
pas si fréquente dans la production actuelle. On retrouve aux premier
896
re et sa richesse. L’enfance de Catherine à Paris
est
du roman pur ; la tournée des cours de l’Europe centrale, qu’elle sub
897
iatisé, vaguement prétendant au trône de Pologne,
est
plutôt d’un mémorialiste. Madame Bibesco y montre beaucoup de liberté
898
sez peu intéressante à vrai dire, parce qu’elle n’
est
pas à l’échelle de ce qui la précède. Ces défaillances de la techniqu
899
récède. Ces défaillances de la technique du roman
sont
sauvées par un style brillant, plein de trouvailles spirituelles, mal
900
spirituelles, malicieuses ou poétiques ; et ce n’
est
pas qu’il ne s’y glisse quelque préciosité ou quelques « pointes » fa
901
(février 1928)a On a trop dit que notre époque
est
chaotique. Je crois bien, au contraire, que l’histoire n’a pas connu
902
avènement de cette organisation toute-puissante n’
est
plus qu’une question de quelques années. Mais peut-être est-il temps
903
u’une question de quelques années. Mais peut-être
est
-il temps encore. Ici et là, quelques cris s’élèvent dans le désert d’
904
oursuit depuis près de deux siècles, l’Occidental
est
saisi d’un étrange malaise. Il soupçonne, par éclairs, qu’il y avait
905
infaillible progrès aurait-il fait fausse route ?
Est
-il temps encore de le détourner du désastre spirituel vers lequel il
906
certaines évidences, on préfère affirmer que tout
est
incompréhensible. L’homme moderne recule devant l’évidence de la banq
907
moderne, et le meilleur, parce que personne ne s’
est
approché plus que lui du type idéal de l’industriel et du capitaliste
908
immense de ses livres1, sa popularité universelle
sont
signes que l’époque a senti en lui son incarnation la plus parfaite.
909
u jour présent, ma grande et constante ambition a
été
de construire une bonne machine routière. » Les étapes de sa jeunesse
910
nne machine routière. » Les étapes de sa jeunesse
sont
: la construction d’un moteur à vapeur, puis d’un moteur à explosion,
911
automobile fabriquée, à temps perdu, alors qu’il
est
simple mécanicien chez Edison. Il fonde tôt après la Société des auto
912
ds qu’il possède, ou plutôt qu’il gère, mais ce n’
est
pour lui qu’un résultat secondaire de son activité. Le but de sa vie
913
aire de son activité. Le but de sa vie n’a jamais
été
de s’enrichir. Son « rêve » était autre, il l’a réalisé comme il est
914
sa vie n’a jamais été de s’enrichir. Son « rêve »
était
autre, il l’a réalisé comme il est donné à peu d’hommes de le faire :
915
Son « rêve » était autre, il l’a réalisé comme il
est
donné à peu d’hommes de le faire : 7000 voitures par jour, et la poss
916
ibilité d’augmenter encore cette production. Ford
est
le plus puissant industriel du monde ; le plus riche, au point qu’il
917
toujours plus. Ford leur montre le chemin qu’ils
seront
bien obligés de prendre tôt ou tard. Il est préférable qu’ils s’y eng
918
ls seront bien obligés de prendre tôt ou tard. Il
est
préférable qu’ils s’y engagent dès aujourd’hui résolument, pendant qu
919
veulent pas Nous avons dit tout à l’heure quel
fut
le but de la vie de Ford, sa « grande et constante ambition ». Il sem
920
toute sa carrière — pensée, méthode, technique —
soit
conditionnée jusque dans le détail par une idée fixe primitive. Consi
921
ar la possession d’automobiles Ford. Et, comme il
est
très intelligent, il a vite fait de démêler les conditions les plus r
922
prix, on ne trouve toujours des clients, quel que
soit
l’état du marché. » Il semble que cela soit tout à l’avantage du clie
923
l que soit l’état du marché. » Il semble que cela
soit
tout à l’avantage du client. Mais cherchons un peu les causes réelles
924
les de cet abaissement de prix — la concurrence n’
étant
bien entendu qu’une cause accessoire. Dire que l’état du marché est t
925
u’une cause accessoire. Dire que l’état du marché
est
tel que le client n’achète plus, cela signifie parfois que la marchan
926
te plus, cela signifie parfois que la marchandise
est
momentanément trop chère ; mais surtout que le besoin qu’on a de tel
927
; mais surtout que le besoin qu’on a de tel objet
est
satisfait ou a disparu. Il semble alors que l’industriel n’ait plus q
928
montre le bout de l’oreille, et que son but réel
est
la production pour elle-même, non pas le plaisir ou l’intérêt véritab
929
aisse les prix. Le client fait la comparaison. Il
est
impressionné par la baisse, au point qu’il en oublie que cela ne l’in
930
e, il n’eût pas acheté du tout. Autrement dit, il
est
trompé par la baisse. L’industriel comptait. La tromperie est prémédi
931
ar la baisse. L’industriel comptait. La tromperie
est
préméditée. Et le scandale, à mon sens, n’est pas que l’industriel ai
932
rie est préméditée. Et le scandale, à mon sens, n’
est
pas que l’industriel ait forcé (psychologiquement) le client à faire
933
lient à faire une dépense superflue ; le scandale
est
qu’il l’ait trompé sur ses véritables besoins. Car cela va bien plus
934
servation, d’autorégulation et d’alternances. Tel
est
ce sophisme, le paradoxe du bon marché. Celui de la réclame a même bu
935
lame a même but, mêmes effets. Mais le plus grave
est
peut-être le sophisme du loisir. M. Guglielmo Ferrero a fort bien mon
936
dre dans son engrenage. L’emploi de leurs loisirs
est
prévu. Il est déterminé par la réclame, les produits Ford qu’il faut
937
ngrenage. L’emploi de leurs loisirs est prévu. Il
est
déterminé par la réclame, les produits Ford qu’il faut user, etc. Il
938
aine a des limites. Et le temps approche où elles
seront
atteintes. On peut se demander jusqu’à quel point Ford est conscient
939
ntes. On peut se demander jusqu’à quel point Ford
est
conscient des buts et de l’avenir de son effort. Pour mon compte, je
940
er sur les sujets les plus divers. Les aphorismes
sont
assez révélateurs de la mentalité capitaliste américaine. Voici, par
941
déale réduite au rôle d’huile dans les rouages, n’
est
-ce pas charmant et prometteur ? Et que dire de cette admirable simpli
942
n fabrique, on transporte. » « Toute notre gloire
est
dans nos œuvres, dans le prix que nous payons à la terre la satisfact
943
in de son livre : Le problème de la production a
été
brillamment résolu… Mais nous nous absorbons trop dans ce que nous fa
944
production matérielle et vers la richesse qui en
est
le fruit. On ne saurait mieux dire. Mais il faudrait en tirer des co
945
e. D’ailleurs, les idées générales de cette sorte
sont
rares dans son livre. En général, il se borne à parler de problèmes t
946
à parler de problèmes techniques où son triomphe
est
facile. C’est le technicien parfait qui combat les techniciens imparf
947
orte à coup sûr l’adhésion du gros public : telle
est
l’idéologie de celui que M. Cambon, dans sa préface, égale aux plus g
948
philosophie la plus rudimentaire. Le phénomène n’
est
pas nouveau en Occident, mais il est ici tragiquement aigu. Est-ce no
949
phénomène n’est pas nouveau en Occident, mais il
est
ici tragiquement aigu. Est-ce notre pensée qui, à force de subtiliser
950
u en Occident, mais il est ici tragiquement aigu.
Est
-ce notre pensée qui, à force de subtiliser, est devenue trop faible p
951
. Est-ce notre pensée qui, à force de subtiliser,
est
devenue trop faible pour nous conduire ? Ou bien est-ce notre action
952
devenue trop faible pour nous conduire ? Ou bien
est
-ce notre action qui est devenue trop effrénée, trop folle, pour être
953
r nous conduire ? Ou bien est-ce notre action qui
est
devenue trop effrénée, trop folle, pour être justiciable encore de no
954
n qui est devenue trop effrénée, trop folle, pour
être
justiciable encore de nos vérités essentielles ? Il semble bien que n
955
s chances. J’accorderai que le progrès matériel n’
est
pas mauvais en soi. Mais par l’importance qu’il a prise dans notre vi
956
es humaines, il travaille contre l’Esprit. Rien n’
est
gratuit. Nous payons notre passion de posséder la matière du prix de
957
en quel mépris l’homme d’affaires à l’américaine
tient
les choses de l’Esprit. Dans le cas le plus favorable, « il se passer
958
e cette littérature ». Plus tard, « puisqu’elle n’
est
pas utile, elle est nuisible ». « … Tableaux, symphonies, ou autres œ
959
». Plus tard, « puisqu’elle n’est pas utile, elle
est
nuisible ». « … Tableaux, symphonies, ou autres œuvres destinées à ch
960
er mutuellement leur culture », dit Ford. Et tout
est
dit ! Le simplisme arrogant avec lequel, de nos jours, on tranche les
961
jours, on tranche les grandes questions humaines
est
une des manifestations les plus frappantes de notre régression. Cette
962
l’âme avec une maladresse de barbare. IV. « En
être
» ou ne pas en être Une fois qu’on a compris à quel point le fordi
963
resse de barbare. IV. « En être » ou ne pas en
être
Une fois qu’on a compris à quel point le fordisme et l’Esprit sont
964
on a compris à quel point le fordisme et l’Esprit
sont
incompatibles, le monde moderne impose ce dilemme : « en être » ou ne
965
tibles, le monde moderne impose ce dilemme : « en
être
» ou ne pas en être, c’est-à-dire se soumettre à la technique et s’ab
966
erne impose ce dilemme : « en être » ou ne pas en
être
, c’est-à-dire se soumettre à la technique et s’abrutir spirituellemen
967
re. Cela s’appelle encore vivre. Mais l’homme qui
était
un membre vivant dans le corps de la Nature, lié par les liens les pl
968
table valeur. Il sent obscurément que son travail
est
antinaturel. Il le méprise ou le subit, mais, jusque dans son repos,
969
e ou le subit, mais, jusque dans son repos, il en
est
l’esclave. Pour s’être exclu lui-même de l’ordre de la nature, il est
970
usque dans son repos, il en est l’esclave. Pour s’
être
exclu lui-même de l’ordre de la nature, il est condamné à ne plus sai
971
s’être exclu lui-même de l’ordre de la nature, il
est
condamné à ne plus saisir que des rapports abstraits entre les choses
972
jouir de notre liberté. La victoire mécanicienne
est
une victoire à la Pyrrhus. Elle nous donne une liberté dont nous ne s
973
Pyrrhus. Elle nous donne une liberté dont nous ne
sommes
plus dignes. Nous perdons, en l’acquérant, par l’effort de l’acquérir
974
epter l’esprit, et ses conditions. Je dis que les
êtres
encore doués de quelque sensibilité spirituelle deviennent par le seu
975
un monde fordisé, des anarchistes. Car l’Esprit n’
est
pas un luxe, n’est pas une faculté destinée à amuser nos moments de l
976
es anarchistes. Car l’Esprit n’est pas un luxe, n’
est
pas une faculté destinée à amuser nos moments de loisir, il a des exi
977
il a des exigences effectives ; et ces exigences
sont
en contradiction avec celles que le développement de la technique imp
978
ment de la technique impose au monde moderne. Ces
êtres
, d’une espèce de plus en plus rare, qui savent encore quelque chose d
979
centaines d’individus. Et cette franc-maçonnerie
sera
bientôt traquée avec la dernière rigueur : avec la rigueur de la néce
980
r : avec la rigueur de la nécessité — puisqu’elle
est
inutile au grand dessein matérialiste de l’Occident. La logique, parl
981
à vouloir en revenir à la période préindustrielle
soit
autre chose qu’une échappatoire utopique. Nous avons mieux à faire, i
982
ppatoire utopique. Nous avons mieux à faire, il n’
est
plus temps de se désintéresser simplement des buts — si bas soient-il
983
de se désintéresser simplement des buts — si bas
soient
-ils — d’une civilisation sous le poids de laquelle nous risquons de p
984
jourd’hui ont une tâche pressante : chercher s’il
est
possible d’échapper au fatal dilemme. Premiers pas vers la solution :
985
évélé que les livres les plus lus du grand public
sont
Ma vie et mon œuvre, de Ford et Mon curé chez les riches, de Clément
986
el. Dans les pays de langue allemande, son succès
est
encore plus grand, et de meilleure qualité. Je ne parle pas de l’Amér
987
sayer de se prendre encore au rêve de valse qu’on
était
venu chercher parce que cela vaudrait bien d’autres stupéfiants. Mais
988
d’une révolution. Sept heures du soir : le moment
était
venu d’arrêter le plan de la soirée, et cette promenade où il y avait
989
— bien qu’on pense généralement le contraire. Il
est
très vrai que les notions réaliste et idéaliste du monde ne sont sépa
990
que les notions réaliste et idéaliste du monde ne
sont
séparées que par un léger décalage dans la chronologie de nos sentime
991
ine idée que j’avais d’un romantisme viennois, je
fus
conduit, par une sorte de compromis sentimental, à l’Opéra où l’on do
992
is le thème de la Barcarolle s’empare de tout mon
être
— ainsi d’autres deviennent patriotes au son d’une fanfare militaire,
993
des parois, noir et blanc, la ravissante héroïne
est
à son piano, c’est un duo des ténèbres et de la pureté où vibrent par
994
s forces inconnues et menaçantes. Mais la musique
est
si légère, la voix de la jeune fille si transparente : la mort même e
995
le rôde ici comme une tristesse amoureuse. Elle n’
est
plus que l’approche d’une grandeur où se perdraient nos amours terres
996
e que le pouvoir de cette musique. Voici que vous
êtes
tout près de comprendre… Mon voisin avait parlé tout haut ; personne
997
nne pourtant ne se détournait. Comment pouvais-je
être
le seul à l’avoir entendu ? — C’est, me répondit-il, que seul vous ve
998
-il, que seul vous venez d’atteindre au monde des
êtres
véritables. Nous nous rencontrons. Vous me voyez parce que vous compr
999
é ; je n’eus même pas le sentiment de quoi que ce
soit
d’immatériel. D’ailleurs le trouble où m’avait jeté la première recon
1000
es de l’Opéra, Gérard de Nerval et moi, sans nous
être
rien dit d’autre, comme des amis qui se connaissent depuis si longtem
1001
x petites décisions de la vie quotidienne. Gérard
tenait
en laisse le fameux homard enrubanné. « Cela vexe les Viennois, me di
1002
me moquer de leurs petits chiens musclés… Je n’en
suis
pas fâché. » Il y avait peu de monde dans les rues. Des jeunes gens
1003
rd, malgré les apparences, cette vie sentimentale
est
une des seules réalités qui correspondent encore à l’image classique
1004
acité définitive à se passionner pour quoi que ce
soit
. Cette ville, qui est toute caresses, a peur de l’étreinte… C’est d’a
1005
assionner pour quoi que ce soit. Cette ville, qui
est
toute caresses, a peur de l’étreinte… C’est d’ailleurs une chose que
1006
manque de caractère aussi. La fidélité véritable
est
une œuvre d’art qui demande un long effort, et les Viennois sont, par
1007
d’art qui demande un long effort, et les Viennois
sont
, par nature et par attitude, des gens fatigués. — Pour moi, dit Gérar
1008
lus deux, en y réfléchissant bien, mais peut-être
était
-ce la même sous deux attributs différents. Toutes les femmes qui m’on
1009
s rien, dès qu’on aime… Oh ! cette femme ! elle n’
était
qu’un regard, un certain regard, mais j’ai su en retrouver la sensati
1010
ourrure brune, inévitablement. Et ce qui se passa
fut
, hélas, non moins inévitable : la jeune femme refusa d’abord les fleu
1011
avec un sourire du type le plus courant : « Vous
êtes
bien gentils, messieurs ! » Il n’y avait plus qu’à lui prendre chacun
1012
hacun un bras, une femme pour deux hommes — et ce
fut
bien dans cette anecdote dont Gérard attendait évidemment quelque cho
1013
chose contraire à la coutume viennoise. L’enfant
était
charmante, comme elles le sont presque toutes dans cette ville, — du
1014
ennoise. L’enfant était charmante, comme elles le
sont
presque toutes dans cette ville, — du type que Gérard et Théo nommaie
1015
. Du moins, moi. Pour vous, c’est différent, vous
êtes
moderne, vous vous contentez peut-être de cette pêche miraculeuse — c
1016
que j’ai vécu d’illusions, avouez que les miennes
étaient
de meilleure qualité : car c’est une pauvre illusion que le plaisir q
1017
plaisir qu’on vient chercher ici avec le premier
être
venu. — Certes, je comprends que l’Europe est en décadence quand je l
1018
er être venu. — Certes, je comprends que l’Europe
est
en décadence quand je la regarde s’amuser. Je vois se perdre ce sens
1019
la mesure de votre générosité. Vos boîtes de nuit
sont
des sortes de distributeurs automatiques de plaisir. Autant dire que
1020
Ils prennent au hasard des liqueurs qui n’ont pas
été
préparées pour leur soif. Ils ne savent plus les signes ni les ressem
1021
, ou luisants de concupiscences élémentaires : Ce
sont
vos contemporains livrés à la démocratie des plaisirs achetés au déta
1022
dans une foire éclatante de faux luxe. La misère
est
de voir ici des femmes aussi ravissantes que celle-là qui danse en ro
1023
comme c’est odieux qu’une créature aussi parfaite
soit
touchée par les mains outrageusement baguées de ces courtiers alourdi
1024
eligieux de la beauté. Mais je crois que l’Orient
est
devenu fou. Il ne comprend plus rien. » Des bugles agonisaient, aux d
1025
einte aux lois du genre le plus conventionnel qui
soit
. Gérard la regarda avec une certaine pitié : « Chère enfant, dit-il d
1026
oir délivré le homard qui, laissé au vestiaire, y
était
l’objet de vexations diverses et de curiosités grossières de la part
1027
malicieux. Mais l’ombre de cette ville illusoire
est
la plus douce à mes vagabondages sans but. Vous savez, je lance mes f
1028
très, très longtemps… Et pas de Lune ce soir, il
serait
dangereux de s’endormir. » Se penchant vers moi il prononça : « La nu
1029
r. » Se penchant vers moi il prononça : « La nuit
sera
noire et blanche. » Je ressentis quelque émotion à l’ouïe de cette ph
1030
ous parlèrent, bientôt dissous dans le vent. Tout
était
reflet, passages, allusions. Plus tard, dans un petit bar laqué de no
1031
ée ; un piano dissimulé joue très doucement. Nous
sommes
assis autour d’une petite table lumineuse, verdâtre, et Gérard, pench
1032
y découvre. Il y a les ailes du Moulin-Rouge, qui
sont
les bras de Clarissa dans sa danse, et Clarissa c’est aussi l’Anglais
1033
utôt, par je ne sais quelle erreur d’images, — ce
serait
la gravité énigmatique d’Adrienne, mais dans le lointain, Aurélia lui
1034
minute toutes les incarnations d’un amour dont l’
être
éternel apparaît peu à peu, à travers la simultanéité de ses manifest
1035
le côté terrestre des choses dont l’autre moitié
sera
toujours cachée, ainsi la Lune et sa moitié d’ombre. Et parce que tou
1036
lque chose d’éternel. Tous les drames du monde ne
sont
que décors mouvants dans la lueur bariolée des sentiments, ils ne son
1037
nts dans la lueur bariolée des sentiments, ils ne
sont
que reflets, épisodes, symboles : le vrai drame de son destin est ail
1038
épisodes, symboles : le vrai drame de son destin
est
ailleurs. Il se met à m’expliquer des signes, des généalogies étourdi
1039
de moi. Il me raconte de ces superstitions qui ne
sont
enfantines que pour nos savants retombés en pleine barbarie spirituel
1040
t écrire, c’est une Vie simultanée de Gérard, qui
tiendrait
toute en une heure, en un lieu, en une vision. » Nous sortîmes. Seul
1041
le homard se réveilla. Gérard m’expliqua qu’il en
était
ainsi chaque nuit, que l’animal devenait nerveux et que depuis quelqu
1042
ne, la place s’éteignit. Mais Gérard ? Ses yeux s’
étaient
fixés intensément, à la sortie des invités, sur une femme qui s’en al
1043
l avait murmuré : Marie Pleyel. Quand la place se
fut
apaisée, je m’aperçus que j’étais seul. Une dernière auto, extraordin
1044
Quand la place se fut apaisée, je m’aperçus que j’
étais
seul. Une dernière auto, extraordinairement silencieuse, absolument s
1045
de la femme aux bandeaux noirs. Mais les rideaux
étaient
baissés. Déjà on criait les journaux du matin, des triporteurs passèr
1046
oir en Jules Verne qu’un précurseur ? Jules Verne
est
un créateur, dont les inventions se suffisent et suffisent à notre jo
1047
ons se suffisent et suffisent à notre joie. Ce ne
sont
pas les savants qui sont prophètes, mais les poètes. Or Jules Verne f
1048
sent à notre joie. Ce ne sont pas les savants qui
sont
prophètes, mais les poètes. Or Jules Verne fut poète avant tout — et
1049
i sont prophètes, mais les poètes. Or Jules Verne
fut
poète avant tout — et ce livre le fera bien voir aux sceptiques. Il a
1050
iennent de merveilleux calembours, où les savants
sont
réellement dans la lune, ou bien descendent au fond des mers adorer l
1051
ythes modernes, du seul écrivain dont l’influence
soit
comparable à celle du cinéma ! Claretie raconte que les détenus des m
1052
N’en ferons-nous pas autant, emprisonnés que nous
sommes
dans une civilisation qui, selon l’expression de Jules Verne désabusé
1053
e ce libertaire, cela constituait un jugement !)
Serons
-nous longtemps encore dupes d’une conception de la littérature si péd
1054
de nos plus grands conteurs sous prétexte qu’il n’
est
styliste ni psychologue ? Laisserons-nous Jules Verne aux enfants ? J
1055
s ? J’allais oublier que la littérature enfantine
est
le dernier bateau. Pour ce coup, voilà qui ne m’empêchera pas d’y mon
1056
monter, il suffit que cet obsédant capitaine Nemo
soit
à bord, je soupçonne que ce bateau n’est autre que La Liberté. ar.
1057
ne Nemo soit à bord, je soupçonne que ce bateau n’
est
autre que La Liberté. ar. « M. Allotte De La Fuye : Jules Verne, sa
1058
Aragon, Traité du style (août 1928)as Ce n’
est
pas le seul talent de M. Aragon qui le rendrait digne à mes yeux, de
1059
séquemment beaucoup de choses vraies (belles). Il
est
même un des très rares parmi les jeunes qui ait vraiment donné quelqu
1060
des gens qui ne m’intéressent pas ou bien qui ne
sont
pas atteints par ces épithètes drôles ou quelconques. Mais la seconde
1061
s ou quelconques. Mais la seconde partie du livre
est
admirable ; il suffit. Le titre ne ment pas ; ce livre traite du styl
1062
te du style, à coups d’exemples qui méritent de l’
être
. Et l’on voit bien ici qu’Aragon dépasse ces surréalistes, ces orthod
1063
s Nymphes ». Mais donner l’air bête à ceux qui le
sont
en créant une belle œuvre serait, par exemple, plus efficace. Aragon
1064
bête à ceux qui le sont en créant une belle œuvre
serait
, par exemple, plus efficace. Aragon se retourne sans cesse pour crier
1065
oix du troupeau. C’est sans doute son rôle. Il le
tient
magnifiquement. Mais qu’on nous laisse chercher plus loin, dans ce si
1066
naturellement vers l’action, c’est-à-dire — nous
sommes
en France — vers la politique. Or ces ennemis de toute littérature vo
1067
à cela dans une époque où les valeurs de l’esprit
sont
en pratique universellement méprisées. Mais les surréalistes ont leur
1068
onsabilité là-dedans ; leur défense de l’esprit s’
est
bornée jusqu’ici à une rhétorique très brillante contre un état de ch
1069
participent plus qu’ils ne le croient. Certes il
était
urgent de faire la critique de « cette réalité de premier plan qui no
1070
e positive de ce qu’il y a sous cette réalité. Il
est
certain que s’ils avaient le courage de se soumettre au concret de l’
1071
emps — argent, races — et ses rares passions, qui
sont
la domination et la démolition, l’organisation et le sabotage. On y d
1072
pour l’une ou l’autre de ces attitudes. (Elles ne
sont
pas essentiellement contradictoires : elles représentent deux manière
1073
forme abstraite et poétique. Mais cette fois tout
est
concrétisé en hommes, en meurtres, en décrets. Qu’il décrive la vie i
1074
art du détail où se révèle le vrai romancier. On
serait
parfois tenté de le rapprocher de Morand, mais il est plus nerveux, s
1075
parfois tenté de le rapprocher de Morand, mais il
est
plus nerveux, sans doute aussi plus sensible. Et il ne se borne pas à
1076
e récit coloré et précis, admirablement objectif,
est
aussi, mais à coups de faits, une discussion d’idées. Il est surtout
1077
mais à coups de faits, une discussion d’idées. Il
est
surtout la description d’une angoisse que le nihilisme de M. Malraux
1078
écue, avant de la décrire ; et cet aveu de Garine
est
décisif : « La Révolution… tout ce qui n’est pas elle est pire qu’ell
1079
rine est décisif : « La Révolution… tout ce qui n’
est
pas elle est pire qu’elle… » Expérience faite, l’absurde retrouve ses
1080
sif : « La Révolution… tout ce qui n’est pas elle
est
pire qu’elle… » Expérience faite, l’absurde retrouve ses droits. C’es
1081
s de l’éthique de cet « illustre réfractaire ». N’
est
-ce point trop demander à une existence bien indécise, que son échec m
1082
sion et de la solitude ». Mais un prince rêveur n’
est
pas forcément prince du rêve ; et par ailleurs ce livre sait bien le
1083
qualité de l’illusion dont se nourrit Louis II n’
est
ni aussi pure ni aussi rare qu’on voudrait l’imaginer. Il reste qu’il
1084
Il reste qu’il a voulu la vivre et qu’il l’a pu,
étant
roi. Il offre ainsi l’image d’un romantisme assez morose ; mais à gra
1085
ence d’amour, par refus de souffrir. Mais chez un
être
raffiné, la peur d’étreindre aboutit à l’amour de soi dans « l’illusi
1086
res proposeraient de moins jolis mots ; mais ce n’
est
pas la moindre habileté du biographe. D’ailleurs, réussir un livre at
1087
réussir un livre attrayant sur une vie manquée n’
était
pas un problème aisé : Guy de Pourtalès l’a résolu d’une façon fort a
1088
aines scènes terrifiantes de la révolution : il a
été
condamné à mort, il s’est évadé, on le traque à Paris même… Il subjug
1089
de la révolution : il a été condamné à mort, il s’
est
évadé, on le traque à Paris même… Il subjugue le jeune Français par c
1090
ique confession qui doit expliquer sa mort et qui
est
aussi fausse que le reste. Ce mensonge qui va jusqu’à la mort, inclus
1091
connu de semblables mythomanes. Le cas méritait d’
être
exposé. Je regrette seulement que Daniel-Rops se soit borné à une cou
1092
exposé. Je regrette seulement que Daniel-Rops se
soit
borné à une courte nouvelle, d’ailleurs assez dense, et dont le mérit
1093
uvelle, d’ailleurs assez dense, et dont le mérite
est
d’être simple et précise dans l’exposé, sans rien simplifier ni préci
1094
, d’ailleurs assez dense, et dont le mérite est d’
être
simple et précise dans l’exposé, sans rien simplifier ni préciser à l
1095
tout, peut conduire à préférer un mensonge qui n’
est
, hélas, qu’une déformation de cette réalité détestée. Le mythomane br
1096
Tire-toi de tes ombres… » Paul Valéry. Stéphane
est
maniaque, comme tous les jeunes gens de sa génération. Seulement chez
1097
s de sa génération. Seulement chez lui, cela ne s’
est
pas porté sur les autos. Il préfère s’intéresser aux divers types hum
1098
lui sait peu de grés de sa curiosité. Sans doute
est
-il trop impatient, demande-t-il aux êtres plus qu’ils ne peuvent donn
1099
ans doute est-il trop impatient, demande-t-il aux
êtres
plus qu’ils ne peuvent donner… D’ailleurs on ne lui doit rien, n’est-
1100
peuvent donner… D’ailleurs on ne lui doit rien, n’
est
-ce pas ? Il en tombe d’accord ; accepte d’attendre comme un enfant sa
1101
s classiques. Repoussé par le monde parce qu’il n’
est
pas encore quelqu’un, Stéphane cherche à savoir ce qu’il est. C’est u
1102
ore quelqu’un, Stéphane cherche à savoir ce qu’il
est
. C’est une autre manie de sa génération. Mais là encore il se singula
1103
as exister. Non : il a remarqué que l’époque peut
être
définie par l’abondance des autobiographies, mais aussi bien par cell
1104
enre, qui l’intriguent à n’en pas finir. Quand il
est
très fatigué, il veut voir encore cette fatigue dans son regard : app
1105
meil l’en délivre. Au matin il court se voir : il
est
laid. Lâchement il se prend en pitié. Ces séances lui font du mal, l’
1106
sse qu’il la recherche. Il veut se voir tel qu’il
est
parmi les autres. Mais s’il lui arrive de prendre son image pour cell
1107
à soi-même qui pourrait lui rendre la certitude d’
être
. Mais il s’épuise dans une perspective de reflets qui vont en diminua
1108
onne se dissout dans l’eau des miroirs. Stéphane
est
en train de se perdre pour avoir voulu se constater. Va-t-il découvri
1109
dans l’homme moderne un besoin de vérifier qui n’
est
plus légitime dès l’instant qu’il se traduit par la négation de l’inv
1110
Stéphane n’a pas eu confiance. Or la personnalité
est
un acte de foi : Stéphane ne sait plus ce qu’il est. Semblablement, i
1111
t un acte de foi : Stéphane ne sait plus ce qu’il
est
. Semblablement, il ne sait plus aimer. (Ces jeunes gens ne veulent pa
1112
ne aventure qui en a bien d’autres, d’aspects. Il
est
bon que le lecteur dérisoirement troublé par la crainte de n’avoir pa
1113
re miroir, nous perdons une Eurydice. Les miroirs
sont
peut-être la mort. La mort absolue, celle qui n’est pas une vie nouve
1114
t peut-être la mort. La mort absolue, celle qui n’
est
pas une vie nouvelle. La mort dans la transparence glaciale de l’évid
1115
sous un autre visage. Car oublier son visage, ne
serait
-ce pas devenir un centre de pur esprit ? » C’est un premier filet d’e
1116
ir dans un regard de cette femme l’écho de ce qui
serait
lui. Déjà il se perd dans ces yeux, mais comme on meurt dans une nais
1117
pète à plusieurs reprises : « Je ne sais pas : je
suis
!… Je ne sais plus… mais je suis ! » Un peu plus tard, ce fut un jou
1118
ne sais pas : je suis !… Je ne sais plus… mais je
suis
! » Un peu plus tard, ce fut un jour de grand soleil sur toutes les
1119
sais plus… mais je suis ! » Un peu plus tard, ce
fut
un jour de grand soleil sur toutes les verreries de la capitale. Les
1120
Sherwood Anderson, Mon père et moi et Je
suis
un homme (janvier 1929)ax Le critique se sent désarmé et légèremen
1121
ette autobiographie tellement au sérieux que j’ai
été
bien étonné du passage où il rappelle qu’il écrit la vie d’un homme d
1122
et de sa jeunesse comme ouvrier. L’art d’Anderson
est
étonnant d’apparente simplicité. Le récit s’avance à une allure libre
1123
perspectives saisissantes sur l’époque. Anderson
est
avant tout un poète, un homme qui aime inventer et que cela console d
1124
nent nous rapprendre que les sources de la poésie
sont
dans notre maison. Voici un de ces passages où il sait être, avec sa
1125
notre maison. Voici un de ces passages où il sait
être
, avec sa verve doucement comique, si émouvant : « À cette époque je c
1126
ndardization à sa fin logique, ne pourrait-il pas
être
considéré un jour comme le grand tueur de son époque ? Rendre impuiss
1127
à la présidence de la République. Qu’un tel acte
serait
adéquat ! Tamerlan, dont la spécialité était l’assassinat du corps hu
1128
cte serait adéquat ! Tamerlan, dont la spécialité
était
l’assassinat du corps humain, mais qui raconte dans son autobiographi
1129
te dans son autobiographie que son désir constant
était
que tous les hommes vivant sous lui conservassent la virilité et le r
1130
ui conservassent la virilité et le respect de soi
était
de son temps le souverain du monde. Tamerlan pour les anciens. Ford p
1131
ax. « Sherwood Anderson : Mon père et moi et Je
suis
un homme (Kra, Paris) », Bibliothèque universelle et Revue de Genève,
1132
ervelles et les réputations. 3. Belles-Lettres n’
est
compréhensible et légitime que dans la mesure où la poésie est compré
1133
sible et légitime que dans la mesure où la poésie
est
compréhensible et légitime. 4. Je suis de sang-froid, je dis : Belles
1134
ù la poésie est compréhensible et légitime. 4. Je
suis
de sang-froid, je dis : Belles-Lettres est essentiellement une mystiq
1135
4. Je suis de sang-froid, je dis : Belles-Lettres
est
essentiellement une mystique. Mais parce que je suis de sang-froid, j
1136
t essentiellement une mystique. Mais parce que je
suis
de sang-froid, je ne puis dire grand-chose de plus. On ne se comprend
1137
qu’entre jeunes hommes ivres. Mais alors point n’
est
besoin de formuler cette ivresse ; autrement que par des cris. 5. Ave
1138
s et turpitudes que cela comporte, Belles-Lettres
est
une liberté. Une rude épreuve : on n’en sort que pour mourir ou pour
1139
ète (au sens le plus large de ces mots.) (Mais je
tiens
à le leur dire ici : les anciens bellettriens qui ont perdu toute foi
1140
ils ont vu, et s’ils n’ont pas cru, c’est qu’ils
sont
foncièrement mauvais.) 6. Peu de choses dans le monde moderne ont enc
1141
t encore une « essence ». Celle de Belles-Lettres
est
en agréable odeur à l’Éternel et à Satan pareillement. Et ceux qu’ell
1142
blasphème, selon. Mais ce qui importe d’abord, n’
est
-ce point de se livrer, purement et simplement. 7. (Secret). r. « Be
1143
erment sur le vide Tu pleurerais Mais la grâce
est
facile comme un matin d’été la grâce tendrement dénouée de ta vie com
1144
urerais Mais la grâce est facile comme un matin d’
été
la grâce tendrement dénouée de ta vie comme de cette nuit le jour d’u
1145
de ta vie comme de cette nuit le jour d’un grand
été
qui consent… Ailleurs Colombes lumineuses des mains de mon a
1146
s ne laissiez le gage aux plaintes de mon cœur il
est
d’autres rivages où mieux qu’ici l’on meurt. Étoile de jour I
1147
té dans une ballade fameuse « Que voulez-vous, je
suis
bourgeois ! », l’on peut se permettre quelques malices, quelques jeux
1148
s jeux d’esprit ou de méchanceté, assuré que l’on
est
désormais d’être absous avec le sourire par la clientèle des librairi
1149
ou de méchanceté, assuré que l’on est désormais d’
être
absous avec le sourire par la clientèle des librairies romandes, en m
1150
e et que cela n’a point stérilisé : sa nature, il
est
vrai, s’y prêtait, peu complexe et comme réduite à deux dimensions ;
1151
la perspective manque souvent à ces récits : ce n’
est
point un paysage d’âme qu’on y cherche, mais l’anecdote bien tournée,
1152
is l’anecdote bien tournée, des noms connus. Tout
est
sur le même plan ; le dessin d’ailleurs est élégant. Mais comme tout
1153
Tout est sur le même plan ; le dessin d’ailleurs
est
élégant. Mais comme tout cela manque de chair. Et de rêve. Est-ce qu’
1154
Mais comme tout cela manque de chair. Et de rêve.
Est
-ce qu’en ce temps-là on ne se nourrissait vraiment que de petits mots
1155
à la Hofburg… Mais les nouvelles de l’Opéra aussi
sont
en grosses lettres, et tout cela finira bien par s’arranger, comme au
1156
comme au dernier acte d’une opérette. Ce peuple s’
est
résigné avec une facilité incroyable à la défaite, au marxisme, au ch
1157
iers de notre pays ?… Non, non, jamais ! » La rue
est
sale à cause de la fonte de la neige (une boue ocre, épaisse, on envi
1158
ds comme une nuée d’insectes affolés. Les maisons
sont
basses, couvertes du haut en bas d’affiches rouges et jaunes et d’ins
1159
ns munichoises. Puis un palais gothique 1880, qui
est
le Parlement. Et voici la trouée du Danube, Bude solidement amarrée à
1160
superbement cette ville désordonnée. Derrière, ce
sont
des rues silencieuses, provinciales, bordées de petits palais à un ét
1161
votre bonheur et vous voyez bien que Mme Varshany
est
une grande artiste. Vous vous êtes levé, comme tout le monde, à l’ent
1162
ue Mme Varshany est une grande artiste. Vous vous
êtes
levé, comme tout le monde, à l’entrée d’un des archiducs. Car ce peup
1163
Saisir (juin 1929)ay Ce petit livre de poèmes
est
comme une initiation au silence. Il faut s’en approcher avec une douc
1164
ate d’un paravent chinois). Ce qu’elle décrit, ce
sont
des perceptions de l’âme plus que de l’esprit ou des sens. « Reste im
1165
saisir » dans leur réalité les choses dont elle s’
est
dégagée et qu’elle voit dans une autre lumière : « Tout semblait vivr
1166
’un insistant regard. » Le poète des Gravitations
est
ici descendu plus profond en soi-même ; son art y gagne en densité, e
1167
uce et virile ; et quel beau titre ! « Saisir » n’
est
-ce point l’acte essentiel de la poésie ? Toute poésie véritable n’est
1168
essentiel de la poésie ? Toute poésie véritable n’
est
-elle pas proprement « saisissante » ? Mais le plus émouvant, c’est ic
1169
attirer là-dessus l’attention du médecin, mais il
est
plus difficile de se faire comprendre par un sot que par un fou. » L’
1170
u’aujourd’hui le hasard qui m’amène à Tubingue ne
soit
pas seulement un hasard… Hier, c’était la Pentecôte. La fête de la pl
1171
s ce siècle, où tant de voix l’appellent, combien
sont
dignes de s’attendre au don du langage sacré ? Cette langue de feu qu
1172
don du langage sacré ? Cette langue de feu qui s’
est
posée sur Hölderlin et qui l’a consumé… Digne ? — Un adolescent au vi
1173
e Grand Jeu. Dix années où le génie tourmente cet
être
faible, humilié par le monde. L’amour s’éloigne le premier, quand Höl
1174
t à peine sensible dans son œuvre. Car ce poète n’
est
peut-être que le lieu de sa poésie, — d’une poésie, l’on dirait, qui
1175
oin d’elle (dans la région de Bordeaux croit-on),
est
frappé d’insolation ; sa folie d’un coup l’envahit. C’est une sorte d
1176
sson ardent quitté par le feu se dessèche. Ce qui
fut
Hölderlin signe maintenant Scardanelli des quatrains qu’il donne aux
1177
le. — C’était l’époque des amateurs de ruines. Je
suis
descendu au bord de l’eau, un peu au-dessous de la maison, en attenda
1178
e penchent vers l’eau lente. Sur l’autre rive qui
est
celle d’une longue île, des étudiants au crâne rasé se promènent un r
1179
uts et sombres, qui paraîtraient immenses s’ils n’
étaient
à demi encombrés d’armoires. Un couloir, la chambre. L’homme qui me c
1180
s. Un couloir, la chambre. L’homme qui me conduit
est
le propriétaire actuel. « Monsieur connaît Hölderlin ? — questionne-t
1181
nt — bon, bon, parce qu’il y en a qui viennent, n’
est
-ce pas, ils ne savent pas trop qui c’était… Alors vous devez connaîtr
1182
son banc et ses lilas fleuris qui trempent… Tout
est
familier, paisible au soleil. Il passait des heures à cette fenêtre,
1183
ongtemps qu’elles ont fui. Avril et mai et juin
sont
lointains, Je ne suis plus rien, je n’aime plus vivre. Il y avait
1184
i. Avril et mai et juin sont lointains, Je ne
suis
plus rien, je n’aime plus vivre. Il y avait encore plus de paix que
1185
es, de l’autre côté de l’eau jaune et verte… Quel
est
donc ce sommeil « dans la nuit de la vie » — et cet aveu mystérieux :
1186
e lieu soudain m’angoisse. Mais le gardien : il y
est
comme chez lui. — Dormez-vous dans ce lit ? — Oh ! répond-il, je pour
1187
s les marronniers. À quatre heures, l’orchestre s’
est
mis à jouer des ringues charmantes, jazz et clarinette, chansons de m
1188
qui lisent des magazines au fil de l’eau, ce qui
est
le comble des vacances. À une table voisine, des adolescents balafrés
1189
ie normale. Il y a pourtant cette petite chambre…
Est
-ce que tout cela existe dans le même monde ? (Il est bon de poser par
1190
-ce que tout cela existe dans le même monde ? (Il
est
bon de poser parfois de ces grandes questions naïves.) Lui aussi a vé
1191
rts, qui se promènent tout seuls… Et puis, il lui
est
arrivé quelque chose de terrible, où il a perdu son âme. Et puis il n
1192
de terrible, où il a perdu son âme. Et puis il n’
est
revenu qu’un vieux corps radotant. — Qu’en pensez-vous, bonnes gens ?
1193
éféré faire tout de suite la bête : comme cela on
est
mieux pour donner le coup de pied de l’âne… Écoutons plutôt Bettina —
1194
ied de l’âne… Écoutons plutôt Bettina — la vérité
est
plus humaine, est plus divine, quand c’est une telle femme qui la con
1195
tons plutôt Bettina — la vérité est plus humaine,
est
plus divine, quand c’est une telle femme qui la confesse : « Celui qu
1196
siquettes et ces parfums de fleurs et d’eau… elle
est
tellement d’ailleurs… Faut-il donc que l’un des deux soit absurde, de
1197
lement d’ailleurs… Faut-il donc que l’un des deux
soit
absurde, de ces mondes à mes yeux soudain simultanés ?… Le tragique
1198
s ?… Le tragique de la facilité, c’est qu’elle n’
est
qu’un oubli. Et pourtant, comme elle paraît ici bien établie, triomph
1199
ces eaux, ces âmes indulgentes à leur banalité ?
Est
-ce qu’ils ne soupçonnent jamais rien ? Ou bien, peut-être, seulement,
1200
e temps même qu’il nous entr’ouvre le ciel, qu’il
est
bon qu’il y ait le monde… Mais que cette musique vulgaire, par quel h
1201
na von Arnim-Brentano : Die Günderode. 12. Où il
était
précepteur. Madame Gontard est la Diotima de l’Hypérion et des poèmes
1202
rode. 12. Où il était précepteur. Madame Gontard
est
la Diotima de l’Hypérion et des poèmes. n. « La tour de Hölderlin »,
1203
ges (août 1929)az Après cet austère Pays qui n’
est
à personne paru l’année dernière — un livre assez troublant et qu’on
1204
isme, à notre cher romantisme. La Clef des songes
est
de nouveau une dérive fantaisiste dans ce monde un peu plus léger, un
1205
ard, complice des poètes, lui fait rencontrer des
êtres
bizarres avec lesquels il n’hésite pas à faire un bout de chemin, Han
1206
venirs attristés par le temps, des visages qui ne
sont
plus tout à fait les mêmes, des bonheurs qui signifient plus de déses
1207
e que prennent les hommes en liberté. Mais ils ne
sont
jamais méchants, et seulement aux dernières pages du livre, un peu am
1208
peu amers… On voudrait un livre de Cassou qui ne
serait
fait que de ces intermèdes ; pur de tout souci de vraisemblance extér
1209
e tout souci de vraisemblance extérieure ; qui ne
serait
qu’invention, qui inventerait sa vérité. Ce serait un de ces miracles
1210
erait qu’invention, qui inventerait sa vérité. Ce
serait
un de ces miracles de liberté dont nous avons besoin pour croire que
1211
us avons besoin pour croire que le monde actuel n’
est
pas un cas désespéré. Mais voici déjà dans l’œuvre de Jean Cassou, et
1212
d l’auteur de cet essai — la voyance de Rimbaud —
est
une de ces évidences qu’il est bon de proposer à la réflexion de notr
1213
yance de Rimbaud — est une de ces évidences qu’il
est
bon de proposer à la réflexion de notre temps, ne fût-ce que pour fai
1214
bon de proposer à la réflexion de notre temps, ne
fût
-ce que pour faite honte à ceux qui sont encore capables d’une telle h
1215
temps, ne fût-ce que pour faite honte à ceux qui
sont
encore capables d’une telle honte, de leur indifférence à l’endroit d
1216
elle honte, de leur indifférence à l’endroit de l’
être
le plus monstrueusement pur qui se soit révélé par le truchement de l
1217
roit de l’être le plus monstrueusement pur qui se
soit
révélé par le truchement de la poésie française. — Livre un peu didac
1218
rgisse pas plus une question aussi centrale — qui
est
, si l’on veut, la question d’Orient-Occident. Et pourquoi cette hosti
1219
ée par Claudel et Isabelle Rimbaud ? Si Claudel s’
est
montré partial en faisant de Rimbaud, « mystique à l’état sauvage »,
1220
’état sauvage », un catholique qui s’ignore, il n’
est
pas plus admissible d’inférer du mépris de Rimbaud pour le catholicis
1221
e, Genève, août 1929, p. 250-251. bb. Le féminin
est
ici conservé, conformément au texte original.
1222
da, La Fin de l’Éternel (novembre 1929)bc Ce n’
est
plus l’heure de venir prendre position dans un débat où les voix les
1223
ntéressé de Julien Benda, et l’obligation où nous
sommes
tous désormais de répondre pour nous-mêmes à sa mise en demeure. Je s
1224
répondre pour nous-mêmes à sa mise en demeure. Je
suis
loin de partager toutes les idées de M. Benda, sur le plan philosophi
1225
« mène loin… dans l’ordre moral ». Et quand cela
serait
! dirons-nous, — avec le Benda qui ne trahit pas.) D’autre part, de p
1226
l’éternel », la chute de l’idée dans la matière,
est
un phénomène exactement aussi vieux que le monde. Mais M. Benda disti
1227
x que le monde. Mais M. Benda distinguera, et ils
seront
confondus. Car il y a un sophiste en M. Benda, un polémiste qui joue
1228
ue de la raison ratiocinante tout comme si elle n’
était
pas le contraire de la Raison de Spinoza. Nul mieux que lui ne s’ente
1229
de la difficulté elle-même. Mais pour gênante que
soit
souvent son adresse de logicien, elle ne doit pas nous masquer l’auda
1230
impossible. Mais justement, la gloire de M. Benda
sera
d’avoir soutenu que l’humanité a besoin qu’on lui demande l’impossibl
1231
agon. Et Daudet nous apprend que « le petit Benda
est
un fameux serin ». Mais ces affirmations sont exactement celles qu’il
1232
enda est un fameux serin ». Mais ces affirmations
sont
exactement celles qu’il fallait attendre de ces auteurs. Ce qu’on ne
1233
même qui paraît anarchique dans un monde où tout
est
bon à quelque chose, où rien plus n’est tenu pour vrai que relativeme
1234
e où tout est bon à quelque chose, où rien plus n’
est
tenu pour vrai que relativement à un rendement. Rien, pas même la rel
1235
tout est bon à quelque chose, où rien plus n’est
tenu
pour vrai que relativement à un rendement. Rien, pas même la religion
1236
ailes qui donnent des rhumes à ton grand-père et
sont
en scandale aux meilleurs esprits ? Voici que tu t’apprêtes visibleme
1237
On le félicita de son retour à l’état normal, qui
est
pédestre. Mais à partir de ce jour, on lui fit sentir qu’il était dev
1238
Mais à partir de ce jour, on lui fit sentir qu’il
était
devenu beaucoup moins intéressant. ⁂ Celui qui a des ailes sera persé
1239
aucoup moins intéressant. ⁂ Celui qui a des ailes
sera
persécuté à cause de ses ailes, mais celui qui n’en a pas sera mépris
1240
é à cause de ses ailes, mais celui qui n’en a pas
sera
méprisé parce qu’il n’en a pas. Le libéralisme Seigneur ! clama
1241
me Seigneur ! clamaient-ils, combien complexes
sont
les problèmes que vous proposez à notre bonne volonté gémissante ! Di
1242
porteur d’une solution fort simple qui d’ailleurs
était
la bonne, car le grand Remède, c’est un Simple. Des hurlements de rag
1243
claration d’amour destinée à une femme blonde. Je
suis
noire. Mais je sais qui c’est. J’ai fait suivre. Alexandrine un jour
1244
s vous trouveront réunis. Avec ma bénédiction, je
suis
votre amie Joséphine. » — Le poète reprit son manuscrit et conclut :
1245
reprit son manuscrit et conclut : « L’inspiration
est
le nom qu’on donne en poésie à une suite de malentendus heureusement
1246
, décrit la stupidité de l’enseignement tel qu’il
est
pratiqué dans nos collèges. Mon dessein est assez différent, moins ph
1247
qu’il est pratiqué dans nos collèges. Mon dessein
est
assez différent, moins philosophique et point du tout technique. J’ap
1248
us un régime radical à sécrétion socialiste qui a
été
établi par coup de force, que les libéraux ont admis, conformément à
1249
areils souvenirs légitiment toutes les haines. Je
serai
méchant, parce que j’en ai gros sur le cœur. D’ailleurs, ce petit éc
1250
ne peut servir à rien. — Alors ? — Justement. Il
est
un reproche auquel je compte ne pas échapper : celui de naïveté. Défi
1251
nds pas même parler au nom de ma génération, ne m’
étant
pas livré à l’enquête préalable qui seule eût pu, à la rigueur, me do
1252
Pourtant je sais qu’à droite comme à gauche, ils
sont
plus nombreux qu’on ne le pense, ceux qui refusent d’être complices d
1253
s nombreux qu’on ne le pense, ceux qui refusent d’
être
complices dans cet attentat à l’intégrité humaine qu’est en fait l’es
1254
plices dans cet attentat à l’intégrité humaine qu’
est
en fait l’esprit démocratique. Là-dessus, ces messieurs se lamentent,
1255
mour, où tout se confond miraculeusement, gémir n’
est
pas un argument. Je demande le droit de démolir. Et me l’accorde auss
1256
e l’accorde aussitôt. Sans conditions. Mon rôle n’
est
pas de proposer une nouvelle forme politique. Je me contente de vitup
1257
. Je me contente de vitupérer ce que je vois, qui
est
laid. Quand la soupe est brûlée, on la renvoie, même si l’on n’est pa
1258
érer ce que je vois, qui est laid. Quand la soupe
est
brûlée, on la renvoie, même si l’on n’est pas capable d’en faire soi-
1259
a soupe est brûlée, on la renvoie, même si l’on n’
est
pas capable d’en faire soi-même une meilleure. Mais j’aperçois là-bas
1260
lique, on crie sur tous les bancs : « Alors, vous
êtes
pour un retour à la barbarie ? » Si ce réflexe indique un mépris vrai
1261
attends à cent « réponses » de cette sorte. Et je
tiens
à les classer par avance en deux catégories dont je vais régler le co
1262
type : on ne peut pas aller contre l’époque, vous
êtes
un pauvre utopiste, etc. Ce sont les positivistes qui parlent ainsi,
1263
e l’époque, vous êtes un pauvre utopiste, etc. Ce
sont
les positivistes qui parlent ainsi, ceux qui croient aux faits. Je le
1264
n qui rira le dernier. B. Réponses du type : vous
êtes
un rétrograde, un infâme réactionnaire, etc. Ce sont les partisans d’
1265
s un rétrograde, un infâme réactionnaire, etc. Ce
sont
les partisans d’une démocratie progressiste et tolérante qui se livre
1266
ant de laideurs et d’outrages au bon sens peuvent
être
légitimés par le but final de notre institution-tabou. 1. Je ne pui
1267
s trop au sérieux pour faire ici du sentiment, je
suis
sensible au charme de cette fantaisie. Mais ce qui fait très bien dan
1268
plier le tapissier par le prix du mètre courant n’
est
pas une fantaisie pour ce petit être qui s’énerve, qui embrouille les
1269
tre courant n’est pas une fantaisie pour ce petit
être
qui s’énerve, qui embrouille les règles, qui a sommeil, qui a peur de
1270
mmêlent… Et c’est cela l’enfance insouciante ? Qu’
est
-ce qui ressemble plus au souci quotidien des grandes personnes ? Mais
1271
quotidien des grandes personnes ? Mais l’enfance
est
ailleurs. Je revois ce fond de jardin où l’on trouve des cloportes da
1272
guliers… L’École, dans ce concert de souvenirs, n’
est
qu’une dissonance douloureuse2. Deux angoisses dominent mon enfance :
1273
ci qui renaît chaque jour, je pense que tout cela
tient
trop de place dans notre enfance. À 5 ans, j’avais appris à lire, en
1274
école, parce que c’est la loi. La première classe
fut
agréable : j’alignais des bâtons en rêvant à je ne sais quoi, j’étais
1275
lignais des bâtons en rêvant à je ne sais quoi, j’
étais
délicieusement seul parmi ces petits êtres en tabliers bleus qui alig
1276
uoi, j’étais délicieusement seul parmi ces petits
êtres
en tabliers bleus qui alignaient leurs bâtons en rêvant à leur manièr
1277
nd venait mon tour, je savais rarement où l’on en
était
. Cela m’attira des reproches acides, et naturellement, la phrase sacr
1278
sse plus aucune velléité d’originalité. Mais pour
être
rentrée, ma colère n’en fut que plus malfaisante. L’école me rendit a
1279
iginalité. Mais pour être rentrée, ma colère n’en
fut
que plus malfaisante. L’école me rendit au monde, vers l’âge de 18 an
1280
type 2 et 2 font 4, ou : tous les hommes doivent
être
égaux en tout. Deux fois deux quatre, c’est stérile, mais ça ne fait
1281
un certain temps pour m’habituer à cette idée. Je
tenais
cette clef et n’osais m’en servir craignant peut-être des découvertes
1282
uvris, c’est-à-dire que je me posai la question :
est
-ce vrai que tous les hommes doivent être égaux en tout ? Et la premiè
1283
uestion : est-ce vrai que tous les hommes doivent
être
égaux en tout ? Et la première réponse fut : Il faut que ce soit vrai
1284
ivent être égaux en tout ? Et la première réponse
fut
: Il faut que ce soit vrai, pour que la démocratie prospère et étende
1285
out ? Et la première réponse fut : Il faut que ce
soit
vrai, pour que la démocratie prospère et étende ses conquêtes. C’étai
1286
marque indélébile de l’éducation jésuite ». Nous
étions
marqués par Numa Droz et les manuels des Frères ∴, par l’esprit petit
1287
s des Frères ∴, par l’esprit petit-bourgeois, qui
est
une généralisation de l’avarice, et par les dogmes démocratiques, qui
1288
e l’avarice, et par les dogmes démocratiques, qui
sont
une généralisation de la règle de trois, aussi profondément certes qu
1289
rois, aussi profondément certes qu’un Voltaire le
fut
par les jésuites : du moins ceux-ci lui laissèrent-ils assez de verde
1290
é des décrets humains. Le prix de mes souffrances
était
donc ce conformisme indispensable aux « immortels principes ». Je n’a
1291
ettre en doute : mais un jour je compris que ce n’
étaient
que des principes. Et ce fut ma seconde découverte : ce monde simplif
1292
compris que ce n’étaient que des principes. Et ce
fut
ma seconde découverte : ce monde simplifié, si évident, si parfaiteme
1293
t comme l’achèvement idéal et nécessaire — et qui
était
le seul pour lequel on nous préparait —, c’était un système d’abstrac
1294
isé des esprits moyens, prosaïques et rassis3 qui
tiennent
aujourd’hui les charges de l’État, piliers d’un régime dont ils sont
1295
s charges de l’État, piliers d’un régime dont ils
sont
les seuls à s’accommoder parce qu’ils l’ont établi à la mesure exacte
1296
-être matériel. Nous savions qu’un fils d’ouvrier
est
l’égal d’un petit Dauphin — et même nous ne pouvions nous empêcher de
1297
ions nous empêcher de croire que le petit ouvrier
est
bien plus malin. Nous savions un tas de choses douloureusement ennuye
1298
s un tas de choses douloureusement ennuyeuses qui
sont
dans les livres — et nulle part ailleurs. Maigre nourriture pour nos
1299
ient changé ! On s’entendait d’autant mieux qu’on
était
devenus plus différents. Car ces différences sont les premières marqu
1300
tait devenus plus différents. Car ces différences
sont
les premières marques de la vie vécue et l’on aime à y découvrir la s
1301
eux-là n’avaient pas bougé. Et pour cause : ils n’
étaient
jamais sortis de l’école. Rien ne ressemble plus à un bon élève qu’un
1302
a pas de solution de continuité, la différence n’
étant
qu’une question d’âge, non d’expérience vécue. Ce que je vais dire es
1303
’âge, non d’expérience vécue. Ce que je vais dire
est
sans doute injuste et faux dans un très grand nombre de cas, mais pou
1304
e de le dire ? L’instituteur sous l’uniforme peut
être
défini par son incompréhension méthodique des hommes et son mépris po
1305
des hommes et son mépris pour les paysans. Qu’il
soit
officier ou troupier, on le reconnaît à une façon pédante d’être cons
1306
u troupier, on le reconnaît à une façon pédante d’
être
consciencieux, à une façon blessante d’être supérieur, à une façon li
1307
nte d’être consciencieux, à une façon blessante d’
être
supérieur, à une façon livresque d’expliquer les choses, à une façon
1308
er les choses, à une façon théorique de juger les
êtres
. Ces distributeurs automatiques (brevetés par le gouvernement) de la
1309
auraient souvent l’occasion de s’en douter s’ils
étaient
sensibles aux finesses de l’ironie paysanne. Mais je n’en dirai pas
1310
spect et trémolo d’un môssieu très instruit, vous
êtes
presque certain qu’il s’agit d’un de ces cuistres pédants qu’on aime
1311
ants qu’on aime rencontrer dans des farces où ils
sont
drôles, mais non point dans la vie courante où ils le sont beaucoup m
1312
es, mais non point dans la vie courante où ils le
sont
beaucoup moins. Le Messieu fait sans doute des vers sur la violette,
1313
ent que c’est là son affaire : Monsieur en un mot
est
M’sieu l’Instituteur. Signes particuliers : cheveux longs, regard pro
1314
ceur. Car le type populaire du poète romantique s’
est
dégradé en deux sous-types posthumes : l’artiste photographe et le ré
1315
ne à quoi peut mener l’enseignement donné par des
êtres
qui brouillent à ce point les méthodes. Simple remarque pendant que n
1316
les méthodes. Simple remarque pendant que nous en
sommes
aux instituteurs : ils sortent tous de la même classe sociale, de la
1317
la même classe sociale, de la petite bourgeoisie.
Est
-ce que l’esprit petit-bourgeois qui imprègne l’enseignement primaire
1318
de Numa Droz attirait les mouches ? (Le verre en
était
toujours jaune.) Je n’ai ni le droit ni l’envie de dire du mal des pe
1319
l’envie de dire du mal des petits bourgeois. Ils
sont
au moins aussi sympathiques que n’importe quelle autre classe de la s
1320
t et tel qu’il se manifeste dans l’école primaire
est
un véritable virus de mesquinerie, et devrait être soigné au même tit
1321
est un véritable virus de mesquinerie, et devrait
être
soigné au même titre que certaines autres maladies dites « sociales »
1322
es personnes, le décor. La laideur des collèges n’
est
pas accidentelle. C’est celle même du régime. l’architecture de nos «
1323
un grand progrès sur la Nature. Quelle peut bien
être
la vertu éducatrice d’un tel milieu, moral et matériel ? L’école publ
1324
riel ? L’école publique, telle que nous la voyons
est
semblable à tous ces monuments « de la mauvaise époque » qui sont dan
1325
tous ces monuments « de la mauvaise époque » qui
sont
dans nos villes l’apport du xixe siècle. Ils ne parviennent ni à la
1326
parviennent ni à la beauté ni à l’utilité, et ils
sont
déjà démodés. On dit que le style 1880 n’en est pas un : mais l’absen
1327
sont déjà démodés. On dit que le style 1880 n’en
est
pas un : mais l’absence de style est encore un style ; c’est même le
1328
le 1880 n’en est pas un : mais l’absence de style
est
encore un style ; c’est même le pire.
1329
ne me contestera pas ces raisons puisqu’elles me
sont
absolument personnelles et qu’elles ont la valeur d’un témoignage, ni
1330
la valeur d’un témoignage, ni plus ni moins — il
est
temps que je fasse passer un petit examen aux principes de cette inst
1331
mpris ». Aux yeux de beaucoup de gens, la passion
est
aveuglante : cela tient pour une bonne part à ce que ces personnes on
1332
eaucoup de gens, la passion est aveuglante : cela
tient
pour une bonne part à ce que ces personnes ont les yeux faibles. Il s
1333
t à ce que ces personnes ont les yeux faibles. Il
serait
plus juste de dire que la passion n’a qu’une clairvoyance intéressée
1334
a qu’une clairvoyance intéressée : mais celles-là
sont
les plus vives. Enfin, je tiens à reconnaître qu’ici je ne cherche po
1335
e : mais celles-là sont les plus vives. Enfin, je
tiens
à reconnaître qu’ici je ne cherche point l’équité. Pas plus que vous
1336
. L’esprit d’équité, avec son préjugé pacifiste n’
est
pas toujours l’esprit de vérité, il s’en faut. Or je ne suis pas de c
1337
ujours l’esprit de vérité, il s’en faut. Or je ne
suis
pas de ceux qui subordonnent la vérité à la tranquillité bourgeoise.
1338
onnent la vérité à la tranquillité bourgeoise. Je
tiens
le « gain de paix » pour illusoire : il consiste à repousser la diffi
1339
uante ans de radicalisme sur les bras. L’écheveau
est
tellement embrouillé que déjà plusieurs proposent de trancher le nœud
1340
heures par semaine, au jugé. On s’arrange à faire
tenir
dans cette classification le plus possible de « connaissances » qui d
1341
es. La somme et l’arrangement des parties doivent
être
identiques pour tous les écoliers. Ce plan régit les huit années régl
1342
rectangulaires, bien proprement.) Évidemment, il
est
préférable de savoir aussi les noms des sciences élémentaires. Mais i
1343
ssi les noms des sciences élémentaires. Mais il n’
est
en aucune façon nécessaire de connaître la psychologie des enfants, n
1344
sciences dont on écrit les noms dans les casiers.
Est
-ce que l’étude du trapézoïde est particulièrement indiquée pour prépa
1345
ans les casiers. Est-ce que l’étude du trapézoïde
est
particulièrement indiquée pour préparer les élèves à une composition
1346
comprenons pas la plaisanterie et que notre temps
est
précieux. D’ailleurs, les enfants ne se plaignent pas, de quoi vous p
1347
ye, et ils n’en meurent pas. Les examens Ce
sont
en principe des « contrôles » comparables à ceux que l’on établit lor
1348
urveiller. Mais en matière de sport, la tricherie
est
difficile, tandis qu’à l’école elle est de règle. Car la qualité et l
1349
tricherie est difficile, tandis qu’à l’école elle
est
de règle. Car la qualité et la quantité des réponses « fournies » par
1350
nt je disais tout à l’heure que la connaissance n’
est
pas exigée de ceux qui établissent les programmes et les examens. « L
1351
divers maîtres primaires et secondaires. Ils n’en
sont
pas moins devenus le but même de l’instruction ; la fin qui justifie
1352
aisanteries de gros calibre, car à la vérité ce n’
est
pas d’enseigner qu’il s’agit, mais de soumettre les esprits au contrô
1353
nnaissances De l’existence des programmes, qui
est
un fait, et de l’existence de la Démocratie, qui est une prétention (
1354
un fait, et de l’existence de la Démocratie, qui
est
une prétention (réservons le mot d’idéal), découle cette exigence thé
1355
éorique : tous les enfants doivent à tout instant
être
en mesure 1° d’ingurgiter la même quantité de « matière » ; 2° d’en r
1356
mps. Contentons-nous de remarquer que ce principe
est
à la base du système ; qui repose donc sur une tranquille méconnaissa
1357
âchent tout rouge quand on leur dit que la Suisse
est
caractérisée, aux yeux de l’étranger impartial, par sa culture intens
1358
e plus parfait s’appelle le manuel. Un bon manuel
est
un résumé clair et portatif des résultats actuels d’une science. Le b
1359
dent à aucune réalité. Ils ne renferment rien qui
soit
de première main, rien qui soit authentique. Ils négligent toutes les
1360
nferment rien qui soit de première main, rien qui
soit
authentique. Ils négligent toutes les particularités, toutes les « pr
1361
’il faut pour assimiler ce qu’ils apprennent. Ils
sont
forcés de gâcher leur travail. Or ce travail n’a qu’une valeur éducat
1362
ce travail n’a qu’une valeur éducatrice : s’il n’
est
pas modèle, il est absurde. Mais où sont à l’école les modèles de ce
1363
une valeur éducatrice : s’il n’est pas modèle, il
est
absurde. Mais où sont à l’école les modèles de ce qu’on nommait autre
1364
: s’il n’est pas modèle, il est absurde. Mais où
sont
à l’école les modèles de ce qu’on nommait autrefois la belle ouvrage
1365
conception pénitentiaire de l’école. Mais, s’il
est
des disciplines qui renforcent, il en est d’autres qui amoindrissent.
1366
s, s’il est des disciplines qui renforcent, il en
est
d’autres qui amoindrissent. La discipline scolaire consiste à faire t
1367
drissent. La discipline scolaire consiste à faire
tenir
les enfants immobiles et muets 6 heures par jour durant 8 ans. Il par
1368
de ce qu’on attend de ce travail. Je doute qu’il
soit
de nature à légitimer l’énormité de l’effort qu’on demande à ces peti
1369
ue la discipline perd tout son sens éducatif et n’
est
plus qu’une entrave énervante, un système de vexations mesquines, pro
1370
ue Tous les pontifes de l’instruction publique
sont
d’accord sur ce point : l’école primaire doit être une école de Démoc
1371
ont d’accord sur ce point : l’école primaire doit
être
une école de Démocratie. Ils insistent sur le fait que les leçons d’i
1372
sur le fait que les leçons d’instruction civique
sont
insuffisantes pour former le petit citoyen : il faut que l’enseigneme
1373
citoyen : il faut que l’enseignement tout entier
soit
occasion de développer les vertus sociales de l’élève. « Une classe e
1374
pper les vertus sociales de l’élève. « Une classe
est
une société en miniature. » Ceci est une énorme bourde. Juxtaposez tr
1375
« Une classe est une société en miniature. » Ceci
est
une énorme bourde. Juxtaposez trente enfants sur les bancs d’une sall
1376
e, vous n’aurez rien qui ressemble en quoi que ce
soit
à aucun état social existant. Ce qui est vrai, c’est que le fait, abs
1377
que ce soit à aucun état social existant. Ce qui
est
vrai, c’est que le fait, absolument nouveau dans l’Histoire, que l’on
1378
La culture de l’esprit démocratique telle qu’elle
est
comprise par les instituteurs — et elle ne peut être comprise autreme
1379
t comprise par les instituteurs — et elle ne peut
être
comprise autrement — est essentiellement négative. Elle consiste à pe
1380
teurs — et elle ne peut être comprise autrement —
est
essentiellement négative. Elle consiste à persécuter ceux qui, en que
1381
à persécuter ceux qui, en quelque manière que ce
soit
, voudraient « se distinguer ». (Le mépris que notre peuple met dans c
1382
y a pas d’égalité réelle possible tant que la loi
est
la même pour tous. Je ne parle pas des manuels d’histoire, dont il es
1383
. Je ne parle pas des manuels d’histoire, dont il
est
aujourd’hui démontré qu’ils donnent une image mensongère de l’ancienn
1384
’usage du peuple souverain qui ne manque pas d’en
être
flatté. Et puis, quelle est cette préparation à la vie qui commence p
1385
i ne manque pas d’en être flatté. Et puis, quelle
est
cette préparation à la vie qui commence par nous soustraire à l’influ
1386
nous soustraire à l’influence de la vie ? Quelle
est
cette éducation sociale qui enlève l’enfant à la famille ?5 Quel est
1387
sociale qui enlève l’enfant à la famille ?5 Quel
est
cet instrument de perfectionnement civique qui assure l’écrasement de
1388
on élève Le bon sens voudrait que le bon élève
soit
celui qui sait utiliser pour son profit humain la petite somme de con
1389
, ni plus ni moins.) Ou encore : que le bon élève
soit
celui qui supporte le mieux le traitement scolaire ; celui dont la va
1390
ées par l’école publique. Mais l’idéal de l’école
est
autre ; il est même tout contraire. On ne peut pas exiger qu’il soit
1391
publique. Mais l’idéal de l’école est autre ; il
est
même tout contraire. On ne peut pas exiger qu’il soit tout de nobless
1392
même tout contraire. On ne peut pas exiger qu’il
soit
tout de noblesse, de vertu et de grandeur. Mais on peut s’étonner de
1393
grandeur. Mais on peut s’étonner de voir qu’il n’
est
que ridicule et mesquinerie. Il y a là une préméditation de médiocrit
1394
puis m’empêcher de trouver suspecte. Le bon élève
est
celui qui a de bons points. Or les bons points vont aux parfaits imit
1395
, c’est comme des petits morceaux de vouate. » Il
est
évident que Sylvie est supérieure à Victoria dans la mesure où l’inve
1396
s morceaux de vouate. » Il est évident que Sylvie
est
supérieure à Victoria dans la mesure où l’invention est supérieure à
1397
périeure à Victoria dans la mesure où l’invention
est
supérieure à l’imitation. Mais Victoria montre une âme docile, un ras
1398
de ceux qui voient avec leurs yeux. Le bon élève
est
aussi l’élève discipliné. L’école veut que partout la valeur cède le
1399
mbéciles ou d’impuissants, qui d’ailleurs ne peut
être
qu’à l’avantage des gens en place, vieille histoire. On m’objectera s
1400
un grand nombre de régents, ne laissent pas que d’
être
assez spéciales. Il arrive en effet que nos petits futurs grrrands ci
1401
bons élèves de diverses classes d’un collège ont
été
frappés de constater que la force et l’originalité de leur jugement s
1402
er que la force et l’originalité de leur jugement
sont
en raison inverse du nombre d’années d’instruction publique qu’ils on
1403
u’accidentellement avec ceux du bon sens. Je m’en
tiendrai
là, renonçant pour cette fois à démontrer, ce qui serait facile, qu’i
1404
là, renonçant pour cette fois à démontrer, ce qui
serait
facile, qu’ils constituent une inversion méthodique de toutes les loi
1405
de d’abâtardissement de la race. D’autre part, il
est
aisé de voir que tous ces principes dérivent nécessairement du fait q
1406
cipes dérivent nécessairement du fait que l’école
est
publique, obligatoire, et soumise au contrôle de l’État. Alors ? Ou
1407
vous combattez l’instruction publique — mais vous
êtes
, de ce fait, contre le régime. Il y a là, dirait M. Prudhomme, un bie
1408
M. Prudhomme, un bien grave dilemme. 4. Ce ne
sont
pas seulement les meilleurs qui sont sacrifiés. Voici ce que M. E. Du
1409
4. Ce ne sont pas seulement les meilleurs qui
sont
sacrifiés. Voici ce que M. E. Duvillard dit des enfants peu doués pou
1410
le de demain, Genève, Kündig, 1918, p. 12. 5. Il
est
peut-être avantageux dans certains cas de soustraire l’enfant à l’inf
1411
re ? 6. Justice démocratique, égalité, légalité,
sont
les meilleures armes de la bassesse contre toute valeur réelle, absol
1412
L’illusion réformiste Bien entendu, tout cela a
été
dit. (Un peu autrement, j’en conviens.) On n’a pas attendu ma colère
1413
ique. Les réformes qu’ils ont proposées jusqu’ici
sont
en général judicieuses, dictées par le bon sens7 et retouchées par le
1414
toute science. On a constaté que l’école actuelle
est
fondée sur une remarquable ignorance de la psychologie infantile. Où
1415
oms des rues et places de leur ville, comme s’ils
étaient
tous destinés à la profession de chauffeurs de taxi. Si cette concept
1416
taxi. Si cette conception du pratique prévaut, il
est
à craindre que l’école nouvelle n’apporte bientôt sa méthode rationne
1417
s déponents ; désormais l’étude des verbes actifs
sera
aussi active, un élève se mettra à marcher dans le couloir en s’écria
1418
ue juste la spontanéité nécessaire pour que ça ne
soit
pas une lourde farce. Ces exagérations ne sont pas bien graves, parce
1419
ne soit pas une lourde farce. Ces exagérations ne
sont
pas bien graves, parce qu’elles sont comiques précisément. Je ferai à
1420
gérations ne sont pas bien graves, parce qu’elles
sont
comiques précisément. Je ferai à l’école nouvelle un reproche d’une a
1421
ar eux-mêmes ce qu’ils doivent apprendre. Mais qu’
est
-ce qu’une liberté méthodiquement organisée ? En réalité, cet amusemen
1422
êmes de sa liberté. « Instruire en amusant » peut
être
la formule d’une tromperie subtile et plus grave que la brutalité pri
1423
ts… Je reconnais que les buts de l’école nouvelle
sont
honnêtement scientifiques, et désintéressés. Mais l’enfant-cobaye vau
1424
us ces mouvements des possibilités lointaines qui
sont
pour me plaire ; un grignotement du système officiel qui pourrait bie
1425
e songe au maître antique, dont toute la personne
était
un enseignement, et qui n’avait pas des élèves, mais des disciples. C
1426
uent des programmes, et dont les classes joyeuses
sont
de vraies foires : ils ont toute mon amitié. Cela me permet de leur f
1427
ents et organisés. Je crains que ce malentendu ne
soit
décidément trop gros pour échapper plus longtemps à MM. les Inspecteu
1428
progresse qu’à la faveur de malentendus (si tant
est
qu’il progresse). L’école nouvelle n’échappe à l’absurdité primaire q
1429
as. Mais du point de vue de la vérité, force nous
est
de reconnaître que notre dilemme subsiste dans son intégrité et son u
1430
rité et son urgence. 7. Ou des appareils qui en
tiennent
lieu. 8. Voir à l’appendice le sens que je donne à ce mot.
1431
rpétue ; de quel droit il nous écrase. La réponse
est
simple, terriblement simple : du droit de la Démocratie. L’instructio
1432
mocratie. L’instruction publique et la Démocratie
sont
sœurs siamoises. Elles sont nées en même temps. Elles ont cru et embe
1433
ique et la Démocratie sont sœurs siamoises. Elles
sont
nées en même temps. Elles ont cru et embelli d’un même mouvement. Mor
1434
ntends qu’on ne me conteste pas cette thèse. Elle
est
glorifiée dans tous les banquets officiels par des orateurs émus et i
1435
correspondre à des faits patents et simples ; il
serait
vraiment dommage de priver ces Messieurs d’une aubaine pour eux si ra
1436
est que la Démocratie sans l’instruction publique
est
pratiquement irréalisable. Ici, je demanderai poliment au lecteur de
1437
it pas le temps de se rendre compte que tout cela
est
absurde. Pour qu’on n’ait pas le temps d’écouter la nature qui répète
1438
fois, une seule fois, sait bien que tout le reste
est
absurde. Et voilà pour les sœurs siamoises. Continuons. La démocratie
1439
ocratie doit à l’École de vivre encore. Mais ce n’
est
de la part de notre Institutrice qu’un rendu. Car dans ce monde-là «
1440
autant10. Je dis simplement ceci : leur œuvre n’a
été
possible que parce qu’elle était liée aux intérêts de la démocratie.
1441
i : leur œuvre n’a été possible que parce qu’elle
était
liée aux intérêts de la démocratie. Car il faut bien se représenter q
1442
cratie. Car il faut bien se représenter qu’elle n’
était
encore au xviiie siècle qu’une utopie de partisans. Il ne serait guè
1443
xviiie siècle qu’une utopie de partisans. Il ne
serait
guère plus fou de proposer aujourd’hui qu’on répande universellement
1444
atoirement l’art du saxophone ou de la balalaïka.
Soyez
certains qu’il ne manque à cette plaisanterie, pour prendre corps, qu
1445
re instrument de progrès par excellence. Car il n’
est
qu’une explication vraisemblable de cette incurie : l’école, sous sa
1446
it suffisamment son rôle politique et social, qui
est
de fabriquer des électeurs (si possible radicaux, en tout cas démocra
1447
il torve. Durant l’opération, tous les crânes ont
été
décervelés et dotés d’une petite mécanique à quatre sous qui suffit à
1448
taux qui peuvent apparaître chez les enfants ? Ce
serait
de l’art pour l’art. On ne peut pas en demander tant aux gouvernement
1449
vernements. La réforme scolaire, politiquement, n’
est
pas rentable. Il est clair que si le but principal de l’instruction p
1450
e scolaire, politiquement, n’est pas rentable. Il
est
clair que si le but principal de l’instruction publique était d’éduqu
1451
que si le but principal de l’instruction publique
était
d’éduquer le peuple d’une façon désintéressée, les gouvernements sera
1452
uple d’une façon désintéressée, les gouvernements
seraient
un peu plus fous qu’on n’ose les imaginer de ne pas entreprendre sur
1453
les gouvernements savent ce qu’ils font. Tout se
tient
, comme vous dites, sans doute pour m’ôter l’envie de bousculer quoi q
1454
oute pour m’ôter l’envie de bousculer quoi que ce
soit
. J’aime les tremblements de terre, vous tombez mal. J’appartiens à ce
1455
. Et quand vous les démoliriez tous, ma rage n’en
serait
pas moins légitime. Je lui donne raison par définition. Après tout, p
1456
gies politiques, et peu m’importerait que l’École
soit
une machine à fabriquer de la démocratie — si je ne sentais menacées
1457
ns cette aventure des valeurs d’âme auxquelles je
tiens
plus qu’à tout. Ma haine de la démocratie est l’aboutissement de l’év
1458
e tiens plus qu’à tout. Ma haine de la démocratie
est
l’aboutissement de l’évolution dont je viens de décrire la marche néc
1459
ourgeois. Essayer de venir me dire ça chez moi, n’
est
-ce pas, mes agneaux. C’est justement dans la mesure où je participais
1460
our amorcer le dégel de ces principes, et ce peut
être
le signal de la grande débâcle printanière. Il n’y a de révolution vé
1461
ésente. 10. Voir note A à la fin du cahier. 11.
Est
-il besoin de déclarer formellement qu’une telle attitude n’est en auc
1462
de déclarer formellement qu’une telle attitude n’
est
en aucune façon tributaire de l’idéologie réactionnaire à la mode. Ma
1463
, le procureur prit un ton plus grave.) L’école s’
est
vendue à des intérêts politiques. C’était là, nous venons de le voir,
1464
s promet de tous côtés de belles catastrophes. Je
suis
de ceux qui s’en réjouissent mauvaisement. (« C’est bien fait. C’étai
1465
étend ouvertement nous éduquer. D’ailleurs elle y
est
obligée dans la mesure où elle réalise son ambition : soustraire les
1466
ais schématiques. Or l’École radicale ne peut pas
être
idéaliste : car elle deviendrait un danger pour le désordre établi. L
1467
it un danger pour le désordre établi. L’idéalisme
est
forcément révolutionnaire dans un monde organisé pour la production.
1468
ion. Ceci fait, constatez avec moi que la famille
était
encore un milieu naturel, donc normatif. Le collège au contraire est
1469
u naturel, donc normatif. Le collège au contraire
est
un milieu antinaturel, et les normes sociales qu’on prétend y substit
1470
qu’on prétend y substituer à celles de la famille
sont
falsifiées. Non seulement l’École ne constitue pas le pôle idéaliste
1471
e époque ! On parle sans cesse de ses besoins. Il
est
vrai qu’elle est anormalement insatiable… Je crois qu’elle a surtout
1472
le sans cesse de ses besoins. Il est vrai qu’elle
est
anormalement insatiable… Je crois qu’elle a surtout besoin d’une purg
1473
je répondrai que dans la mesure où cette exigence
est
satisfaite naît un nouveau besoin qui est précisément d’échapper à ce
1474
xigence est satisfaite naît un nouveau besoin qui
est
précisément d’échapper à cette organisation. Or il semble bien que no
1475
cette organisation. Or il semble bien que nous en
soyons
-là, s’il faut en croire les signes de révolte qui apparaissent de tou
1476
s d’une renaissance de l’esprit dont elle devrait
être
la mère. Elle favorise le culte exclusif de l’utile, l’incompréhensio
1477
e consciencieuses poires, des esclaves du mot. Il
est
clair, par exemple, que seules les victimes de l’instruction helvétiq
1478
e seules les victimes de l’instruction helvétique
sont
capables d’absorber sans fou rire les discours de tirs fédéraux. On a
1479
se résigner à l’état de citoyen bagnard auquel il
est
promis. Mais elle tue tout ce qui lui donnerait l’envie de se libérer
1480
le procès de la bêtise humaine qu’en tant qu’elle
est
cultivée par l’État), l’École, après avoir entraîné l’âme moderne dan
1481
et d’ailleurs vous aimez les idées généreuses, n’
est
-ce pas ? J’en étais sûr. Cependant j’ai peur que mon progrès ne soit
1482
s aimez les idées généreuses, n’est-ce pas ? J’en
étais
sûr. Cependant j’ai peur que mon progrès ne soit pas le vôtre, et mêm
1483
étais sûr. Cependant j’ai peur que mon progrès ne
soit
pas le vôtre, et même que sa nature ne l’entraîne dans une direction
1484
érez le sur-place. Ainsi l’instruction publique s’
est
arrêtée aux environs de 1880 et depuis lors n’a guère bougé. Le moteu
1485
blic s’aperçoit que « l’instrument de progrès » n’
est
qu’un camouflage à l’abri duquel on distille du radicalisme intégral.
1486
observer que beaucoup des servants de la machine
sont
socialistes : voilà qui ne change pas le rendement, j’imagine, ni la
1487
: avoir obtenu un conformisme de la curiosité. Il
est
vrai qu’il ne fallait pas moins pour assurer la sécurité d’un régime
1488
auteuils ; car un peuple d’électeurs fantaisistes
serait
parfois tenté de retirer brusquement ces sièges, farce connue et qui
1489
celle-ci : je prétends que l’instruction publique
est
une puissance conservatrice. — Pas moins ! Elle est destinée à légiti
1490
t une puissance conservatrice. — Pas moins ! Elle
est
destinée à légitimer par la force de l’inertie et à perpétuer mécaniq
1491
’inertie et à perpétuer mécaniquement tout ce qui
est
depuis Numa Droz. Conservatrice, et non pas réactionnaire, non, même
1492
gent, stimulent, vivifient. L’École se contente d’
être
figée. Est-ce un frein ? Même pas. C’est plutôt une vase où s’enlise
1493
ent, vivifient. L’École se contente d’être figée.
Est
-ce un frein ? Même pas. C’est plutôt une vase où s’enlise notre civil
1494
rver des siècles encore… Or si je dis que l’École
est
contre le progrès, c’est que le progrès consiste à dépasser la Démocr
1495
int de le dire, avec ce sens exquis du cliché qui
est
un hommage à vos maîtres respectés. La Démocratie, par le moyen de l’
1496
e opération deux temps : d’abord critiquer ce qui
est
— par la comparaison avec ce qui fut, ou ce qui devrait être ; ensuit
1497
iquer ce qui est — par la comparaison avec ce qui
fut
, ou ce qui devrait être ; ensuite, préparer le terrain pour les jeux
1498
la comparaison avec ce qui fut, ou ce qui devrait
être
; ensuite, préparer le terrain pour les jeux nouveaux que l’humanité
1499
social correspond à un recul humain. Par exemple,
est
-ce un progrès que d’avoir remplacé les hiérarchies de tradition, avec
1500
t de grandeur que ce mot comporte — quelles qu’en
soient
d’ailleurs les réalisations —, par des hiérarchies rond-de-cuiresques
1501
des hiérarchies rond-de-cuiresques dont l’origine
est
un pis-aller, dont la méthode est le tirage au flanc lucratif, dont l
1502
dont l’origine est un pis-aller, dont la méthode
est
le tirage au flanc lucratif, dont l’esprit est la jalousie rancie arm
1503
de est le tirage au flanc lucratif, dont l’esprit
est
la jalousie rancie armée de pédantisme, et je ne parle pas du décor,
1504
critique du fonctionnarisme, vous alliez le dire,
est
un ramassis de lieux communs. Mais il s’en faut, hélas, de beaucoup q
1505
électeurs les considèrent comme tels. Et je ne me
tiendrai
pas pour battu quand on m’aura fait remarquer que la plupart des inte
1506
a fait remarquer que la plupart des intellectuels
sont
convertis depuis longtemps à ces idées antidémocratiques : il est tem
1507
puis longtemps à ces idées antidémocratiques : il
est
temps qu’elles débordent ce cercle étroit et distingué. Il y a de gra
1508
onse que je lui réserve ? L’instruction publique
est
la forme la plus commune de la peste rationaliste qui sévit dans le m
1509
alistes. En vérité, démocratie et rationalisme ne
sont
que deux aspects, l’un politique, l’autre intellectuel, d’une même me
1510
’autre intellectuel, d’une même mentalité. Elle s’
est
développée au xviiie dans l’aristocratie qui n’y voyait qu’un jeu. D
1511
i n’y voyait qu’un jeu. Durant tout le xixe elle
est
descendue dans la bourgeoisie et dans le peuple ; elle y est devenue
1512
ue dans la bourgeoisie et dans le peuple ; elle y
est
devenue une tyrannie. Avant il y avait la Raison et les sentiments. M
1513
mière tâche constitue un programme si riche qu’il
est
superflu d’en formuler une seconde. Laissons ce soin, à des génératio
1514
gélienne ; on y retrouve facilement les triades :
être
—négation de l’être — nouvel être. Notre époque serait le deuxième te
1515
ouve facilement les triades : être —négation de l’
être
— nouvel être. Notre époque serait le deuxième temps d’une de ces tri
1516
t les triades : être —négation de l’être — nouvel
être
. Notre époque serait le deuxième temps d’une de ces triades. Son rati
1517
e —négation de l’être — nouvel être. Notre époque
serait
le deuxième temps d’une de ces triades. Son rationalisme nie l’être s
1518
emps d’une de ces triades. Son rationalisme nie l’
être
sous toutes ses formes, traduit tout en relations et veut rendre tout
1519
existences particulières, ou bien c’est qu’elles
sont
déjà mortes. Mais le temps vient où elles renaîtront à une vie nouvel
1520
périeur d’inconscience, si je puis dire. Alors ce
sera
au tour de l’instinct d’intégrer la raison. Je crois que nous approch
1521
çonnaient-ils que la république qu’ils appelaient
serait
livrée cent ans plus tard à peine à la folie démocratique, à cette da
1522
déjà secrètement, que ce mépris et ce scepticisme
sont
d’un ridicule écrasant, sous lequel vous ne tarderez pas à périr. 1
1523
s rassurer quant à ma santé mentale.) La question
est
de savoir si nous serons des hommes de chair et d’esprit, ou des pant
1524
santé mentale.) La question est de savoir si nous
serons
des hommes de chair et d’esprit, ou des pantins articulés. (Qui tiend
1525
chair et d’esprit, ou des pantins articulés. (Qui
tiendra
les ficelles, peu importe.) Les économistes (mot stupide) et les phil
1526
s s’accordent sur un point : le salut de l’Europe
est
lié à la naissance d’une nouvelle attitude de l’âme. Ceci revient à d
1527
tue ce manque d’imagination dont les conséquences
seront
matériellement catastrophiques pour peu que cela continue. Qu’on ne s
1528
. Qu’on ne s’y trompe pas : le sens technique qui
tient
lieu d’imagination à l’homme moderne n’est pas créateur d’êtres spiri
1529
qui tient lieu d’imagination à l’homme moderne n’
est
pas créateur d’êtres spirituellement vivants, ni d’aucune grandeur su
1530
magination à l’homme moderne n’est pas créateur d’
êtres
spirituellement vivants, ni d’aucune grandeur supérieure à la somme d
1531
publique. Cela promet des grabuges inouïs. Il ne
tient
peut-être qu’à une forte équipe d’idéalistes pratiques d’en faire sor
1532
ants de l’ordre spirituel retrouvent le courage d’
être
, malgré les mots14, des anarchistes et des utopistes. J’appelle anarc
1533
des utopistes. J’appelle anarchiste, tout ce qui
est
violemment et intégralement humain. L’anarchie est un degré d’intensi
1534
st violemment et intégralement humain. L’anarchie
est
un degré d’intensité dans la vie, non pas un parti. Tout extrémiste,
1535
extrémiste, de droite comme de gauche, se trouve
être
dans une certaine mesure un anarchiste s’il défend son opinion de tou
1536
un anarchiste embrigadé. L’anarchiste que j’aime
est
simplement un homme libre qui a une foi (ou un amour) et qui s’y cons
1537
l’inventeur. Les sots vont répétant que c’est un
être
qui ignore le réel. C’est justement parce qu’il le connaît mieux qu’e
1538
ignifie pas s’y soumettre sans combat. L’utopiste
est
celui qui ne se résigne à aucun état de choses. Il est pour le « mieu
1539
elui qui ne se résigne à aucun état de choses. Il
est
pour le « mieux » contre le « bien ». Sans lui l’humanité s’avachirai
1540
s lui l’humanité s’avachirait totalement. Mais il
est
dans l’ordre qu’elle beugle longuement tout en le suivant. Que faire,
1541
ple, je vous demande une fois pour toutes si vous
tenez
, oui ou non, M. W. Rosier, auteur de manuels d’histoire et de géograp
1542
us, pour l’esprit le plus dangereusement plat qui
soit
. (Il est plus que plat : il est creux.) Si beaucoup de personnes répo
1543
’esprit le plus dangereusement plat qui soit. (Il
est
plus que plat : il est creux.) Si beaucoup de personnes répondent oui
1544
usement plat qui soit. (Il est plus que plat : il
est
creux.) Si beaucoup de personnes répondent oui, cela finira par créer
1545
t là l’occasion de racheter bien des choses. Ce n’
est
rien de moins qu’une rédemption du journalisme, ce que je propose-là.
1546
er. Il s’agit de lui faire comprendre que l’école
est
le plus gros obstacle à sa culture. Et c’est cela, préparer le terrai
1547
e terrain. D’autre part, il faut partir de ce qui
est
. Mais comment retourner contre l’ennemi ses propres batteries ? Autre
1548
d’une concentration, dans quelque domaine que ce
soit
. Si l’Occident comprenait cette vérité élémentaire et en tirait des c
1549
rait des conclusions immédiates, non seulement il
serait
sauvé du désastre, mais il recouvrerait la domination du monde16 et n
1550
piration. Il ne s’agit nullement de cela. Nous ne
sommes
pas aux Indes, je vous jure que je m’en doute. Mais l’Occidental auss
1551
des sources d’énergie nouvelle. Le parallèle peut
être
poussé dans les détails. Il s’agit bien d’un geste identique, exécuté
1552
que, exécuté dans deux plans différents. Le drill
est
un yoga corporel, le yoga est un drill de l’esprit. Je sais que ces d
1553
ifférents. Le drill est un yoga corporel, le yoga
est
un drill de l’esprit. Je sais que ces deux mots sont bien dangereux e
1554
t un drill de l’esprit. Je sais que ces deux mots
sont
bien dangereux et impopulaires. Tout comme ce qu’ils désignent d’aill
1555
regarder. De faire connaissance. Je ne sais s’il
est
très exagéré de dire que tout homme gagnerait à posséder une plus gra
1556
re les étouffer. Cependant, je ne crois pas qu’il
soit
bon que tous progressent de la même manière. Dans un système de cultu
1557
sants. De même, le bien supérieur de quelques-uns
est
plus utile à tous que le bien médiocre de beaucoup. La valeur vaut mi
1558
nce. Et c’est pourquoi l’aristocratie de l’esprit
est
nécessaire au bien public. Certains proposent en rougissant de leur h
1559
… Par la force des choses et de l’Esprit, l’homme
sera-t
-il sauvé de sa folie démocratique ? Areuse, 26 décembre 1928-10 ja
1560
e, 26 décembre 1928-10 janvier 1929. NOTE A On
est
toujours tenté d’attribuer à ses adversaires des intentions noires et
1561
noires et consciemment criminelles. Ce travers a
été
développé jusqu’au ridicule par la démocratie. Les journaux, les cerc
1562
re : « Mais Monsieur, M. Machin que vous attaquez
est
pourtant un très brave homme, il fait partie du conseil de la paroiss
1563
e du conseil de paroisse. Je préciserai donc : je
tiens
l’École pour criminelle. Mais je ne tiens pas tous les instituteurs p
1564
nc : je tiens l’École pour criminelle. Mais je ne
tiens
pas tous les instituteurs pour gibier de potence. Ils font beaucoup d
1565
er de potence. Ils font beaucoup de mal, mais ils
sont
les premières victimes du système qu’il propagent et qui les fait viv
1566
rend conscience de la nocivité de son action… Ils
sont
consciencieux, certes, mais sont-ils dans la même mesure conscients d
1567
son action… Ils sont consciencieux, certes, mais
sont
-ils dans la même mesure conscients des fins qu’on assigne à leur acti
1568
que a une foi et la conscience de cette foi, il n’
est
d’enseignement véritable que religieux. Mais les questions confession
1569
ez de la grande vulgarité de mes attaques. Ce qui
est
vulgaire, au plein sens du mot, c’est le genre distingué de la bourge
1570
s. 16. On promet des confitures à l’enfant, s’il
est
sage. Moi je m’en moque. Je n’aime que la liberté.
1571
, décrit la stupidité de l’enseignement tel qu’il
est
pratiqué dans nos collèges. Mon dessein est assez différent, moins ph
1572
qu’il est pratiqué dans nos collèges. Mon dessein
est
assez différent, moins philosophique et point du tout technique. J’ap
1573
s un régime radical à sécrétion socialiste, qui a
été
établi par coup de force, que les libéraux ont admis, conformément à
1574
areils souvenirs légitiment toutes les haines. Je
serai
méchant, parce que j’en ai gros sur le cœur. D’ailleurs, ce petit écr
1575
ne peut servir à rien. — Alors ? — Justement. Il
est
un reproche auquel je compte ne pas échapper : celui de naïveté. Défi
1576
nds pas même parler au nom de ma génération, ne m’
étant
pas livré à l’enquête préalable qui seule eût pu, à la rigueur, me do
1577
Pourtant je sais qu’à droite comme à gauche, ils
sont
plus nombreux qu’on ne le pense, ceux qui refusent d’être complices d
1578
s nombreux qu’on ne le pense, ceux qui refusent d’
être
complices dans cet attentat à l’intégrité humaine qu’est en fait l’es
1579
plices dans cet attentat à l’intégrité humaine qu’
est
en fait l’esprit démocratique. Là-dessus, ces messieurs se lamentent,
1580
mour, où tout se confond miraculeusement, gémir n’
est
pas un argument. Je demande le droit de démolir. Et me l’accorde auss
1581
e l’accorde aussitôt. Sans conditions. Mon rôle n’
est
pas de proposer une nouvelle forme politique. Je me contente de vitup
1582
. Je me contente de vitupérer ce que je vois, qui
est
laid. Quand la soupe est brûlée, on la renvoie, même si l’on n’est pa
1583
érer ce que je vois, qui est laid. Quand la soupe
est
brûlée, on la renvoie, même si l’on n’est pas capable d’en faire soi-
1584
a soupe est brûlée, on la renvoie, même si l’on n’
est
pas capable d’en faire soi-même une meilleure. Mais j’aperçois là-bas
1585
lique, on crie sur tous les bancs : « Alors, vous
êtes
pour un retour à la barbarie ? » Si ce réflexe indique un mépris vrai
1586
attends à cent « réponses » de cette sorte. Et je
tiens
à les classer par avance en deux catégories dont je vais régler le co
1587
type : on ne peut pas aller contre l’époque, vous
êtes
un pauvre utopiste, etc. Ce sont les positivistes qui parlent ainsi,
1588
e l’époque, vous êtes un pauvre utopiste, etc. Ce
sont
les positivistes qui parlent ainsi, ceux qui croient aux faits. Je le
1589
qui rira le dernier. B. Réponses du type : vous
êtes
un rétrograde, un infâme réactionnaire, etc. Ce sont les partisans d’
1590
s un rétrograde, un infâme réactionnaire, etc. Ce
sont
les partisans d’une démocratie progressiste et tolérante qui se livre
1591
ant de laideurs et d’outrages au bon sens peuvent
être
légitimés par le but final de notre institution-tabou. 1. Je ne p
1592
s trop au sérieux pour faire ici du sentiment, je
suis
sensible au charme de cette fantaisie. Mais ce qui fait très bien dan
1593
plier le tapissier par le prix du mètre courant n’
est
pas une fantaisie pour ce petit être qui s’énerve, qui embrouille les
1594
tre courant n’est pas une fantaisie pour ce petit
être
qui s’énerve, qui embrouille les règles, qui a sommeil, qui a peur de
1595
mmêlent… Et c’est cela l’enfance insouciante ? Qu’
est
-ce qui ressemble plus au souci quotidien des grandes personnes ? Mais
1596
quotidien des grandes personnes ? Mais l’enfance
est
ailleurs. Je revois ce fond de jardin où l’on trouve des cloportes da
1597
guliers… L’École, dans ce concert de souvenirs, n’
est
qu’une dissonance douloureuse. 3 Deux angoisses dominent mon enfance
1598
ci qui renaît chaque jour, je pense que tout cela
tient
trop de place dans notre enfance. À 5 ans, j’avais appris à lire, en
1599
école, parce que c’est la loi. La première classe
fut
agréable : j’alignais des bâtons en rêvant à je ne sais quoi, j’étais
1600
lignais des bâtons en rêvant à je ne sais quoi, j’
étais
délicieusement seul parmi ces petits êtres en tabliers bleus qui alig
1601
uoi, j’étais délicieusement seul parmi ces petits
êtres
en tabliers bleus qui alignaient leurs bâtons en rêvant à leur manièr
1602
nd venait mon tour, je savais rarement où l’on en
était
. Cela m’attira des reproches acides, et naturellement, la phrase sacr
1603
se plus aucune velléité d’originalité. Mais pour
être
rentrée, ma colère n’en fut que plus malfaisante. L’école me rendit a
1604
ginalité. Mais pour être rentrée, ma colère n’en
fut
que plus malfaisante. L’école me rendit au monde, vers l’âge de 18 an
1605
type 2 et 2 font 4, ou : tous les hommes doivent
être
égaux en tout. Deux fois deux quatre, c’est stérile, mais ça ne fait
1606
un certain temps pour m’habituer à cette idée. Je
tenais
cette clef et n’osais m’en servir craignant peut-être des découvertes
1607
vris, c’est-à-dire que je me posais la question :
est
-ce vrai que tous les hommes doivent être égaux en tout ? Et la premiè
1608
uestion : est-ce vrai que tous les hommes doivent
être
égaux en tout ? Et la première réponse fut : Il faut que ce soit vrai
1609
ivent être égaux en tout ? Et la première réponse
fut
: Il faut que ce soit vrai, pour que la démocratie prospère et étende
1610
out ? Et la première réponse fut : Il faut que ce
soit
vrai, pour que la démocratie prospère et étende ses conquêtes. C’étai
1611
marque indélébile de l’éducation jésuite ». Nous
étions
marqués par Numa Droz, par l’esprit petit-bourgeois, qui est une géné
1612
par Numa Droz, par l’esprit petit-bourgeois, qui
est
une généralisation de l’avarice, et par les dogmes démocratiques, qui
1613
e l’avarice, et par les dogmes démocratiques, qui
sont
une généralisation de la règle de trois, aussi profondément certes qu
1614
rois, aussi profondément certes qu’un Voltaire le
fut
par les jésuites : du moins ceux-ci lui laissèrent-ils assez de verde
1615
é des décrets humains. Le prix de mes souffrances
était
donc ce conformisme indispensable aux « immortels principes ». Je n’a
1616
ettre en doute : mais un jour je compris que ce n’
étaient
que des principes. Et ce fut ma seconde découverte : ce monde simplif
1617
compris que ce n’étaient que des principes. Et ce
fut
ma seconde découverte : ce monde simplifié, si évident, si parfaiteme
1618
t comme l’achèvement idéal et nécessaire — et qui
était
le seul pour lequel on nous préparait — c’était un système d’abstract
1619
nisé des esprits moyens, prosaïques et rassis qui
tiennent
aujourd’hui les charges de l’État, piliers d’un régime dont ils sont
1620
s charges de l’État, piliers d’un régime dont ils
sont
les seuls à s’accommoder parce qu’ils l’ont établi à la mesure exacte
1621
-être matériel. Nous savions qu’un fils d’ouvrier
est
l’égal d’un petit Dauphin — et même nous ne pouvions nous empêcher de
1622
ions nous empêcher de croire que le petit ouvrier
est
bien plus malin. Nous savions un tas de choses douloureusement ennuye
1623
s un tas de choses douloureusement ennuyeuses qui
sont
dans les livres — et nulle part ailleurs. Nous arrivions dans la vie
1624
ient changé ! On s’entendait d’autant mieux qu’on
était
devenu plus différents. Car ces différences sont les premières marque
1625
était devenu plus différents. Car ces différences
sont
les premières marques de la vie vécue et l’on aime à y découvrir la s
1626
eux-là n’avaient pas bougé. Et pour cause : ils n’
étaient
jamais sortis de l’école. Rien ne ressemble plus à un bon élève qu’un
1627
a pas de solution de continuité, la différence n’
était
qu’une question d’âge, non d’expérience vécue. Ce que je vais dire es
1628
’âge, non d’expérience vécue. Ce que je vais dire
est
sans doute injuste et faux dans un très grand nombre de cas, mais pou
1629
e de le dire ? L’instituteur sous l’uniforme peut
être
défini par son incompréhension méthodique des hommes et son mépris po
1630
des hommes et son mépris pour les paysans. Qu’il
soit
officier ou troupier, on le reconnaît à une façon pédante d’être cons
1631
u troupier, on le reconnaît à une façon pédante d’
être
consciencieux, à une façon blessante d’être supérieur, à une façon li
1632
nte d’être consciencieux, à une façon blessante d’
être
supérieur, à une façon livresque d’expliquer les choses, à une façon
1633
er les choses, à une façon théorique de juger les
êtres
. Ces distributeurs automatiques (brevetés par le gouvernement) de la
1634
auraient souvent l’occasion de s’en douter s’ils
étaient
sensibles aux finesses de l’ironie paysanne. Mais je n’en dirai pas p
1635
ne à quoi peut mener l’enseignement donné par des
êtres
qui brouillent à ce point les méthodes. Simple remarque, pendant que
1636
es méthodes. Simple remarque, pendant que nous en
sommes
aux instituteurs : ils sortent tous de la même classe sociale, de la
1637
la même classe sociale, de la petite bourgeoisie.
Est
-ce que l’esprit petit-bourgeois qui imprègne l’enseignement primaire
1638
de Numa Droz attirait les mouches ? (Le verre en
était
toujours jaune.) Je n’ai ni le droit ni l’envie de dire du mal des pe
1639
l’envie de dire du mal des petits-bourgeois. Ils
sont
au moins aussi sympathiques que n’importe quelle autre classe de la s
1640
t et tel qu’il se manifeste dans l’école primaire
est
un véritable virus de mesquinerie, et devrait être soigné au même tit
1641
est un véritable virus de mesquinerie, et devrait
être
soigné au même titre que certaines autres maladies dites « sociales »
1642
ersonnes, le décor. La laideur des « collèges » n’
est
pas accidentelle. C’est celle même du régime. L’architecture de nos «
1643
un grand progrès sur la Nature. Quelle peut bien
être
la vertu éducatrice d’un tel milieu, moral et matériel ? L’école publ
1644
riel ? L’école publique, telle que nous la voyons
est
semblable à tous ces monuments « de la mauvaise époque » qui sont dan
1645
tous ces monuments « de la mauvaise époque » qui
sont
dans nos villes l’apport du xixe siècle. Ils ne parviennent ni à la
1646
parviennent ni à la beauté ni à l’utilité, et ils
sont
déjà démodés. On dit que le style 1880 n’en est pas un : mais l’absen
1647
sont déjà démodés. On dit que le style 1880 n’en
est
pas un : mais l’absence de style est encore un style : c’est même le
1648
le 1880 n’en est pas un : mais l’absence de style
est
encore un style : c’est même le pire.